Régionales : Marine Le Pen en plein doute sur sa candidature en Nord-Pas-de-Calais<!-- --> | Atlantico.fr
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Marine Le Pen doit-elle se lancer ?
Marine Le Pen doit-elle se lancer ?
©Reuters

Trop risqué pour 2017

Après Marion Maréchal-Le Pen, Marine le Pen sera-t-elle candidate aux élections régionales ? La présidente du FN hésite, car l’opération est risquée. En cas de défaite, elle débuterait la campagne présidentielle avec un sérieux handicap, mais elle craint aussi d’être accusée d’avoir déserté le champ de bataille.

Christophe Forcari

Christophe Forcari

Journaliste au service politique de Libération Christophe Forcari suit l’actualité du Front National depuis 1999. Il est l’auteur de Le Pen le dernier combat sorti en 2006 aux éditions Jacob Duvernet.

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Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Atlantico : Marion Maréchal Le Pen vient d’annoncer sa candidature pour les régionales en PACA, Marine Le Pen, elle, tarde à se déclarer en Nord Picardie, pour quelle raison hésite-t-elle ?

Christophe Forcari : Cela fait plusieurs mois que la question tarabuste Marine le Pen et son entourage, notamment Louis Alliot, son compagnon, qui est fermement opposé à ce qu’elle se présente dans la région Nord Pas de Calais Picardie où elle a de fortes chances de l’emporter et où ses concurrents redoutent fortement sa candidature. Il pense  qu’en tant que présidentiable, toute son énergie doit être tournée vers 2017. Elle ne doit pas se préoccuper d’une régionale où elle briguerait un poste qui serait inférieur à ses prétentions. D’autant que, même si elle est favorite, il y a toujours une risque de défaite. Or si elle perdait aux régionales de décembre prochain, ça entamerait beaucoup son image de favorite ou du moins de prétendante à l’accession au second tour de l’élection présidentielle.

Christelle Bertrand : Marine Le Pen hésite car elle sait qu’un échec romprait la dynamique présidentielle or elle a déjà un concurrent déclaré en la personne de l’ancien ministre Xavier Bertrand qui va axer toute sa campagne contre elle. Il veut faire de ce combat contre la présidente du FN un marchepied pour sa candidature à la primaire UMP, il veut être le tombeur de Marine le Pen. Il est d’ailleurs en train, notamment,  de concocter un programme économique sur mesure, pour ferrailler contre le FN. Exit le libéralisme traditionnellement de mise à l’UMP, il revoit sa partition qu’il veut plus sociale. La voie laissée à la présidente du FN s’amenuise donc dangereusement.

Mais peut-elle déserter ainsi le champ de bataille et priver le FN d’une possible victoire ?

Christophe Forcari : Ceux qui plaident pour sa candidature disent qu’une victoire pourrait être un formidable marche pied en vue de 2017 mais aussi une formidable occasion de démontrer sa capacité à gérer une région.

Christelle Bertrand : Cette désertion pourrait, en effet, lui être reprochée notamment par les habitants de la région qui constitue l’un de ses bastions. La présidente du FN pourrait être accusée d’avoir abandonné ses électeurs pour satisfaire ses ambitions nationales. Dans une région où la défiance envers Paris est très forte cela pourrait avoir un impact catastrophique. Marine Le Pen pourrait apparaitre comme trop stratège et carriériste, exactement ce qu’elle reproche aux cadres de l’UMP et du PS.

Une défaite serait-elle encore plus dommageable si Marion Maréchal Le Pen l’emportait, elle, en PACA ?

Christophe Forcari : De fait, si Marion Maréchal gagnait en PACA et que la présidente du FN perdait dans le Nord Picardie cela rebattrait une peu la donne. Il ne faut pas oublier que Marion Maréchal est arrivée première du comité central lors du dernier congrès à Strasbourg ce qui démontre une notoriété importante. Or, au sein du FN, la succession des générations s’accélère. Jean-Marie Le Pen est resté 46 ans à la tête du parti, en 2011 il a passé le flambeau à sa fille et en 2015 on a déjà une nouvelle génération qui donne l’impression de bousculer tout ce petit monde. Marion Maréchal Le Pen répond au désir de la base du FN qui ne se retrouve pas dans les positions colbertistes de Marine Le Pen, elle est plus libérale.

Christelle Bertrand : En effet, une victoire de l’une et une défaite de l’autre pourrait signifier que les militants du FN valident la ligne Marion plus libérale en matière économique et plus conservatrice en matière sociale, plus proche du père fondateur, au détriment de la ligne Marine plus sociale et plus interventionniste. C’est exactement ce que cherche à éviter la présidente du FN. Elle veut absolument conserver un équilibre entre les deux lignes du FN afin de ratisser large en vue de la présidentielle.

Le FN traverse une période de turbulence depuis l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, Marien Le Pen peut-elle se permettre d’abandonner la gestion du parti pour mener campagne ?

Christophe Forcari : Cela fait partie des arguments que les opposants à une candidature de Marine Le Pen dans le Nord Picardie posent sur la table, ils expliquent qu’en plus du risque de défaite, la campagne va être extrêmement exigeante en terme de temps, ce qui pourrait empêcher Marine de gérer le parti et de se consacrer à ce qui est le plus important pour elle : la présidentielle de 2017. Après, il y a une autre question qui se pose, c’est celle de son remplaçant. Si elle n’y va pas, qui portera les couleurs du FN ? Il n’y a pas beaucoup de candidats. Celui qui aurait le plus de notoriété c’est Steeve Briois mais il ne veut pas se présenter.

Christelle Bertrand : Marine Le Pen  a, en effet, besoin d’être présente pour ressouder le parti après l’exclusion de son fondateur. Elle doit panser les plaies, retisser les liens. Elle doit aussi penser à 2017 et commencer à travailler ses réseaux, en France et à l’étranger, à réfléchir à un programme.

Jusqu’à quand, Marine Le Pen, peut-elle repousser sa décision ?

Christophe Forcari : Tous les autres partis sont en train de se mettre en branle, elle peut repousser jusqu’au mois de septembre grand maximum.

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