De Thomas Le Drian à Thomas Devedjian en passant par Jean Sarkozy : enquête sur la nouvelle aristocratie politique française des “fils et filles de…” <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
De Thomas Le Drian à Thomas Devedjian en passant par Jean Sarkozy : enquête sur la nouvelle aristocratie politique française des “fils et filles de…”
©Reuters

Bonnes feuilles

Interminable est la liste de ces enfants de chanteurs, d’acteurs, ou d’animateurs télé, ou bien héritiers d’un empire économique qui occupent, à la suite de leurs parents, la une des médias. Cette enquête édifiante révèle que les dynasties ne se sont jamais aussi bien portées que dans la France d’aujourd’hui. Extrait de "Fils et filles de... Enquête sur la nouvelle aristocratie française", de Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion, publié aux éditions La Découverte (1/2).

Anne-Noémie Dorion

Anne-Noémie Dorion

Anne-Noémie Dorion est journaliste indépendante. Elle a travaillé à France-Soir puis au Figaro. Elle réalise des enquêtes et des reportages principalement pour le magazine Le Point dans les domaines des faits de société et de l’éducation.

Voir la bio »
Aurore Gorius

Aurore Gorius

Aurore Gorius est journaliste. Elle a publié avec Michaël Moreau, La CFDT, ou la volonté de signer (Hachette,littérature, 2006). Elle signe également les ouvrages suivants, aux éditions La Découverte : Les Gourous de la com' (2011) et Fils et Filles de... (2015)

Voir la bio »

En matière de népotisme, l’épisode de Jean Sarkozy et de l’Epad est le plus emblématique de ces dernières années. Il est pourtant loin d’être isolé. Les postes d’assistants parlementaires sont l’occasion de fournir stages, CDD d’été, voire emplois beaucoup plus longs à ses enfants. Chaque député dispose d’une enveloppe de 9 504 euros qui lui permet de rémunérer ses collaborateurs à l’Assemblée et en circonscription. En juillet 2014, le site d’information Mediapart a épluché la liste des colla- borateurs de députés, rendue publique pour la première fois par En matière de népotisme, l’épisode de Jean Sarkozy et de l’Epad est le plus emblématique de ces dernières années. Il est pourtant loin d’être isolé. Les postes d’assistants parlementaires sont l’occasion de fournir stages, CDD d’été, voire emplois beaucoup plus longs à ses enfants. Chaque député dispose d’une enveloppe de 9 504 euros qui lui permet de rémunérer ses collaborateurs à l’Assemblée et en circonscription. En juillet 2014, le site d’information Mediapart a épluché la liste des colla- borateurs de députés, rendue publique pour la première fois par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, grâce aux déclarations d’intérêts des élus. Résultat : l’Assemblée rémunérait vingt-huit fils et trente-deux filles de députés, ainsi que cinquante-deux épouses. Au moins 155 députés, sur 577, avaient un employé membre de leur famille, soit environ 20 % de l’Hémicycle. Huit d’entre eux rémunéraient même deux de leurs proches, comme Jacques Bompard, député apparenté FN, qui employait ses fils Guillaume et Yann, ou le député UMP François Scellier, qui avait également pris ses deux fils à ses côtés. Le socialiste Guy Geoffroy s’était entouré de sa femme et de son fils. Les députés UMP Claude Goasguen, Marc Le Fur et Patrice Martin-Lalande employaient leurs fils. Tandis que les députés UMP Lionnel Lucca, Patrick Ollier, Alain Marsaud, Jean-François Mancel ainsi que le socialiste Michel Françaix embauchaient leurs filles.

Sans réel statut, le job d’assistant parlementaire n’est pas des plus confortables. Le député décide lui-même du salaire qu’il attribue à ses collaborateurs. Si bien que certains touchent à peine plus que le SMIC, et d’autres jusqu’à 4 000 euros par mois. En revanche, certains « fils ou filles de » décrochent des postes enviables… Ainsi début 2014, Thomas Le Drian, fils du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, est nommé chargé de mis- sion auprès du président du directoire de la Société nationale immobilière (SNI), le plus grand bailleur social français, filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il avait été recruté à la CDC en 2012 par Jean-Pierre Jouyet, un grand ami de son père. À vingt-neuf ans à peine, un diplôme d’école de commerce moyenne en poche et après une courte expérience professionnelle au sein du cabinet KPMG, une nomination au comité exécutif de la SNI est une belle promotion. La CDC, bras armé de l’État dans le domaine financier, avait été le lieu d’une polémique similaire sous Nicolas Sarkozy. En 2009, Thomas Devedjian avait été bombardé au comité exécutif du Fonds stra- tégique d’investissement (FSI), créé dans le cadre du plan de relance et filiale de la CDC. Son père, Patrick Devedjian, était alors ministre chargé de la mise en œuvre de ce plan, autrement dit ministre de tutelle du FSI. Autre exemple, dans la culture,Salomé Peillon, fille de l’ancien ministre de l’Éducation natio- nale, Vincent Peillon, a obtenu un poste de chargée de mission culturelle à l’ambassade de France en Israël. Ou encore Elvire Percheron, fille du président socialiste de la région Nord-Pas-de- Calais, Daniel Percheron, est nommée au printemps 2015 au Louvre-Lens, administratrice adjointe en charge du développe- ment des publics et de la communication. Elle avait déjà pos- tulé au sein de l’établissement deux ans auparavant, mais la direction avait arrêté le processus de recrutement. Elle avait été nommée directrice générale adjointe dans la collectivité gérée par son père.

Extrait de "Fils et filles de... Enquête sur la nouvelle aristocratie française", de Aurore Gorius et Anne-Noémie Dorion, publié aux éditions La Découverte, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !