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“Il a été démocratiquement élu” : pourquoi il faut aller chercher un peu plus loin que cet argument si on veut défendre Alexis Tsipras
©Reuters

Beaucoup de bruit pour rien

Ça se dit beaucoup. Et ça ne veut strictement rien dire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dès la moindre critique visant le Premier ministre grec, un chœur de vierges effarouchées s’élève pour faire taire les contempteurs. Leur répertoire amoureux tient en une seule phrase : "Mais il a été élu démocratiquement !" Ces voix, pures et candides, viennent de la gauche – bien-pensante… ou plutôt bête-pensante.

Ce "il a été élu démocratiquement !" relève d’une liturgie religieuse. C’est leur Je vous salue Marie, leur Allah Akbar, leur Chema Israël. Cette prière est à peu près aussi efficace que celles citées plus haut (j’en demande pardon aux croyants). Mais elle a son utilité : réduire au silence tous ceux qui pensent qu’Alexis Tsipras est un démagogue doublé d’un menteur.

Comme dirait M. de La Palice, en démocratie tout le monde, et parfois n’importe qui, est "démocratiquement élu". Tel fut le cas pour George Bush, vomi et vilipendé par les adorateurs de Tsipras. Idem pour Nicolas Sarkozy : rarement homme politique fut autant haï que lui. On n’oubliera pas non plus "la Prussienne" Angela Merkel, Belzébuth et Satan en jupons. Sans parler de Cameron ou de Rajoy.

Mais seul Alexis Tsipras a droit à la généreuse appellation de "démocratiquement élu". C’est un bon cru comme on dit des vins de Bordeaux ou de Bourgogne. Et comme eux, il est rouge. Ce qui explique sa place au paradis alors que tant d’autres sont voués à l’enfer.

Peut-être que Tsipras est plus démocrate que tous les méchants européens qui veulent sa peau ! Oui, c’est ça ! Il organise un référendum pour dire non aux conditions de Bruxelles. "Un référendum, c’est le summum de la démocratie !" se pâment les vestales du temple. "Le peuple grec a parlé", clament-elles. Et l’Europe se doit d’écouter ce "non" démocratique ! Puis Tsipras, après avoir roulé des mécaniques, s’assied sur les résultats du référendum voulu par lui…

Il va à Bruxelles. Nécessité faisant loi, il accepte bien pire, bien plus dur, bien plus contraignant que ce qu’il avait demandé à son peuple de refuser. De quoi donner à réfléchir aux Grecs. La démocratie athénienne fut belle du temps de Périclès. La démocratie tsiprasienne, elle, a plutôt sale gueule.

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