Dieu, qu'il est délicieux de taper sur Bernard-Henri Lévy...

Bernard-Henri Lévy a beaucoup de défauts. Il est bavard. Il est célèbre avec un petit côté m'as-tu vu. Tout le monde le connait y compris ceux qui n'ont jamais ouvert un de ses livres. En plus, circonstance particulièrement aggravante, il est riche.

Bernard-Henri Lévy a un côté globe-trotter compulsif. Là où il y a une guerre, une révolte, une insurrection il y est.

Comme il arrive souvent que les insurgés ne soient guère meilleurs que les tyrans qu'ils veulent abattre BHL se trompe parfois.

Mais ce n'est pas à cause de ses erreurs ou de ses approximations qu'on lui tape dessus. On traque le BHL parce qu'il est BHL. Toujours en train de se montrer. Avide de caméras et de micros. On lui reproche d'attirer les projecteurs sur lui. Mais personne ne se demande si ce n'est pas pour faire jaillir un peu de lumière sur les causes qu'il épouse…

Dans le BHL bashing la compétition est rude et les compétiteurs sont nombreux. Le mérite de Michel Onfray - c'est lui qui tient la corde aujourd'hui - n'en est que plus grand. Le philosophe a en effet estimé, avec le sens des nuances qui le caractérise, que Bernard-Henry Lévy était "complice" de la mort du petit Aylan Kurdi."Complice"! Ça c'est envoyé. A la tronçonneuse pas au fleuret moucheté.

On connait le raisonnement d'Onfray d'autant mieux qu'il est religieusement partagé par nombre d'exorcistes toujours sur le front pour envoyer BHL chez les possédés de l'enfer. Ce serait parce qu'il a appelé à la chute de Kadhafi que les chiens de guerre se sont déchainés au Proche-Orient entrainant donc - implacable logique des esprits butés- la mort du petit Aylan.

On cherche avec une frénésie suspecte les causes des horreurs : ça évite de condamner ceux qui les commettent. En 1918 Clemenceau imposa à l'Allemagne vaincue des conditions draconiennes. Elle en fut humiliée et Hitler prospéra sur cette humiliation. On n’a pas encore pensé à rendre Clemenceau responsable d'Auschwitz…Mais qui sait?

Quand les démocraties occidentales engagèrent (à la demande pressante des pays arabes, on ne le répètera jamais assez) leurs avions contre le dictateur libyen ce dernier avait fait couler dans les rues le sang de milliers de ses concitoyens. Le monde en fut horrifié. L'illusion lyrique du Printemps Arabe fut pour beaucoup dans le sentiment qu'il fallait que Kadhafi disparaisse de la scène politique. Crois-t-on, Onfray croit-il, qu'Obama, Hollande, Cameron aient alors obéis aux ordres du soi-disant tout puissant  Bernard-Henri Lévy?

Le même a milité pour qu'on intervienne militairement en Syrie contre Bachar El Assad. Sans doute était-ce possible et souhaitable il y a deux ans. Daesh ne serait peut-être pas né. C'est trop tard maintenant et peut-être nous faudra-t-il conclure une alliance honteuse avec l'un des pires bouchers du Proche-Orient contre les plus monstrueux assassins de la région. Beau gâchis.

La seule guerre ou BHL a eu vraiment une certaine influence c'est celle de Bosnie. C'est lui, vrai lanceur d'alerte de l'époque, qui persuada Mitterrand, plutôt pro-serbe, de se rendre à Sarajevo. C'est lui qui cria le plus fort quand la soldatesque de Mladic massacra des milliers de musulmans à Srebrenica. Des musulmans! Vous entendez Michel Onfray?

Beaucoup de choses sont permises contre BHL. Mais quand même pas tout. L'excès de haine et de ressentiment personnel n'a rien à voir avec la critique. Onfray devrait laisser BHL tranquille. Car il a déjà largement de quoi s'occuper. Dénoncer le monothéisme juif source, parait-il, de la plupart de nos maux. Démolir autant que faire se peut Freud. Un travail de titan.

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