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Quand l'émotionnel
dicte la politique pénale...
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Justice

Le drame de la petite Agnès relance le débat sur l'évaluation des délinquants sexuels mineurs. Mais attention au risque de réformer la loi dans l'urgence...

Jean-Marc Fedida

Jean-Marc Fedida

Jean-Marc Fedida est avocat au barreau de Paris. Egalement essayiste, il est l'auteur de Impasses de Grenelle : De la perversité écologiste (Editions Ramsay, 2008).

 

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A la suite du drame de Chambon-sur-Lignon, le ministre de l’Intérieur est venu proposer une réforme consistant à voter une loi en vertu de laquelle tout mineur qui désormais sera soupçonné d’un crime de nature sexuelle sera placé d’autorité si ce n’est en détention en tout cas dans un centre fermé suivant son âge et, bien sûr, l’état des équipements publics. Soit !

Les majeurs pour ce qui les concernent ne seront pas touchés par une telle mesure. Un violeur de 15 ans ira en détention, un majeur non.

Mais c’est inéquitable, proposons, au nom de la simple justice, une réforme consistant, à faire qu’en matière de délinquance sexuelle la détention soit la règle, et ce, bien sûr quel que soit l’âge du délinquant. C’est la moindre des choses. Soit ! Donc, un délinquant sexuel devra être placé en détention et ce, quel que soit son âge. Mais un délinquant criminel de sang pourra lui, profiter de sa liberté.

Mais c’est encore inacceptable, il faut élargir cette réforme et toujours au nom de la simple justice, faire qu’en matière de crime de sang, la détention soit également obligatoire quel que soit l’âge du délinquant. Soit ! Donc un criminel de sang et un criminel inspiré par des motifs sexuels sera placé en détention, tandis qu’un délinquant mû par un mobile aussi vil que financier pourra, lui, continuer à profiter de la liberté. Le délinquant financier bénéficiera donc d’un « bonus », d’un avantage incompréhensible, surtout en ces temps difficiles. C’est absurde, il faut donc établir une vraie réforme consistant à faire en sorte que le placement en détention soit non seulement systématique mais également obligatoire et, ce, quelle que soit la motivation du criminel. Après tout, la victime n’y est-t-elle pas indifférente !

Ordonner le placement en détention de toutes et tous quelle que soit la nature du crime, c’est justice ! Effondrer l’ensemble de la procédure pénale. Les enfermer où ? Peu importe, à défaut de prisons puisqu’il nous en manque, on réquisitionnera des casernes !

On s’était pris à croire, à la faveur de la crise que le discours politique était renouvelé. Que le personnel politique avait pris conscience que les citoyens étaient adultes et que l’on pouvait s’adresser à eux autrement.

On pouvait désormais parler de rigueur, de la réalité des difficultés même à la veille d’échéance électorale majeures, sans craindre de faire l’objet d’un violent rejet. C’est à croire cependant que pétitionner pour la vérité n’est valable qu’en matière économique financière et fiscale. Ce n’est pas le cas pour les sujets sociétaux tels que l’insécurité et la délinquance. A partir de l’instant où l’émotion – évidemment légitime – prend le relai.

Mais peut-être pensent-ils que  bien qu’à même de comprendre l’importance des efforts qui sont désormais requis de leur part, nous ne sommes pas encore suffisamment mûrs, trop émotifs, pour accepter un langage de vérité.

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