La Chine toujours plongée dans le marasme économique : ce que l'on peut craindre pour les entreprises françaises<!-- --> | Atlantico.fr
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La croissance chinoise ralentit.
La croissance chinoise ralentit.
©Reuters

Effet domino

Face au ralentissement de la croissance chinoise, les entreprises de l'Hexagone s'inquiètent, en particulier celles qui ont fait le choix de la délocalisation.

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio est président de l'institut de recherche Asia Centre.

Ancien élève de l'École normale supérieure et de l'Université de Pékin, il enseigne par ailleurs à l'IEP Lyon, à l'Ecole Centrale Paris, à HEC ParisTech, à l'École des Mines Paris Tech et à Lille I.

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Atlantico : A quel point l'économie française est-elle dépendante de ses exportations en Chine ? Quelles sont les entreprises françaises délocalisées en Chine et dans quelle mesure sont-elles touchées par la crise chinoise ? Comment peuvent-elles gérer le ralentissement économique ?

Jean-François Di Meglio : Le principal secteur de l’économie française qui est dépendant de la Chine dans une certaine mesure, c’est le luxe, mais les chiffres les plus récents ont tendance à rassurer car cette industrie souffre moins que celle qui est complètement liée à des marques italiennes (certaines, appartenant d’ailleurs à des groupes françaises ont subi de larges revers déjà). Mis à part cela, il faut rappeler à quel point la France est au contraire largement déficitaire dans son commerce avec la Chine. La baisse marginale du yuan a d’ailleurs certainement visé l’Europe, même si l’effet ne se fera pas sentir directement, dans la mesure où le ralentissement de certains pays européens associé à la réévaluation d’un yuan accroché au dollar risquait d’avoir un impact négatif sur le commerce chinois avec l’Europe et en particulier la France.

Concernant les entreprises françaises, la prise de conscience d’un possible ralentissement chinois ne date pas d’hier et de nombreuses mesures anticipatrices ou bien évaluatrices de risque ont été prises, des scénarios de plus faible croissance élaborées. Les entreprises françaises qui ont « délocalisé » en Chine ont surtout créé des chaînes de valeur asiatique, en installant des chaînes d’assemblage pour le marché chinois ou asiatique. Les profits générés n’ont que rarement été rapatriés, mais soit consolidés dans les comptes soit réinvestis sur place. Assurément les surcapacités n’existent pas encore dans ces « délocalisations ». Le plus fort risque serait celui d’une désaffection des acheteurs (institutionnels ou privés) pour des produits non asiatiques dans un réflexe « nationaliste » de protection de l’économie ou bien du fait de la perte de compétitivité relative par rapport à un pouvoir d’achat en baisse, libellé en devise locale ou étrangère ;

La Chine se lance dans un grand plan pour transformer son modèle économique. Quelle stratégie les entreprises françaises doivent-elles adopter pour conserver leur place dans la compétition et la concurrence de plus en plus accrue ?

Contrairement à quelques pays, la France n’aborde pas en bloc une économie étrangère. Les entreprises françaises présentes sur le marché chinois visent à la fois le marché toujours vivace des infrastructures, en principe voué à l’effacement du fait du changement de modèle mais très prégnant néanmoins, et le marché de la consommation. L’effet de marque reste l’un des atouts des entreprises françaises, ainsi que l’atout technologique, de plus en plus prisé.

Quelle est la part de responsabilité du gouvernement, qui cherche à privilégier les entreprises chinoises en renforçant le patriotisme économique ? 

C’est un choix qui se manifestera sans doute plus dans le soutien abusif ou pas à des entreprises en difficulté. Pour l’instant, c’est surtout au niveau des normes et de la protection des marchés, comportements qui ne datent pas d’hier, que le patriotisme chinois a joué. Mais la responsabilité du gouvernement repose plus sur la relative inaction réformatrice du gouvernement précédent, qui, au milieu de la crise mondiale, a conservé le modèle « lourd » ne laissant pas assez de place à la consommation et dans la difficulté aujourd’hui pour le gouvernement de manier plusieurs outils de pilotage et de réforme sophistiqués en même temps.

Comparé au cas de l'Allemagne - 6,5% de ses exportations sont pour la Chine et 5 200 entreprises y sont délocalisées - n'est-ce pas finalement une bonne nouvelle que nous ne soyons pas si dépendants que cela au marché chinois ?

Assurément, la France est moins « exposée » négativement à la Chine. Néanmoins, elle est comparativement très « investie » du fait de la force des investissements français dans le pays. Et si le ralentissement chinois est très marqué et durable, l’ensemble du monde souffrira car la Chine a créé des anticipations de croissance qui risquent de ne pas être au rendez-vous, comme l’indique Martin Wolf dans le Financial Times du 17 septembre.

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