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Piéger le GPS du portable de DSK : un jeu d'enfant...
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Confessions d'un ex-espion

Le journaliste américain Edward Epstein estime que le BlackBerry de Dominique Strauss-Kahn a été espionné. Le piratage du GPS d’un téléphone requiert-il une expertise digne de celle d’un espion ? Pas si sûr...

 Jacques H.

Jacques H.

Jacques H. est le pseudonyme d'un ex-employé d'une grande agence de renseignements française.

 

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Atlantico : Le journaliste américain Edward Epstein affirme que le BlackBerry de Dominique Strauss-Kahn aurait été piraté, rallumant par là, la trace d’un complot. Le piratage du GPS d’un téléphone requiert-il vraiment une expertise digne de celle d’un espion ?

Jacques H : Oh non. C’est très facile sur Internet ! De nombreux maris suspicieux installent ce type de logiciels sur le téléphone de leur compagne… Mais dans le cas qui nous intéresse, le BlackBerry était celui du FMI. Il était donc connecté au réseau informatique de l’organisation. N’importe qui travaillant dans le service informatique du FMI, aurait pu installer ce type de logiciel sur le téléphone lors d’une mise à jour ou d’une synchronisation d’agenda, par exemple.

Activer le GPS de quelqu’un est très facile en piégeant l’appareil. Si on dispose d’un accès physique au téléphone, on y installe un petit logiciel de pistage. Sinon, on lui envoie un e-mail avec une pièce jointe. Quand l’utilisateur ouvre cette dernière, le logiciel de traçage s’installe.

Mais l’inconvénient de ce genre de petit logiciel, c’est que cela laisse une trace dans l’appareil…  Ce qui pourrait expliquer sa disparition…  

Serait-il facile de désactiver le GPS - l'outil de géolocalisation - d’un BlackBerry puisque c'est là le point précis qu'évoque Edward Epstein pour souligner l'existence d'un complot ou d'une mise sous surveillance de Dominique Strauss Kahn ?

Oui, l’utilisateur peut désactiver lui-même son BlackBerry. Sur un BlackBerry et sur un iPhone c’est facile. Par défaut, le GPS est désactivé.

Rappelons que quand votre portable dispose d’un GPS, et qu’il est activé, il est pistable. Y compris quand il est éteint. Et même quand on retire la batterie car l’appareil émet encore un petit signal pendant quelque temps… Le mieux est encore de détruire son téléphone car s’il est réutilisé, votre appareil sera détecté, trahi par son numéro ou celui de la carte Sim…

Si le BlackBerry professionnel de DSK a été définitivement égaré, cela signifie-t-il pour autant que tous les messages de l’appareil ont été perdus ?

Non. La particularité de BlackBerry c’est que les messages et les mails empruntent tous une plateforme unique RIM (Research in Motion, le constructeur de BlackBerry) au Canada. Si elle le voulait, la justice pourrait sans aucun problème demander à avoir accès à cette plateforme. Si un logiciel a été effectivement téléchargé : il y en aura la trace sur la plateforme. Tout est tracé !

Epstein raconte aussi que DSK pensait qu’il était sur écoute. Ce genre de manœuvre est-elle facilement réalisable ?

Ça, c’est une autre paire de manche. Intercepter les messages, tracer quelqu’un ou connaître les numéros sortant ou rentrant est aisé car c’est enregistré par l’opérateur. Mais le contenu des conversations nécessite une mise sur écoute. C’est un autre processus. Mais c’est faisable également.

Il y a quelques mois, n'importe quel téléspectateur a pu voir à la télévision un reportage sur des sociétés de détectives privés qui suivaient des maris ou des femmes infidèles – ou supposés tels. L’un des professionnels disait qu’il était très facile d’acheter des logiciels d’écoute dans des boutiques de téléphonie ou sur Internet. On trouve des mouchards très très facilement. Mais ensuite, il faut disposer d'un accès physique au téléphone pour installer un petit mouchard dans l’appareil.

Or, rappelons qu’il s’agissait du BlackBerry fourni par le FMI. C’est typiquement le genre d’appareil auquel de nombreuses personnes peuvent avoir accès : sa secrétaire, la maintenance informatique… Sous prétexte d’une synchronisation ou d’une mise à jour, un employé du FMI aurait pu facilement lui poser quelque chose.

Si DSK a été piégé, par logiciel ou par micro, ce serait plus logique cela soit par quelqu’un du FMI. On dénombre d’ailleurs de nombreux de Français dans cette institution. Il y a peut-être même des employés de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, l’ex-DST) au FMI… Il y en a dans toutes les grandes organisations internationales organisations-là. On ne peut pas non plus écarter la piste du FMI qui voudrait « dégager » DSK. Cela laisse pas mal de possibilités…

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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