Fleur Pellerin, aimez-vous vraiment "Le vagin de la reine" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'oeuvre "Dirty Corner", dit "le vagin de la reine", d'Anish Kapoor.
L'oeuvre "Dirty Corner", dit "le vagin de la reine", d'Anish Kapoor.
©Reuters

Circulez il n'y a rien à voir !

Il s'agit d'une œuvre d'art. Si, si ! Elle est exposée à partir du 9 juin dans les jardins du château de Versailles.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C'est un énorme de machin, long de plusieurs dizaines de mètres. Cela ressemble à un gigantesque entonnoir. Un sonotone à l'ancienne. Un shofar (si on est juif). Pour les réac ça ne ressemble à rien. Mais l'artiste, Anish Kapoor, qui a conçu la chose et qui s'y connaît en féminité, l'a baptisée "Le vagin de la reine" !

Le château de Versailles et les jardins qui l'entourent sont, à ma connaissance, classés monuments historiques. Donc sous la tutelle bienveillante et attentive de la Ministre de la Culture. A l'heure qu'il est Fleur Pellerin n'a rien trouvé à redire au machin et surtout à sa localisation. Peut-être qu'elle trouve ça joli et qu'elle n'apprécie guère Mansard et Le Nôtre?

Pour en savoir plus, car le sujet est d'importance, il faut lire Libération. Et là, d'emblée le ton est donné : ce sont les identitaires, les traditionnalistes, les nationalistes qui protestent contre "Le vagin de la reine". Pour en parler, et pour justifier cette délicate appellation qui transforme M. Kapoor en troubadour des temps modernes, le journal a fait appel à Mme Brugère. Cette dame est "philosophe, professeure (sic) de l'éthique du care, du féminisme et de la philosophie de l'art". Parfaitement qualifiée donc pour parler du vagin et de la création artistique.

Mme Brugère va aussitôt à l'essentiel. Si l'œuvre - c'est le terme qu'elle utilise pour désigner le machin de Kapoor - dérange c'est pour "des raisons politiques". En effet, il y a, c'est toujours elle qui parle, en France des gens qui "éprouvent un attachement nostalgique au pouvoir royal". Et pourtant, se désole-t-elle, "la monarchie a été vaincue" ! Voilà qui est bien vu : on a coupé la tête de Marie-Antoinette et on n'aurait pas le droit de plaisanter sur son vagin ? Nous sommes sur Libération pas sur Gorafi. Mme Brugère est une grande républicaine. Je ne dirais pas une "sans-culottes" de crainte de froisser cette féministe engagée.

Dans la compétition "qui est la plus bête", la journaliste de Libération n'est pas mal non plus. Dans un accès de militantisme flagorneur, elle se demande, et demande à son interlocutrice, pourquoi les symboles "phalliques et virilisques" tels "les obélisques et la Tour Eiffel" ne posent pas de problème alors que la représentation de la sexualité féminine en pose tant. Ca il fallait y penser ! Napoléon en effet n'a pas jugé utile de baptiser l'obélisque de Louxor du nom de "Grand phallus égyptien". Quant à Eiffel il n'a pas, fâcheux oubli, appelé sa tour "Sexe métallique en érection".

Et Fleur Pellerin que pense-t-elle de tout ça ? Si tant est qu'elle pense, ce qui reste à prouver. Son silence est aussi lourd, aussi épais, aussi grand que le machin exposé à Versailles. Qu'elle ne s'étonne donc pas si un jour des identitaires - traditionalistes - royalistes - nationalistes (que sais-je encore ?) viennent nuitamment rue de Valois pour ériger devant son ministère une sculpture la représentant et qu'ils baptiseront "La reine des connes".

P.S : Il est de notoriété publique que Fleur Pellerin n'aime pas lire. Modiano c'est trop long et trop difficile pour elle. Mais là il s'agit juste de quelques lignes. Qu'elle fasse un effort. Qu'est-ce que parler d'un grand artiste, alors qu'il y a encore des gens, des peintres, des "plasticiens" qui s'appellent artistes, qui osent se qualifier ainsi parce qu'ils ne savent tout simplement rien faire d'autre, qu'il y a un "marché", que leur arrogance égale leur absence de talent et leur paresse. C'est de Philippe Muray. Ca été écrit en 1987. Tout était déjà dit sur l'art selon Anish Kapoor.

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