Guerre à la tête du GSPR : chuchotements, soubresauts et bavures autour de la protection de François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Sophie Hatt, cheffe du GSPR.
Sophie Hatt, cheffe du GSPR.
©Reuters

Insécurité à l'Elysée

Ça tangue au GSPR, chargé de la protection de François Hollande. Selon une règle non écrite, la cheffe du groupe devait quitter ses fonctions début janvier 2015, et être remplacée par son adjoint, un colonel de gendarmerie. Lequel attend toujours le poste pourtant promis par le président. D’où des tensions entre policiers et gendarmes qui composent paritairement le groupe.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Que se passe-t-il au GSPR, autrement dit le groupe de sécurité du président de la République ? Il semble que les relations entre les 30 gendarmes et les 30 policiers chargés de veiller à la sécurité de François Hollande ne soient pas au beau fixe…La cause de cette tension aurait, entre autres, pour origine, la cheffe du GSPR, Sophie Hatt, issue de la police – elle est contrôleur général- qui n’éprouverait pas une tendresse particulière pour les membres de la Maréchaussée. Mais il y autre chose. En principe, il était acquis, depuis l’élection de François Hollande en mai 2012, selon une règle non écrite, que le GSPR devait être dirigé, tantôt par un policier, tantôt par un colonel de gendarmerie. Le système devait être le suivant : à mi –mandat du président, -soit deux ans et demi- le titulaire du poste devait laisser le poste à son adjoint.

Or, c’est là où le bât blesse, Sophie Hatt, chef du GSPR depuis juin 2012, qui eut en charge jadis la sécurité de Lionel Jospin à l’hôtel Matignon, devait quitter ses fonctions au début 2015. Tout était parfaitement huilé : à l’automne 2014, le colonel de gendarmerie Lionel Lavergne, ancien du GIGN, arrivant de Haute-Corse où il était patron du groupement de gendarmerie, avait été nommé adjoint de Sophie Hatt et désigné pour lui succéder au début de l’année 2015. Le colonel avait eu un entretien avec François Hollande. Lequel avait donné son feu vert à la nomination de l’officier supérieur de gendarmerie. Près de cinq mois ont passé. Rien n’a changé. Lionel Lavergne occupe toujours le poste d’adjoint de la patronne du GSPR, se demandant ce qu’il faisait là… alors qu’il  aurait pu obtenir une autre promotion à son départ de Corse.

Quant au président de la République, visiblement ses ordres n’ont pas été suivis d’effet. Aurait-il changé d’avis ? Le ministère de l’Intérieur dont dépend Sophie Hatt attend-il de la promouvoir à un très beau poste dans la police ? Toujours est-il que cet attentisme crée un malaise incontestable au sein du GSPR. D’autant que même si la patronne est considérée comme une excellente professionnelle, mais peu aimable, dit-on, avec les gendarmes- le tandem qu’elle est censée former avec le colonel Lavergne connait des ratés- quelques faux pas, plutôt des failles dans le dispositif de sécurité de François Hollande ont fait jaser. Mais surtout suscité quelques moqueries dans l’opinion et les médias. Est-il normal, par exemple, que le chef de l’État, ait pu être pris en photo, casque sur la tête, à côté de son scooter, en train de se rendre chez Julie Gayet rue du Cirque à quelques 150 mètres de l’Élysée ?

Car enfin, le président se trouvait seul, sans protection, pas à l’abri du geste d’un détraqué mental…Est-il normal, qu’en plein cœur du Palais présidentiel, une photo ait pu être prise d’un étage d’où l’on peut apercevoir le président et l’actrice en train de deviser au tour d’une table dans les jardins de l’Élysée ? Évidemment non… Mais là nous sommes en présence du manque de loyauté d’un membre du personnel de l’Élysée. A une ou deux reprises encore, il semble que le Président, lors de déplacements en France, ait échappé, ne serait- ce que quelques instants, à la vigilance des services de sécurité.


Il est grand temps qu’une décision soit prise au sujet du commandement du GSPR. Fondé en 1983 à l’initiative du commandant Christian Prouteau, - à l’époque, François Mitterrand était obsédé par le syndrome Allende- le groupe de protection du chef de l’État, composé uniquement de gendarmes, a plutôt bien fonctionné, la sécurité de François Mitterrand étant bien assurée, comme en témoigne le secret qui pendant des années a entouré l’existence même de Mazarine. Avec Jacques Chirac, arrivé à l’Élysée en 1995, le GSPR est devenu mixte dans sa composition : moitié de policiers, moitié de gendarmes. Avec l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007, ce fut la révolution puisque le nouveau président, qui ne portait guère la gendarmerie dans son cœur, mais en pinçait beaucoup pour la police, décidera que le GSPR serait composé à 100% de policiers. Avec François Hollande, l’équilibre sera rétabli. Plus de trente ans après sa création, il serait dommageable – surtout à un moment où le terrorisme ne cesse de menacer notre pays- que le GSPR connaisse quelques soubresauts bien inutiles. Avec le risque de négliger la sécurité du chef de l’État.

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