Fête de la violette : Sarkozy et la droite forte, une histoire d’amour intéressée<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy sera présent ce weekend à la Fête de la Violette.
Nicolas Sarkozy sera présent ce weekend à la Fête de la Violette.
©Reuters

Je t’aime moi non plus

Après avoir pris ses distances, l’ancien président se rapproche à nouveau de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier. Il fait un discours aujourd’hui à l’occasion de la fête de la Violette que les deux leaders organisent chaque année. Ces derniers, de leur côté, ont déclaré qu’ils ne soutiendraient plus aveuglement le président des Républicains.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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« Il revient pour de mauvaises raisons, il revient parce qu’il a peur de disparaître, parce qu'il a peur de la mort. Or pour lui la fin de la politique c'est la mort. » En janvier dernier, sous couvert d’anonymat, l’un des leaders de la Droite Forte ne mâchait pas ses mots à l’égard de Nicolas Sarkozy. Les relations entre ce courant de l'UMP, qui organise aujourd’hui la Fête de La Violette, dans le Loir-et-Cher, et l'ancien Chef de l’État ont pourtant longtemps été au beau fixe. Après la défaite de  2012, Guillaume Peltier et Geoffroy Didier s’essaient même au rôle de porte-parole officieux d’un président en cure de silence médiatique. Reclus dans ses bureaux de la rue de Miromesnil, l’ancien locataire de l’Élysée reçoit régulièrement les deux hommes qui, ensuite, dispensent la bonne parole de déjeuners de journalistes en réunions d’élus. « Nicolas Sarkozy a dit que… , Nicolas Sarkozy pense que… »  Ce travail de porte-parole est même l’une des vocations du mouvement créé par Guillaume Peltier en mai 2012, juste après la défaite. La Droite Forte, parrainée par Brice Hortefeux, a alors pour vocation d’assurer la pérennité des idées de l'ancien Président. Mais très vite, à l’instar de l’association des Amis de Nicolas Sarkozy, les deux hérauts et leur courant sont fortement critiqués par les autres composantes de l’UMP et par une partie des proches de l’ex Chef de l’État qui craignent que leur protégé ne se trouve résumé à ce segment électoral restreint. Ils l’incitent à prendre ses distances, celui-ci fait alors dire aux deux hommes de ne plus parler en son nom. C’est la fin d’une époque.

Nicolas Sarkozy, qui prend en même temps ses distances avec Patrick Buisson, semble, à ce moment-là, réaliser que sa défaite de 2012 est peut-être due au retournement du centre en faveur de François Hollande.  Dans son entourage, ceux qui défendent l'idée que sa droitisation lui a coûté des voix, prennent le dessus. C'est l'époque où l'ex Chef de l’État adresse des messages subliminaux aux centristes. L'époque de son discours en hommage à Jacques Chaban-Delmas, de son soutien  appuyé à Nathalie Kosciusko-Morizet dans la bataille pour la Mairie de Paris, et de ses déplacements médiatiques avec François Baroin.

Mais malgré tout, la Droite Forte est toujours là. En août 2014, le courant de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, appelle au retour du grand homme. «C'est le moment! En remplissant ce parrainage, dites à Nicolas Sarkozy: ‘nous avons besoin de vous'». La Droite forte prend ainsi les devants d'une éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP. Les relations entre l'ex chef de l’État et les deux jeunes hommes semblent se réchauffer. D’autant que la prise  de l'UMP se joue à droite. Oublié le recentrage, Nicolas Sarkozy tape fort pour laisser le moins de voix possible à son adversaire. Devant le mouvement Sens Commun, proche de La Manif pour Tous, il va jusqu'à promettre d'abroger la loi Taubira. Nicolas Sarkozy avait pourtant confié, quelques mois plus tôt, à certains de ses visiteurs comme Benoist Apparu être favorable au mariage pour tous.

Une fois élu, nouveau glissement idéologique, cette fois il faut rassembler la famille. Faire de la place à tout le monde et surtout aux soutiens des futurs adversaires à la primaire histoire de les bâillonner un peu.  Lors de la répartition des postes représentants les instances dirigeantes du parti, les sarkozystes ne sont pas particulièrement bien traités. Nadine Morano donne de la voix pour exprimer sa déception. Les deux fondateurs de la Droite Forte font sentir leur dépit mezza voce, au départ. Puis plus franchement. En mars, Geoffroy Didier explique, à propos des conférences données par l'ancien chef de l’État : «Peut-être que ça ne l'aide pas dans sa popularité. Je le reconnais. Je suis partagé, forcément. Partagé sur le fait que c'est une bonne chose d'être sollicité dans le monde entier, que Nicolas Sarkozy n'est pas un président de parti comme un autre. Et puis de l'autre côté, je constate que beaucoup de Français sont choqués. » En avril, c'est au tour de Guillaume Peltier d’afficher publiquement ses distances : « J'ai été l'un des porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2012. [...] J'ai beaucoup rencontré Alain Juppé, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et tant d'autres. Nicolas Sarkozy comme les autres auront à me convaincre de leur volonté farouche de réformer la France. Nicolas Sarkozy fut un grand homme d'État entre 2007 et 2012, mais on a manqué collectivement, et lui aussi puisqu'il était notre leader, d'audace et de courage pour aller encore plus loin dans les réformes ».  Les deux hommes, en réalité, n’apprécient guère de ne pas être remercié de leur solidarité indéfectible envers leur mentor.

Pas sa présence aujourd’hui à la Fête de la Violette, Nicolas Sarkozy semble avoir compris le message. Un message d’autant plus audible que le discours de l'ex président c'est à nouveau droitisé depuis plusieurs semaines. Ses déclarations remettant en question le droit du sol, qualifiant l'immigration de fuite d'eau, le rapprochent à nouveau des positions idéologiques de la Droite forte au grand dam d'une autre partie de l'entourage du président des Républicains qui estime que la chute dans les sondages de leur poulain est sans doute dû à cette radicalisation. Ils sont quelques-uns, rue de Vaugirard, à défendre l'idée d'une nouveau recentrage, mais cette fois ils ne semblent pas être entendus par l'intéressé.  « Ces propos clivants le font baisser dans les sondages, moi je suis du parti de la modération », confiait mercredi un dirigeant des Républicains. Pas sûr que le discours de Nicolas Sarkozy à La Ferté Imbault soit de nature à le rassurer.

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