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Comment en finir avec ce "libéralisme à la française" qui maintient aujourd’hui le pays et les Français dans la crise
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Bonnes feuilles

Si la France est aujourd’hui en crise, c’est parce qu’elle s’est enlisée depuis trente ans dans le libéralisme. Car, la France, malgré ses dépenses publiques records et son droit du travail pléthorique, est bel et bien libérale. Extrait de "En finir avec le libéralisme à la française", de Guillaume Sarlat, publié chez Albin Michel (1/2).

Guillaume Sarlat

Guillaume Sarlat

Polytechnicien et Inspecteur des Finances, Guillaume Sarlat, a fondé et dirige à Londres une société de conseil en stratégie aux entreprises.

 

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La France est en panne de croissance et de progrès social depuis de longues années. Les administrations sont lourdement endettées. Par ailleurs, les fractures sociales dans la population française, entre les territoires, entre les catégories socioprofessionnelles, suivant les convictions sociétales, etc., sont largement visibles ces derniers mois : Manif pour tous, Bonnets rouges, Printemps français, mouvements écologistes radicaux…

 Au vu de cet état de fait, beaucoup concluent aujourd’hui que la France serait au bord du gouffre et d’une explosion économique et sociale prochaine.

Souvent, ceux qui font ce constat s’en réjouissent d’ailleurs à demi-mot, car ils pensent que la France ne sait se réformer que dans la crise, par des mesures brutales, de la dernière chance. Les Français seraient en effet soi-disant restés marqués par l’expérience de la Révolution française et ne concevraient donc pas d’évolution progressive, au contraire par exemple du Royaume-Uni ou de l’Allemagne.

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Mais sur le plan financier, la politique monétaire irresponsable de la BCE protège la France de tout décrochage économique à court terme, grâce aux liquidités colossales mises en circulation.

Et la France n’est pas non plus au bord du gouffre sur le plan social.

Certes les tensions au sein de la société française sont tout à fait réelles. Certains pensent être victimes du système, alors que d’autres ont le sentiment plus ou moins conscient d’en profiter.

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Mais au final, qui a aujourd’hui véritablement intérêt à une crise sociale et à une remise en cause de ce système où coexistent une économie très libérale et un espace social où sont pris en charge les exclus du système ?

Les dirigeants des multinationales, qui profitent de l’endogamie protectrice de l’establishment français ?

Les cadres et professions intermédiaires, qui voient leurs impôts augmenter chaque année et leurs perspectives d’ascension sociale, ainsi que celles de leurs enfants, se boucher, mais qui travaillent 35 heures par semaine, bénéficient de neuf voire dix semaines de congés payés par an, et peuvent contourner l’insécurité grandissante et des services publics en chute libre en se regroupant dans des ghettos ?

Ou peut-être les salariés les moins qualifiés, avec un salaire minimal parmi les plus élevés du monde ? Les chômeurs, qui bénéficient d’un des dispositifs d’indemnisation les plus favorables d’Europe ?

Et même les titulaires des minima sociaux, qui dépendent du maintien de ces dispositifs pour vivre et ne savent pas par quoi ils pourraient être remplacés ?

La France est certes en crise, avec des situations individuelles très contrastées et parfois dramatiques, mais personne n’a individuellement intérêt à une rupture brutale.

La France a donc aujourd’hui une opportunité historique d’infléchir son modèle, progressivement et sans rupture brutale, sans en appeler à la révolution.

Mais pour sortir ainsi sans heurts du libéralisme à la française qui maintient aujourd’hui le pays et les Français dans la crise, encore faut-il renouveler les modalités d’intervention de l’État. La transition ne se fera pas par des injonctions ou par des interdictions catégoriques, mais par des incitations.

Extrait de "En finir avec le libéralisme à la française", de Guillaume Sarlat, publié chez Albin Michel, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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