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Explosion de l'euro : les entreprises ont déjà commencé à préparer
le cataclysme
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Ils n’y pensent pas qu’en se rasant

Que se passera-t-il en cas d’éclatement de la zone euro ? Les grandes entreprises tentent de prévoir le scénario, afin de se préparer. Au pire ?

Deux journalistes du Financial Timesse sont entretenus avec "des douzaines de responsables de multinationales". Leur question était simple : "Envisagez-vous la fin de l’euro ?" Et les réponses, dans leur grande majorité, positives. Les dirigeants des grandes entreprises réfléchissent déjà aux conséquences d’une disparition de la monnaie unique, et tentent de l'anticiper.

Pourquoi faire de telles projections ? Les chefs d’entreprise observent depuis plusieurs semaines les dirigeants européens se battre pour tenter de maîtriser la crise des dettes souveraines ou évoquer la sortie de la Grèce de la zone euro (Lire notre article : "L'intransigeance allemande est bien plus dangereuse pour l'euro que la dette grecque !"). Dans ce contexte, ils sont nombreux à estimer qu’il est désormais nécessaire de se préparer contre une éventuelle disparition de la monnaie unique, désormais considérée comme "possible", mais pas encore "probable".

Toutefois, dans les milieux d’affaires, il semble que cette perspective soit de plus en plus envisagée : à la mi-novembre, Reuters montre que sur 250 économistes près de la moitié pense que l’euro telle qu’on la connaît ne survivra pas sous sa forme actuelle.

L’impact d’un tel scénario sur leurs activités serait important : "Si des pays sortent de l’euro, on risque des dévaluations qui vont augmenter de beaucoup le prix des importations", explique Andrew Morgan, président de Diageo Europe.

Et les chefs d’entreprise ne sont pas les seuls à envisager le scénario… A Londres, ce sont les autorités qui évoquent, en termes détournés, la question. Un responsable de l’Autorité des services financiers a par exemple affirmé que les banques britanniques doivent être prêtes à faire face à toutes les possibilités, même les pires.

Le Premier ministre David Cameron évoquait lui aussi le sujet il y a quelques jours. "Ici, hors de l'euro, il faut nous préparer à toutes les éventualités et c'est exactement ce que nous faisons".

Alors face à une telle éventualité, les entreprises testent différentes méthodes pour échapper au scénario catastrophe :

Placer des réserves de monnaie dans des investissements sécurisés et réduire les dépenses qui ne sont pas essentielles : voilà les mesures prises par les entreprises inquiètes. Elles mettent en place des plans pour limiter leurs dépenses, ou alors placent leurs réserves là où elles seront le plus en sécurité, notamment auprès des banques centrales. Le Financial Times évoque l’exemple de Siemens, qui possède sa propre banque depuis plus d'un an, afin de diminuer sa dépendance vis-à-vis des établissement touchés par la crise, et place des fonds auprès de la Banque Centrale Européenne.

De son côté, ICAP, la première société de courtage pour les taux de change et les obligations d’Etat, a déclaré fin novembre qu’elle testait son système de trading afin qu’il résiste à un effondrement de la zone euro. Et elle n’est pas la seule, le dirigeant d’un fond d’investissement qui a voulu rester anonyme a dit à Reuters, qu’une équipe de 20 personnes se consacre entièrement à la gestion de tous les scénarios possibles.

Reste aussi à prendre en compte l’aspect juridique de l’éclatement de la zone euro : s’il se produit, quelles conséquences sur les accords de prêts et les contrats commerciaux transfrontaliers ? Les grandes entreprises sont les premières à se poser ce genre de questions. "La plupart des petites et moyennes entreprises sont peu ou pas du tout préparées, ni financièrement, ni légalement", indique le Financial Times.

Pour Jean-Pisany Ferry, directeur de l’institut Bruegel, après les banquiers c’est au tour des chefs d’entreprise de se préparer à la "rupture". "C’est toujours compliqué de penser l’impensable, et plus encore de le prévoir dans les moindres détails, mais tout acteur rationnel doit en considérer la possibilité."

Ce scénario est-il forcément un scénario catastrophe ? D’après le directeur financier de Volkswagen Autoeuropa, Jürgen Dieter Hoffman, "nous avons fait une première estimation grossière basée sur la sortie du Portugal de la zone euro. Notre conclusion, c’est que l’impact général ne serait pas si négatif pour notre entreprise, puisque nous sommes un groupe qui exporte à travers le monde entier".

En France, en Italie et en Espagne, par contre, on affirme se préparer aux difficultés financières mais pas à la sortie de l’euro. Avec un objectif en tête : ne pas jouer les oiseaux de mauvaise augure.

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