63% des électeurs de gauche estiment qu’Arnaud Montebourg incarne bien leurs valeurs <!-- --> | Atlantico.fr
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Arnaud Montebourg sera présent dimanche à la Fête de la rose de Frangy
Arnaud Montebourg sera présent dimanche à la Fête de la rose de Frangy
©Reuters

Sondage Ifop-Atlantico

Dimanche, Arnaud Montebourg sera présent à la Fête de la rose de Frangy, où il a notamment convié l'ancien ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis. S'il a déclaré se retirer de la vie politique, Arnaud Montebourg continue de diviser l'opinion de gauche, comme le montre ce sondage Ipsos pour Atlantico.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : L'opinion globale reste très sceptique sur l'attribution de différents très d'image à Arnaud Montebourg. Chez les électeurs de gauche, les sondés sont plus divisés. Que peut-on déduire de ces réponses ?

Jérôme Fourquet : A la lecture de ces résultats, nous constatons qu’Arnaud Montebourg bénéficie d’une image relativement contrastée. Mais elle offre un certain nombre d’aspects positifs, notamment dans l’électorat de gauche. C’est un point d’appui non négligeable pour un éventuel retour en politique.

Compte tenu du discrédit qui frappe aujourd’hui les responsables politiques et des difficultés que rencontre la gauche, que quasiment un Français sur deux pense qu’il incarne les valeurs de la gauche, c’est plutôt correct. Ce chiffre monte à deux tiers, si l’on se concentre sur les familles de la gauche. Sur la capacité à proposer des solutions nouvelles, on est au-dessus de la barre des 50% chez les électeurs de gauche. L’homme qui avait été la surprise de la primaire socialiste, qui voulait incarner une forme de renouveau politique, apporter de nouvelles thématiques comme la démondialisation ou le redressement productif, garde encore aujourd’hui un capital non négligeable. Un électeur de gauche sur deux pense qu’il est à l’écoute des Français, qu’il est sincère et qu’il sait où il va.

Si ces éléments sont globalement positifs, car on s’est globalement concentrés sur les électeurs de gauche (il y a moins d’intérêt à savoir ce qui se passe sur l’ensemble des Français), néanmoins, il est intéressant de constater qu’Arnaud Montebourg, en dehors de sa personnalité tout à fait particulière, incarne un discours d’une certaine tendance de gauche. Ce faisant, il est le révélateur d’un certain nombre de divisions de la gauche. Sur la plupart des sujets, la moitié des électeurs de gauche lui accorde ces qualités… tandis que l’autre moitié lui dénie.

Au-delà du cas seul d’Arnaud Montebourg, les frondeurs vont de nouveau faire entendre leur voix quelques jours avant l’université d’été de La Rochelle. La question de la ligne politique et de la ligne économique fait toujours débat à gauche deux ans après l’arrivée au pouvoir de François Hollande et deux ans après son coming-out libéral. On retrouve la trace de ce débat dans ce sondage sur Arnaud Montebourg. La gauche, aujourd’hui est un peu à la croisée des chemins et il incarne cela.

Atlantico : L'économie reste un dossier clef pour Arnaud Montebourg. Les résultats obtenus ne sont-ils ici pas décevants pour lui ?

Pour ce qui est de la crédibilité et de la compétence en économie, 63% des sympathisants du Front de gauche lui reconnaisse, ainsi que la moitié de ceux du Parti socialiste et des Verts. Or c’est bien sur cette thématique là que va se faire la Fête de la rose de Frangy au cours de laquelle Yánis Varoufákis va être convié à s’exprimer.

Que la moitié des gens de gauche lui accorde du crédit, c’est beaucoup. Cela veut dire que l’autre moitié ne le fait pas, certes. Mais cela veut aussi dire que ceux qui le trouvent crédible n’ont pas le même sentiment vis-à-vis d’autres positions au sein du Parti socialiste. A partir du moment où un parti est coupé en deux, on peut dire qu’en avoir que la moitié, c’est peu, mais on peut aussi voir que le camp d’en face est dans la même situation. Ce n’est pas assez pour pouvoir incarner quelque chose aujourd’hui, mais c’est suffisant pour continuer de faire des incursions régulières dans la vie politique… malgré son annonce de retrait de la vie politique.

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Atlantico : Si 16% des sondés sont favorables à un retour en politique d'Arnaud Montebourg, et 15% hostiles, il en reste tout de même 69% que cela laisse indifférent. Ce manque de considération ne le marginalise-t-il pas ?

Jérôme Fourquet : Il n’a pas un boulevard devant lui : il n’est pas attendu par l’électorat de gauche, dans un contexte où le gouvernement est pourtant en difficulté. Sept Français sur dix sont indifférents. Bien évidemment, dedans, il y a des électeurs de droite. Mais même dans l’électorat de gauche, 72% des Verts sont indifférents, 63% des socialistes et 51% au Front de gauche.

Même si il a une image qui peut encore rendre des services, sur laquelle il peut s’appuyer, l’idée qu’il serait aujourd’hui un recours caché et qu’on viendrait le chercher rapidement pour réorienter la trajectoire de la gauche… n’est pas un scénario envisageable. Il est sorti de sa propre initiative de la vie politique française, il incarne encore quelque chose pour la moitié de l’électorat de gauche, mais il reste un certain nombre de questions sur ses motivations et son parcours.

Quand on voit que deux tiers des Français pensent qu’il ne sait pas où il va, ou qu’il n’est pas compétent en économie… Il en a fait des tonnes sur sa formation à l’Insead, sur son arrivée chez Habitat, sur ses conférences à Princeton. C’était une manière de montrer qu’il se frottait à l’économie réelle, contrairement aux autres politiques, présentés comme déconnectés de la réalité. Aujourd’hui, les résultats ne sont quand même pas au rendez-vous.

On peut apprécier le personnage. Une partie des Français pense qu’il a des choses à dire. Mais il n’y a pas, comme on a pu le voir pour d’autres politiques, de désir des Français de Montebourg dans la vie politique.

Sa tribune cosignée avec le banquier Mathieu Pigasse avait été l’occasion de se rappeler au bout souvenir de ses camarades réunis en congrès à Poitier. Cette stratégie, il peut la poursuivre, mais on voit qu’elle n’est pas de nature à susciter son retour. On ne comprend pas bien quelle est son ambition, son objectif et son statut aujourd’hui : un certain nombre de Français ne doivent pas estimer qu’il est vraiment sorti de la vie politique.

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