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Quand des indiens de l'UDI se font parachuter dans le Grand Paris
©Reuters

Jacobinisme français

Le parachutage en politique concerne tous les partis ayant des élus, et les premiers à le déplorer sont souvent des élus de ces propres formations politiques.

Fabrice Haccoun

Fabrice Haccoun

Fabrice Haccoun est vice-président de l’UDI 95, entrepreneur, et magistrat au sein du Conseil des Prud’hommes de Paris. Il est également auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (50eme AED) et membre du Conseil Stratégique pour l’Attractivité.
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 « Les Indiens du Grand Paris », c’est le nom que se sont attribués des élus et des responsables politiques de villes de banlieue appartenant à la grande couronne de l’Ile de France. Ces villes oubliées, victimes du « parisianisme » qui sclérose la vie politique française depuis des décennies.

Ces « indiens du grand Paris », allusion aux indiens d’Amérique regroupés dans des réserves, se sont organisés par département. Ils ont même écrit une tribune. C’est justement en lisant cette tribune (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1380648-tramway-projets-jeux-olympiques-rien-pour-les-banlieusards-tout-pour-les-parisiens.html) que j’ai décidé d’écrire la mienne pour dénoncer la manière dont l’état-major national de l’UDI, fidèle aux vieux démons de l’UDF, continue à faire de la politique, trahissant les engagements de changement pris par son Président.

J’ai découvert qu’il y avait parmi les « Indiens du Val d’Oise » le nom d’une personne totalement inconnue dans le département. Une personne dont je n’ai jamais entendu parler alors que je milite dans le département depuis des années et que je fais partie des instances dirigeantes de la formation. J’ai été à la pêche aux infos pour m’apercevoir que ce Monsieur (contre lequel je n’ai au demeurant absolument rien de personnel) était en fait un parisien opportunément parachuté dans notre département à quelques mois des élections régionales. Qu’il n’avait aucun lien avec notre département et qu’il était pourtant pressenti pour figurer en position éligible (lire 1ere ou 2eme place) sur la liste UDI 95 aux régionales. Le Val d’Oise est encore une fois la variable d’ajustement, l’itinéraire de délestage. Le territoire va servir à placer ceux qui n’ont pas obtenu de place dans leur département. Lors de la précédente régionale déjà, nous avions eu en tête de liste un Isséen. Cette fois-ci ce sera un parisien.

Cette façon de faire de la politique doit cesser, le cynisme doit être désormais combattu. Il n’est plus acceptable que la direction nationale de l’UDI demande aux militants locaux un investissement

toujours plus important et qu’elle parachute des candidats lorsque les échéances arrivent. Chacun des adhérents de l’UDI peut en témoigner : tractage sur les marchés quel que soit le temps et soirée passées en réunion de fédération plutôt qu’en famille sont leur lot quotidien sans compter le temps que passent les responsables locaux à organiser la vie de la fédération. Ils mettent leur connaissance accrue du territoire au profit du mouvement. Ceux qui sont élus s’investissent au détriment de leur travail. Ils financent eux-mêmes leur campagne. Les partis politiques qui les encouragent à se présenter ne paient rien mais récoltent ensuite les subsides publics liés à chaque voix obtenue. Les militants UDI du Val d’Oise se livrent avec mérite à cet engagement mais attendent un minimum de respect et de considération en retour. Or, aujourd’hui c’est le contraire qu’ils récoltent.

Ce Monsieur n’est pas un Indien du Grand Paris mais bien au contraire un Cow Boy. Il vient en effet d’un territoire saturé pour conquérir un autre territoire au détriment des vrais indiens, ceux qui y vivent et se battent pour faire exister l’UDI dans le 95. C’est pour cela que je m’oppose à la candidature d’un extra-Val d’Oisien  a une élection locale telle que les régionales. Nous avons sur place un formidable vivier de candidats potentiels et j’invite Chantal Jouanno à y puiser ceux qui l’accompagneront vers la victoire. J’écris cela d’autant plus facilement que je ne suis pas, moi-même, candidat. L’enjeu n’est pas personnel, c’est une question d’intérêt général. Va-t-on redonner à la politique ses lettres de noblesse ou va-t-on continuer avec les petites manœuvres d’appareils, ces manœuvres qui ont conduit à un divorce entre partis politiques et électeurs.

Les partis français au premier rang desquels le mien doivent changer de logiciel. La France doit être moderne et décentralisée, or les partis qui animent la vie politique sont conservateurs et jacobins. Les entendre prôner le changement c’est un peu comme entendre Sepp Blatter (79 ans, 5 mandats) expliquer a la tribune de la Fifa qu’il incarne le renouveau.

Il est temps d’en finir avec ces pratiques d’un autre âge et de passer enfin de la « copinocratie » à la méritocratie.  Je crois résolument en l’autodétermination des fédérations locales et je le ferai savoir lors des prochaines instances nationales de l’UDI. 

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