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Le triple meurtre qui embarrasse encore le Vatican 13 ans après
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Gay divers

En 1998, trois personnes ont été retrouvées mortes au Vatican. Un jeune garde suisse aurait tué son chef et la femme de celui-ci avant de se suicider. La version officielle n'a jamais convaincu et les théories alternatives se multiplient. Treize ans après, la mère du tueur présumé à demandé à Benoit XVI la réouverture de l'enquête.

L'affaire a tout du scénario d'un bon polar. Jusqu'au titre tout trouvé : "Triple meurtre au Vatican". Le 4 mai 1998, trois personnes sont retrouvées mortes dans les murs de la cité épiscopale : Aloïs Estermann, le chef des gardes suisses, nommé la veille, son épouse et un jeune vice-caporal de la garde. L'enquête, menée en interne par un juge du Vatican, aboutit très vite. Cédric Tornay, le jeune garde suisse, a laissé derrière lui une lettre de suicide adressée à sa mère et expliquant son geste :

"J'espère que tu me pardonneras car ce que j'ai fait, ce sont eux qui m'ont pousser (sic). Cette année, je devais recevoir la Benemerenti [une décoration] et le lieutenant-colonel [Aloïs Estermann] me l'a refuser (sic). Après trois ans, six mois et six jours passer (sic) à supporter toutes les injustices, la seule chose que je voulais, ils me l'ont refusée (...). J'ai juré de donner ma vie au pape et c'est ce que je fais. Je m'excuse de vous laisser tout seul (sic), mais mon devoir m'appelle. Dit (sic) à Sarah, Melinda et papa que je vous aime. Gros bisous à la plus grande maman du monde. Ton fils qui t'aime".

Mais Muguette Baudat, la mère de Cédric Tornay, refuse d'accepter cette version des faits. Pour elle, la thèse du coup de folie ne tient pas. Elle soutient que son fils ne s'est pas suicidé, mais a été victime d'un meurtre et avance pour preuve la conviction que cette lettre non-signée n’a pas été écrite par le jeune homme.

Depuis quinze ans, elle ne cesse de demander au Vatican de reprendre l'enquête. Sans succès. Ses courriers à Jean-Paul II sont pour la plupart restés lettre-morte.Début novembre, elle a tout de même écrit à Benoit XVI, qui était à l'époque l'un des administrateurs du Vatican, espérant qu'il "souhaite soulager sa conscience".

Fleurissant sur certains éléments troublants - les démissions inexpliquées de nombreux gardes suisses après les meurtres, les témoins jamais interrogés, les autopsies bâclées, la trajectoire et le calibre de la balle qui a tué Tornay, ou encore le "J'ai toujours su que ça finirait comme ça..." lâché par la mère d'Estermann - les théories alternatives sur le triple meurtre sont légion. Certaines sont bien plus embarrassantes pour le Vatican que la version officielle.

On murmure ainsi que les protagonistes étaient liés aux services secrets, allemands pour Aloïs Estermann, américains pour son épouse. Le confesseur de Cédric Tornay aurait, lui, appartenu aux renseignements du Vatican. C'est cette thèse qui a inspiré l’un des romans SAS de Gérard de Villiers, L’espion du Vatican. Dans cette fiction, les meurtres sont en fait maquillés pour faire accuser Tornay, alors que le coupable est le confesseur.

Pour d'autres, Estermann était au cœur d'une lutte de pouvoir entre l'Opus Dei et une secte maçonnique. C'est sa nomination à la tête de la garde suisse qui aurait causé sa perte. Cette version aussi a fait l'objet d'un livre, Blood Lies in the Vatican. Selon le ou les auteurs anonymes, mais qui pourraient être des prêtres du Vatican, Tornay a été tué dans une cave et amené plus tard dans l'appartement d'Estermann, ce qui expliquerait que personne n'ait entendu les coups de feu tirés ce soir là. Deux versions possibles aux yeux de Muguette Baudat, qui explique que son fils faisait trop facilement confiance et aurait pu être abusé.

Pourtant toutes les théories alternatives qui circulent sur le triple meurtre ne soutiennent pas l’innocence du jeune homme. De notoriété publique, Aloïs Estermann, le chef de la garde suisse, était bisexuel et entretenait des relations avec ses jeunes subordonnés. Selon Massimo Lacchei, auteur d'un livre sur le Vatican intitulé Verbum dei et verbum dei ("Le mot de Dieu, le mot gay"), la jalousie aurait poussé Tornay à s'en prendre à Estermann et à son épouse, après leur rupture.

Benoît XVI n'a pas encore rendu sa décision, mais près de quinze ans après les faits, il est difficile d'envisager la réouverture d'une enquête.

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