Vincent Ricordeau - KissKissBankBank : "Je commençais à 21 ans à prendre la grosse tête" <!-- --> | Atlantico.fr
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Vincent Ricordeau
Vincent Ricordeau
©KissKissBankBank

Série de l'été : ces échecs qui mènent au succès

Monter sa boîte très jeune, c'est certainement la meilleure des écoles. Mais cela n'empêche pas les embûches : Vincent Ricordeau, le co-fondateur de KissKissBankBank, le leader européen du crowdfunding, est passé par là. Il revient sur l'importance de bien choisir, dès le départ, ses associés.

Vincent Ricordeau

Vincent Ricordeau

Co-fondateur de KissKissBankBank, le leader européen du financement participatif, il est aussi à la tête de deux autres sites spécialisés dans le crowdfunding : Hello Merci et Lendopolis

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J’ai monté ma première boîte à 18 ans. Elle s’appelait "les rats musqués" et c’était une société qui organisait des soirées pour étudiants. Le concept plaisait et nous avons connu un succès tel que j’en ai arrêté mes études ! Lorsqu’au bout de trois ans mes deux associés se sont retirés pour se concentrer sur leur carrière professionnelle, j’ai voulu poursuivre l’aventure en transformant notre start-up en une véritable société d’événementiel. C’est ainsi qu’est né "Feat". L’idée était, en plus d’organiser des évènements, de proposer une animation particulière avec mon associé cascadeur. Nous avons remporté de gros contrats très rapidement et je dois avouer qu’à ce moment là, je commençais, à 21 ans, à un peu prendre la grosse tête. Sauf que quand les choses vont si vite, on a tendance à s’emballer, et donc à faire des erreurs. C’est ainsi que l’aventure "Feat" s’est arrêtée après seulement quelques mois d’existence.

"Monter une entreprise, c’est pas s’en mettre avant tout plein les poches"

L’engouement apporté par ce premier succès fulgurant ne m’a en effet pas tout suite fait comprendre le risque que pouvait représenter un mauvais choix d’associé. Car si la dégringolade si rapide de mon entreprise est en partie due à une gestion malhabile de ma part, elle relève aussi de la discordance croissante qui existait entre mon associé et moi même. Très vite, nous avons divergé sur une histoire de valeurs : pour moi, monter une entreprise, ce n’est pas s’en mettre avant tout plein les poches. Je n’ai rien contre le profit, mais il ne doit pas être la seule dimension à envisager. Or l’obsession de mon associé n’était pas la réussite, mais l’argent. Et pour lui, tous les moyens étaient bons pour ça. À partir de là, la pérennité de notre association n’était plus assurée. 

"Quand je crée une nouvelle société, je rédige avec mes associés un manifeste en commun"

Avec la liquidation de Feat, j’ai tiré un enseignement important de cet échec : trouver la bonne personne, c’est avant tout une question de valeurs. Il ne suffit pas de trouver des compétences complémentaires aux siennes. Il faut partager une vision et des objectifs communs : c’est pourquoi, désormais, quand je crée une nouvelle société, je rédige avec mes associés un manifeste en commun, pour être certain d’aller ensemble dans la même direction. C’est ce que je conseille de faire à tout jeune entrepreneur. 

Mais pour s’assurer au maximum de la fiabilité des personnes avec qui l’on monte sa boîte, le mieux reste de s’associer avec sa famille : après Feat j’ai lancé avec mon frère une entreprise de formation qui tourne toujours ; et en 2008, c’est avec ma femme que nous avons mis le pied dans l’aventure KissKissBankBank. Loin de l’emballement excessif et de la précipitation, je n’ai aujourd’hui plus qu’un seul souci, celui de m’associer avec la génération nouvelle, celle qui porte la créativité, et de contre-balancer en apportant la maturité. Ce n’est pas pour rien que l’ensemble des effectifs de KissKissBankBank a moins de trente ans - excepté ma femme et moi-même.

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