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Le Pape peut-il sauver le monde 
de la crise économique ?
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Le Saint-Siège a annoncé mercredi qu'il allait présenter ses idées de réforme du système financier international, en proposant la mise en place d'une "autorité publique à compétence universelle".

Jacques Bichot

Jacques Bichot

Jacques Bichot est Professeur émérite d’économie de l’Université Jean Moulin (Lyon 3), et membre honoraire du Conseil économique et social.

Ses derniers ouvrages parus sont : Le Labyrinthe aux éditions des Belles Lettres en 2015, Retraites : le dictionnaire de la réforme. L’Harmattan, 2010, Les enjeux 2012 de A à Z. L’Harmattan, 2012, et La retraite en liberté, au Cherche-midi, en janvier 2017.

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« Le Pape, combien de divisions ? » demandait Staline. « Le Pape, combien de milliards ? », pourrait demander le président de la BCE (banque centrale européenne) ou celui de la Fed – la banque centrale américaine. Mais ce ne sont pas des chars et des avions qui ont mis à bas le régime communiste en URSS, et ce ne sont pas des milliards qui sont requis pour remettre de l’ordre dans la finance, dont la maladie se propage à l’économie, du moins dans les pays anciennement développés.

Le choix entre mensonge et vérité

Alors, qu’est-ce qui importe ? Dans les deux cas, le communisme et la finance en folie, c’est le choix entre le mensonge et la vérité. Les Polonais, les Russes, les Tchèques, etc., en ont eu assez de vivre sous le règne du mensonge, et le régime qui s’était construit sur ce sable s’est effondré. Tout comme s’effondrent aujourd’hui les dettes publiques des pays dont les gouvernants ont essayé de faire croire aux citoyens que l’on peut dépenser 100 en services publics et prestations sociales en ne prélevant que 90, voire 80 ou 70.

La gangrène qui ronge la finance, et qui menace de se propager à de nombreuses et importantes économies, c’est le mensonge. Les fameux « subprimes », ces prêts immobiliers accordés à des ménages aux revenus visiblement insuffisants pour rembourser, des ménages victimes (parfois consentantes) du miroir aux alouettes de plus-values immobilières indéfinies, qu’était-ce sinon des bobards ? Les obligations résultant de leur titrisation, affublées d’un "triple A" alors qu’elles étaient dès l’origine à moitié pourries – des  « junk bonds » -  qu’était-ce sinon des tromperies ? 

Les actifs « toxiques » qui encombrent les bilans de diverses institutions, après avoir été présentés à leur naissance comme des merveilles d’ingéniosité financière, qu’était-ce sinon des duperies ?

Et le Pape, dans tout ça ?

Il ne va certes pas dicter aux spécialistes des règles miraculeuses permettant d’assainir le système monétaire et financier, voire de le reconstruire. A chacun sa spécialité. La sienne, c’est de faire connaître aux hommes un être, à la fois humain et divin, qui s’est identifié à la vérité. C’est de faire connaître un livre, la Bible, qui montre comment les hommes ont pris progressivement conscience du respect qu’ils se doivent les uns aux autres comme enfants d’un même Père. Or le respect du prochain, l’amour du prochain, requièrent la recherche de la vérité. Il se trouve que le Pape actuel, Benoit XVI, a justement écrit un beau texte à ce sujet : « La charité dans la vérité ».

Jésus, et les Papes qui lui ont été fidèles, n’ont jamais rien imposé : le respect de la liberté de l’homme est un principe pour lequel Jésus a accepté le supplice de la Croix. Mais ils proposent aux hommes une forme de changement qui vient de l’intérieur : la conversion. Le monde de la finance a besoin de se convertir.

Ses acteurs sont comme Zachée sur son arbre : ce collecteur d’impôt devait, à l’instar de beaucoup d’autres, demander aux contribuables davantage que leur dû, pour s’enrichir au passage. Or voici que Jésus le regarde et lui demande de l’accueillir dans sa maison. Et Zachée l’accueille, et décide de réparer le tort qu’il a fait. Il aurait pu ne pas le faire, rien ne l’y obligeait, mais il l’a fait. Il s’est converti.

Si un bon nombre d’acteurs de la finance grimpent sur des arbres pour apercevoir Jésus, et  réagissent comme Zachée, alors de grands changements se produiront et on pourra dire, comme dans cet épisode de la vie de Jésus : « aujourd’hui le salut est venu dans cette maison ».

Voilà tout ce que le Pape et celui qui l’envoie en mission peuvent faire pour les hommes qui souffrent de la crise économique. Ce n’est rien de plus que la parabole du grain de sénevé, la plus petite de toutes les graines : elle peut pourrir en terre, ou bien devenir un très bel arbre. Entre le bien et le mal, la vérité et le mensonge, les hommes sont libres de choisir.

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