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Augmentation du nombre de fonctionnaires : ce que nous coûte le rapport maladif de la gauche à la dépense publique
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Signaux contradictoires

Dans le budget qui se dessine pour 2016, l’Etat va créer plus de 8000 nouveaux postes de fonctionnaires. Il y a peu, il a même annoncé qu’il allait généreusement tous les augmenter... La gauche n'apprend décidément rien de ses erreurs passées.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Visiblement, le gouvernement considère que la France manque de fonctionnaires. Dans le budget qui se dessine pour 2016, l’Etat créera plus de 8000 nouveaux postes ! Il y a peu, il a même annoncé qu’il allait généreusement tous les augmenter (dans le silence total de l’opposition, trop mobilisée par de nobles sujets pour s’abaisser à parler d’argent). L’INSEE avait pourtant relevé en avril dernier qu’avec 5,6 millions de personnes (sans compter les retraités), la fonction publique était à son plus haut historique ! Au total, la dépense de l’Etat devrait reculer, toutefois, de 2,8 milliards en 2016.

On est loin, très loin, du budget que le gouvernement britannique vient de présenter (le premier par un gouvernement 100 % Tory depuis près de 20 ans) : baisse des dépenses publiques, baisse de la dépense sociale, baisse de la fiscalité ; c’est un programme radicalement opposé à celui de la gauche française.

Le gouvernement Cameron a prévu d’engager près de 52 milliards d’euros de coupes dans la dépense publique sur les cinq prochaines années. Il souhaite ramener le déficit public à 0,3 % en 2018, et même dégager un excédent l’année suivante. L’impôt sur les sociétés devrait passer à 18 % d’ici 2020 (contre 28 % quand David Cameron a été élu Premier ministre pour la première fois), soit près de moitié moins que l’IS français ! Les aides sociales seront baissées et, en contrepartie, des aménagements fiscaux ont été organisés : le but est de favoriser les revenus obtenus par le travail plutôt que ceux distribués par l’Etat Providence.

Dans le détail, il y aura tout de même des augmentations d’impôts (47 milliards de pounds au total), notamment sur les banques. Certaines dépenses continueront également d’augmenter (à tel point que le Financial Times a qualifié le projet de "budget traditionnel post-élection, reposant sur des impositions supplémentaires et de la dépense publique, enveloppé dans une rhétorique conservatrice de baisse des impôts"). Plus douteux encore, le gouvernement britannique a entrepris d’augmenter le salaire minimum. Cette mesure, qui se veut généreuse, risque d’avoir des effets négatifs sur l’emploi ; surtout, elle risque d’aggraver les problèmes de productivité trop faible du Royaume Uni.

Les mois qui viennent diront si ce programme fonctionne. Pour l’heure, au stade des annonces, la politique reste affaire de message et celui du Chancelier de l’Echiquier, George Osborne, est limpide. Devant le Parlement, il a tenu un discours très offensif qui marque, pour certains, le retour du thatcherisme. Son ambition est immense : si sa politique est mise en œuvre, il devrait ramener le poids de l’Etat à son plus bas depuis près de 70 ans ! Le projet est clair et emporte un soulagement pour la société et l’économie britanniques qui devraient retrouver une liberté et un souffle ! Moins d’Etat, c’est plus de liberté économique et sociale.

En France, après un timide et furtif "j’aime l’entreprise", Manuel Valls et son gouvernement ont rapidement repris la voie du socialisme économique plus ou moins mou, comme les responsables de gauche et de droite l’ont fait avant eux depuis des années. Leurs messages de liberté entrepreneuriale, rares et inaudibles, ont systématiquement été étouffés par des signaux contradictoires. Le budget qui se dessine pour 2016 en est un : il montre que la France entretient un rapport maladif à la dépense publique, qu’elle ne perçoit la qualité de ses services publics qu’au regard du nombre de ses fonctionnaires et que sa politique reste liée à un Etat gras et impotent. On attend toujours le virage de la politique de l’offre, comme celui du socialisme libéral.

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