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François Hollande usurpe le costume du Père Noël.
François Hollande usurpe le costume du Père Noël.
©Reuters

Editorial

Les deux grands tabous concernant la réforme du marché du travail et la réduction du rythme de l’endettement demeurent comme deux icônes auxquelles on se refuse de toucher. Dès lors, les changements attendus dans la conjoncture n'auront pas lieu.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande bat la campagne comme si les élections avaient lieu demain. Chaque jour, il visite une région ou un pays différents, montrant qu’il est partout comme s’il était devenu indispensable. Il commémore, rend hommage, inaugure sans relâche. Mais il usurpe surtout le costume du père Noël, annonçant de bonnes nouvelles et multipliant les promesses de lendemains qui chantent, quitte à prendre des paris aussi hasardeux que celui de l’inversion de la courbe du chômage que l’on attend toujours.

Ainsi, il annonce une grande réforme fiscale, sous la forme du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, en faisant miroiter la perspective de dispenser les Français d’une année d’imposition, puisqu’ils ne paieraient plus l’impôt avec une année de retard comme c’est le cas présentement. Une idée qui apparaît pour beaucoup comme un serpent de mer et à laquelle Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, apporte un bémol dans une interview aux Echos en soulignant qu’il faudrait l’accomplir au bon moment pour qu’elle puisse entraîner une baisse de la fiscalité, ce qui n’est pas le cas selon lui d’ici la fin du quinquennat. Autre promesse : Internet pour tous, au même titre que l’électricité, avec interdiction de couper la ligne à ceux qui ne paieraient plus leur abonnement.

Au fil des jours, ont peut s’attendre aux initiatives les plus variées. Déjà les fonctionnaires commencent à calculer le montant des augmentations qu’ils devraient percevoir, les éleveurs se voient accorder une part de leurs revendications. On lâche un peu de lest au coup par coup sans mesurer l’incidence sur les comptes publics et une dette qui ne cesse de grossir.

Pour François Hollande, il faut accélérer le rythme, alors que la France perd du terrain sur ses voisins. Il veut avancer. Il presse ses troupes et ne veut plus apparaître comme  l’homme de la synthèse qui laisse seulement  le temps travailler pour lui. Il est vrai qu’il continue d’enregistrer une véritable  paralysie du côté du Parlement. La loi Macron , dont les dispositions  ont déjà été sensiblement amoindries par les députés, a nécessité 437 heures de débats, l’examen de huit mille amendements dont  deux mille ont  été acceptés pour en réduire généralement  la portée. Elle a contraint le gouvernement à passer en force en utilisant le 49-3, qui revient à retirer le pouvoir du Parlement et si tout va bien le texte pourrait être promulgué au cours du mois d’août, l’ensemble des dispositions prévues étant susceptibles d’entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. On mesure la lenteur du processus, d’autant que les dispositions finales ne sont pas à la mesure des enjeux. La montagne a accouché d’une souris.

Il n’y a plus guère aujourd’hui de projets concrets réels dans les tiroirs. L’heure est plus que jamais aux discours, aux intentions. C’est le chœur du gouvernement qui utilise constamment la formule du "il faut faire", "nous voulons" comme s’il s’agissait davantage d’une prière, d’un  souhait, qui ne dépasseront pas le stade des incantations. Car les deux grands tabous concernant la réforme du marché du travail et la réduction du rythme de l’endettement demeurent comme deux icônes auxquelles on se refuse de toucher. Dès lors les changements attendus dans la conjoncture apparaissent seulement comme des miettes. L’Insee a beau annoncer pour la premier fois depuis 2011, une progression homéopathique de la croissance  cette année, celle-ci ne permettra pas de réduire le taux du chômage. Pas étonnant dans ces conditions que l’opinion dans sa majorité continue de se détourner d’un pouvoir politique qui se réfugie dans une palabre usée parce qu’il est le gouvernement de l’impuissance.

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