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Quand Danielle Mitterrand "flirtait" avec Fidel Castro...
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Leader maxima

Exilé cubain, Jacobo Machover revient sur les relations cordiales qu'entretenait l'ex-Première Dame de France avec le Leader Maximo.

Jacobo Machover

Jacobo Machover

Jacobo Machover est un écrivain cubain exilé en France. Il a publié en 2019 aux éditions Buchet Castel Mon oncle David. D'Auschwitz à Cuba, une famille dans les tourments de l'Histoire. Il est également l'auteur de : La face cachée du Che (Armand Colin), Castro est mort ! Cuba libre !? (Éditions François Bourin) et Cuba de Batista à Castro - Une contre histoire (éditions Buchet - Chastel).

 

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 Un dictateur, Fidel Castro ? Pas pour l’ex-Première dame de France qui, dans son livre de mémoires En toutes libertés (Ramsay - 1996) écrit « dictateur » en italiques (dans le long chapitre qui lui est consacré, pages 248-281), comme si le terme qui lui est accolé par ses opposants et ses victimes lui était attribué à tort.

Dans ses mémoires, elle décrit ses visites récurrentes à Cuba, la première en compagnie de son mari, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, au cours des années 1970, puis seule, en tant que présidente de sa fondation. Elle était visiblement tombée alors sous le charme de son hôte, qui l’a comblée de toutes les attentions et qui lui survit aujourd’hui (pour combien de temps ?). Au cours de ses séjours dans l’île, Danielle Mitterrand n’a voulu voir que les réalisations, los logros, du régime, dont elle visitait les installations les plus reculées à bord de la Jeep du Líder Máximo, avec des habitants enthousiastes lui réservant un accueil qu’elle croyait « spontané » pour bien lui montrer combien ils aimaient leur Commandant en chef.

« Oui, j’embrasse Fidel Castro »

Mais le point d’orgue de ces rapports, ce fut la réception offerte à Fidel sur le perron de l’Élysée en mars 1995, quelques semaines avant la fin du mandat de son mari, qui signait ainsi la fin de l’ostracisme qui avait cours en Europe à l’égard du révolutionnaire cubain (à l’exception de l’Espagne, gouvernée par le socialiste Felipe González, qui l’avait reçu auparavant). A cette occasion, Madame Mitterrand commit un geste fort peu diplomatique : se levant sur la pointe des pieds pour atteindre le visage du géant barbu, elle l’embrassa devant les télévisions du monde entier, dont certaines se firent un plaisir de diffuser en boucle ce baiser « obscène » pour bien montrer la complicité de la France avec certaines tyrannies idéologiquement marquées du même sceau que le Président et son épouse (le Premier ministre de la cohabitation, Édouard Balladur, avait signalé, pour sa part, qu’il refuserait de rencontrer Fidel Castro, ce qui ne fut pas le cas du président de l’Assemblée nationale, le gaulliste Philippe Séguin ni, bien entendu, celui du sempiternel ministre de la Culture Jack Lang). Danielle Mitterrand, pour sa part, revendiquait orgueilleusement son geste : « Oui, j’embrasse Fidel Castro », écrivait-elle dans son ouvrage. 

« Il y a des prisonniers à Cuba. Politiques ? Je ne sais pas. »

Cependant, elle-même avait certainement pris conscience de la portée de son geste spectaculaire, surtout aux États-Unis, où son homologue, la First Lady Hillary Clinton, l’humilia personnellement, l’obligeant à passer tous les contrôles de sécurité avant de la laisser entrer à l’intérieur de la Maison Blanche.

C’est pourquoi elle prit contact, à travers son bras droit Raphaël Doueb, le responsable de France Libertés, avec des exilés cubains en France (parmi lesquels l’auteur de ces lignes), pour demander une liste de prisonniers politiques cubains en faveur desquels elle pourrait intervenir. Quelques années auparavant, nous avions déjà eu une réunion avec elle, au cours de laquelle nous lui avions demandé de faire pression auprès de son ami Fidel pour ce faire. Elle nous avait alors écoutés discrètement, nous parlant de « François », tout en caressant son chien « Baltique », pour détourner l’objet de notre conversation. Sa réponse arriva par le biais d’un entretien concédé à Daniel Schneidermann, dans Le Monde : « Il y a des prisonniers à Cuba. Politiques ? Je ne sais pas. »

Contre toute évidence, elle continuait à défendre cette l’ « humanisme » de la révolution castriste. Fidel Castro lui en sut gré : après sa visite en France, il lui offrit comme « cadeau » la libération de trois (pas plus) prisonniers politiques (d’autres en avaient obtenu beaucoup plus, par exemple le révérend Jesse Jackson ou le commandant Cousteau), qui partirent rapidement vers les États-Unis. L’un d’entre eux mourut rapidement d’un cancer contracté en prison.

C’est ainsi que Danielle Mitterrand entendait la défense de ses causes « humanitaires » : par le soutien jamais démenti à l’un des plus longs régimes totalitaires de la planète. Elle aurait pu dire, comme son cher Fidel : « L’Histoire m’acquittera ». Ça m’étonnerait. 

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