Fin de partie pour les Guignols de l’info : et maintenant, ils disent quoi Hollande, Valls, Juppé et les autres ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Guignols de l'info passent en crypté sur Canal+ à la rentrée 2015.
Les Guignols de l'info passent en crypté sur Canal+ à la rentrée 2015.
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A tchao, au revoir !

A un grand bruit a succédé un non moins grand silence. C’est avant qu’ils auraient du se taire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans un roman américain des années 30 (Steinbeck ou Faulkner je crois), on assiste à la scène suivante. Dans un village, on a amené un taureau pour qu’il féconde une vache. Autour de l’enclos des gens attendent et regardent. Parmi eux, la fille du propriétaire du taureau et le fils de l’heureux possesseur de la vache.

Finalement, le taureau se décide et passe à l’acte. Le garçon regarde la fille qui n’est pas mal : "j’aimerai bien faire la même chose". Réponse de la fille : "tu fais ce que tu veux, la vache est à toi…".

Notre vache à nous s’appelle les Guignols de l’info. Elle appartient à Vincent Bolloré. Le milliardaire est en effet propriétaire de Canal+. Et il fait ce qu’il veut avec ! Ce n’est pas bien ce qu’il fait, puisqu’il enterre les Guignols de l’info tant aimés ? Peut-être. Mais Bolloré est maître chez lui. Et s’il lui plaît de repeindre sa chaîne avec des couleurs pastel, on voit pas qui pourrait l’en empêcher.

Cet épisode de fin de vie éclaire d’une lumière cruelle les déclarations quasi unanimes des hommes politiques français qui avaient crié au scandale dès les premières rumeurs annonçant la mise au pas des Guignols. On se contentera, dans le souci de ne pas lasser le lecteur, de citer les plus notoires d’entre-eux. 

Pour commencer -à tout seigneur tout honneur- le plus important de tous : François Hollande. Le chef de l’Etat avait alors jugé utile de déclarer que "l’humour et la dérision faisaient partie du patrimoine français". Manuel Valls a renchérit avec un couplet sur "la nécessaire défense de la liberté d’expression". Quant à la palme de la démagogie populacière, elle revient dans cette affaire à Alain Juppé. Dans un tweet de soutien aux Guignols, l’ancien Premier ministre avait posté la photo de sa marionnette !

Et, ils disent quoi aujourd’hui, quand sonne le glas ? Et il fait quelle tête maintenant Alain Juppé ? La sienne ou celle de sa marionnette ? En tous cas, ils se taisent. Leur faute, leur très grande faute, est d’avoir parlé comme si la vache était à eux. Et Vincent Bolloré, sans ménagement pour leur pouvoir ou leur influence, les a envoyé paître.

C’est, le mot n’est pas trop fort, désastreux pour l’image que les Français se font des hommes politiques. Qu’est-ce que c’est que ces gugusses qui parlent pour ne rien dire ? De quel pouvoir jouissent-ils en dehors de celui d’ouvrir leur gueule ? On roule des mécaniques et après on se couche ? Des bouffons, comme on dit dans les banlieues.

Pour prendre un exemple, un seul mais le plus parlant, de ces bavardages stériles et contre productifs, regardons le cas Hollande. Le chef de l’Etat n’est en rien responsable de la montée du chômage. Pas plus qu’il ne pourra se prévaloir d’une éventuelle baisse du nombre des chômeurs. Les variantes et variations économiques échappent à son pouvoir qui pourtant n’est pas mince.

Mais alors, pourquoi a-t-il dit, et fait répéter par ses lieutenants pendant presque deux ans, qu’il allait “inverser la courbe du chômage” ? Dans la meilleure hypothèse pour lui, le bon peuple est amené à penser qu’il est nul et dans la pire qu’il est un menteur. La parole fait partie du métier de l’homme politique. Le silence aussi ! Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées… Encore faut-il être sûr que la vache vous appartient.

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