Avis de tempête sur l’immigration : pourquoi au temps du Front populaire, Sarkozy serait passé pour un enfant de chœur <!-- --> | Atlantico.fr
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Au temps du Front populaire, Sarkozy serait passé pour un enfant de chœur avec ses idées sur l'immigration.
Au temps du Front populaire, Sarkozy serait passé pour un enfant de chœur avec ses idées sur l'immigration.
©Reuters

Autres temps, autres mœurs

En 1938, le journal Naïet Presse, proche du PCF, publia un article demandant l’arrêt de l’immigration avec ce titre apparemment scandaleux : "c'est complet !". Et ça ne fit pas scandale.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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En ces années-là, les autobus parisiens disposaient d’une plateforme ouverte. A l’arrière, un petit panneau « complet » s’abaissait quand le véhicule était plein. C’est à ça que faisait allusion l’article du journal communiste. Oui, il y avait trop d’immigrés et on ne pouvait plus en accueillir.

En ces années-là, la gauche, PCF en tête, se définissait par un honnête mélange entre internationalisme et patriotisme. Elle militait – eh oui ! – pour la préférence nationale. La CGT exerçait des pressions sur le gouvernement pour qu’il stoppe l’arrivée de travailleurs étrangers. Elle fut entendue : le 11 décembre 1936, Léon Blum signa des décrets limitant leur nombre dans dix secteurs de l’industrie.

En ces années-là, un ministre socialiste de l’Intérieur, Marx Dormoy, pouvait déclarer ce qui suit. Il est vraisemblable que nous aurons affaire non seulement à une masse mouvante plus ou moins indésirable de sans-travail et d’immigrants en quête d’un pays susceptible de les accueillir en leur proposant des moyens d’existence, mais encore à des individus franchement douteux, à la moralité suspecte. Il conviendra donc de refouler impitoyablement tout étranger qui cherchera à s’introduire sans passeport ou titre de voyage.

La gauche de cette époque n’étais ni raciste ni xénophobe. Elle laissait ça à l’extrême droite (autrement plus vigoureuse que Marine Le Pen aujourd’hui) qui hurlait contre la « racaille moldo-valaque » et défilait en criant : « La France aux Français ! » En ces temps-là, une déclaration comme celle de Sarkozy sur la « fuite d’eau » à propos de l’immigration aurait fait, tout au mieux, une brève dans les journaux. La prochaine fois, le président des Républicains, s’il fait un effort pour lire un peu, se contentera, on le souhaite, de reprendre la phrase de Marx Dormoy. Ça criera moins.

En ces temps-là, il y avait déjà beaucoup d’étrangers en France. Environ 3 millions, soit 7 % de la population totale. Un pourcentage jamais dépassé depuis, indique le musée de l’Histoire de l’immigration, une source fiable, puisque bénie par François Hollande qui l’a inauguré. Quels étrangers ? Les données consultables sur le site du musée sont d’une absolue précision.

800 000 Italiens dont de nombreux exilés antifascistes. Des dizaines de milliers d’Arméniens ayant échappé au génocide. 500 000 Polonais avec un pourcentage non négligeable de Juifs fuyant l’antisémitisme de leur pays. Quelques dizaines de milliers de Russes chassés de chez eux par la révolution bolchevique. 500 000 Espagnols, pour la plupart des réfugiés républicains antifranquistes.

Aujourd’hui, comme pendant ces années 30 tant décriées (« les heures les plus sombres », etc.), la population étrangère est toujours de 7 % de la population totale. Pourtant tout a changé. La gauche évidemment. Autre chose aussi. Que nous est-il arrivé ? « Arrivé » a deux sens en français. Ce qui s’est passé. Et ceux qui sont venus. 

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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