Vote des motions : le PS évite l'éclatement... et se met en mode "veille" jusqu'en 2017 <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Christophe Cambadélis.
Jean-Christophe Cambadélis.
©Reuters

ABCD

La motion A, portée par l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste (PS) et soutenue par le gouvernement, a remporté le premier tour du congrès de Poitiers jeudi 21 mai avec plus de 60% des voix, selon les premières estimations. Elle devance la motion B de Christian Paul (qui approche les 30%), qui rassemble les frondeurs et l’aile gauche du parti, la motion D de Karine Berger (autour de 10%) et la motion C de Florence Augier (environ 2%). Les Frondeurs ne feront donc pas trembler l'équipe de Manuel Valls voulue par François Hollande.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le suspens n'aura pas duré très longtemps au siège parisien du Parti Socialiste jeudi soir. Les résultats du vote sur les motions, remontés via les téléphones portables,(nul besoin d'ordinateurs), ont très vite montré l'avance puis l'évidence de la victoire de la Motion A (avec environ 60% des voix), menée par l'actuel Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis. Ce dernier a pu remercier les militants via Twitter avant minuit, en attendant les résultats officiels, communiqués à l'issue de la réunion de la Commission de recollement. Dans ce scrutin militant, le résultat le plus attendu était le score de la motion B, celle des Frondeurs associés à l'aile gauche du parti, motion emmenée par le député de la Nièvre, Christian Paul. Très présents à l'Assemblée et dans les médias, ils incarnent la contestation de la politique économique du gouvernement, jugée trop favorable aux entreprises et pas assez redistributive. Avec près de 30% des voix, les Frondeurs ne feront pas trembler l'équipe de Manuel Valls voulue par François Hollande.

La motion D de la députée des Hautes-Alpes Karine Berger, exprimant une ligne ni tout à fait pour, ni tout à fait contre la ligne majoritaire, ne devrait pas dépasser le cap des 10% des voix. Et enfin avec 2%, la motion C portée par la militant Florence Augier fait de la figuration. Les opérations de vote, souvent entachées de triche au PS, ne seront pas contestées comme ont pu l'être les résultats du congrès de Reims qui avait opposé Ségolène Royal et Martine Aubry en 2008.

Le deuxième round et dernier épisode avant le congrès des 6 et 7 juin se déroulera jeudi prochain avec l'élection du Premier secrétaire, autrement dit de Jean-Christophe Cambadélis qui se verra légitimé (il avait été nommé à la tête du parti après l'échec des municipales et l'exfiltration de Harlem Désir, nommé au gouvernement), à la tête d'un Parti socialiste qu'il rêve de rénover, mais qui est structurellement condamné à ronronner puisque telle est la condition d'un parti au pouvoir. Ces derniers jours, on a même vu naître une querelle picrocholine à propos de l'engagement des ministres sur le texte soumis aux militants. Le fait d'avoir apposé leur signature au bas de la motion les contraindrait à mettre strictement leurs actes en conformité avec les intentions exprimées. L'engagement en question vaudrait aussi pour ceux qui, à l'instar de Martine Aubry et d'autres élus Frondeurs, qui critiquaient l'action du gouvernement et se sont finalement rangés sous la bannière de leurs représentants, en l'occurrence Jean-Christophe Cambadélis. Eternel débat entre les principes et la réalité.

Et pourtant au cours des semaines à venir, les discours enflammés ne vont pas manquer de fleurir sur les ondes et les tribunes. Le Congrès de Poitiers en marquera l'apothéose. Et après ? Jean-Christophe Cambadélis, qui avait organisé les Etats Généraux du Parti et fixé l'objectif de 500 000 adhérents, va se (re)mettre à la tâche, pour tenter de faire renaître la flamme. Car avec un peu plus de 100 000 adhérents à ce jour, le PS se situe à un étiage historiquement bas, dû à la succession d'échecs électoraux, eux-mêmes imputables à l'échec de la politique de François Hollande pendant la première partie du quinquennat. La nomination de Manuel Valls à Matignon a encore aggravé cette désaffection, le Premier ministre incarnant une ligne "droitière" aux yeux des militants, simplement pragmatique pour les observateurs. Mais tout le monde socialiste est appelé à se retrouver pour oeuvrer à la réélection de François Hollande en 2017. Il le fera avec d'autant plus d'ardeur si la situation économique continue de s'améliorer et à produire des résultats perceptibles au-delà des statistiques.

Les contestataires, vent debout contre les aides aux entreprises et le pacte de responsabilité, obtiendront quelques réaménagements dans le dispositif, notamment au niveau de la conditionnalité de l'attribution des aides. Jean-Christophe Cambadélis a déjà clairement indiqué que la phase de "redistribution" va s'ouvrir, relayant ainsi le discours de François Hollande à Carcassonne. Il s'est également engagé à réclamer une réforme fiscale, avec prélèvement à la source. La question fait débat au sein même du gouvernement... Quoique désenchantés ou sceptiques, les militants feront contre mauvaise fortune, face à l'adversité. Mais le parti socialiste saura-t-il ouvrir les portes, attirer de nouveaux adhérents, créer une dynamique, voire se refonder, comme le fait régulièrement la droite ? C'est le challenge de Jean-Christophe Cambadélis : satisfaire une base qui s'impatiente sans gêner François Hollande et Manuel Valls.

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