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Marine Le Pen ne sera jamais Fini
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EDITORIAL

La Présidente du FN rêve d'un succès comparable à celui de Gianfranco Fini qui dirige aujourd'hui le parti Futur et Liberté pour l'Italie. Mais un destin similaire semble improbable.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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«Nous arriverons au pouvoir dans les dix prochaines années ». Ainsi, s’exprime Marine le Pen avec l’aplomb qui la caractérise dans le très bon livre de Romain Rosso, La Face cachée de Marine Le Pen (Flammarion, 2001). Qu’est-ce qui autorise la présidente du Front National à se montrer aussi péremptoire ? Essentiellement son envie dévorante d’exercer le pouvoir, envie qui n’habitait pas son père, préférant quant à lui se distinguer dans la dénonciation vindicative et permanente de l’ « établissement ».

Car quand on prend la peine d’étudier ce qui s’est réellement passé dans les pays européens où des partis d’extrême droite ont réussi des percées électorales significatives au niveau national, on constate que rares sont les « arrivés au pouvoir ». Il y a eu, notamment et surtout, le parti neo-nazi de Jorg Haïder en Autriche, qui a participé à la coalition conservatrice de Wolfgang Schussel en 2000. L’aventure s’est mal terminée pour le parti de Haïder, mort quant à lui dans un accident de voiture en 2008.

L’autre exemple cité fréquemment à l’appui de démonstrations sur l’accession fatale de Marine Le Pen à de hautes fonctions est évidemment celui de Gianfranco Fini en Italie. Fini, qui avait pris les rênes du MSI dans les années 80, une formation où pullulaient les nostalgiques du fascisme, a rompu avec la filiation mussolinienne il y a une quinzaine d’années. En 1995, il a créé l’Alliance nationale et participé aux gouvernements Berlusconi II et III jusqu’en 2006. Marine Le Pen réfute elle-même la comparaison, traitant Fini d’ « Eric Besson de Berlusconi (…) vendu à un ultralibéral » (1). Ce disant, la leader frontiste montre d’ailleurs une méconnaissance étonnante de l’échiquier politique européen car depuis 2009, Gianfranco Fini est devenu l’un des opposants les plus virulents à la politique de Silvio Berlusconi qui lui a demandé de démissionner de la présidence de la Chambre des députés. Aujourd’hui, le nouveau parti de Fini, Futur et Liberté pour l’Italie, est devenu une sorte de Modem transalpin, donc très éloigné du MSI du début de son ascension.

Or, Marine Le Pen demeure, jusqu’à preuve du contraire, fidèle au FN de son père, assume son histoire et ses dérapages passés. A l’auteur de ces lignes qui lui demandait il y a quelques semaines pourquoi elle refusait de les dénoncer, elle répondait : « Le respect des parents est bien une valeur judéo-chrétienne, non ?»… Une pirouette. En forme d’aveu d’impuissance.

(1) Extrait d’un entretien datant de mars 2011, soit bien après la rupture entre Berlusconi et Fini, accordé à Romain Rosso dans le cadre du livre cité.

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