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Ce qui ne tue pas rend plus fort
Pourquoi les virus nous rendent plus intelligents
Selon une étude publiée par une université suédoise, des virus rentrant en interaction avec nos gènes peuvent développer nos capacités cérébrales, et donc notre intelligence.
Atlantico : D'après une étude publiée par l'université suédoise de Lund, des rétrovirus endogènes parviendraient à interférer avec les gènes constitutifs du cerveau, ayant pour conséquence d'améliorer nos capacités cérébrales, et donc notre intelligence. Comment fonctionne ce mécanisme ?
Guillaume Bourque : La majorité du génome est constitué d’ADN non-codante qui, plutôt que d’encoder des gènes, influence le niveau d’expression des gènes. Les rétrovirus qui ont la capacité de faire des copies d’eux même dans le génome ont aussi de cette façon la capacité de modifier le niveau d’expression des gènes entourant les sites d’insertion. L’étude en question montre que des vielles insertions de virus ont cette capacité d’influencer les gènes exprimés dans le cerveau.
Dans quelle mesure ces virus "extérieurs" ont-ils une influence sur notre intelligence ? Celle-ci vient-elle autant de ces virus que de nos gènes familiaux ?
Leur découverte consiste à montrer que ces insertions influencent le niveau d’expression des gènes du cerveau. L’intelligence est un phénotype difficile à mesurer… Les chercheurs achèvent d'ailleurs leur article de présentation en disant simplement que plus d’études sont nécessaires pour démontrer l’impact réel de ces insertions de virus.
Sait-on quels sont les facteurs extérieurs qui favorisent l'existence de ces virus, et leur action sur nos gènes ? Qu'est-ce qui nous amène à y être exposés ?
Ce type de virus a une relation parasitique avec nous. Ils s’insèrent dans nos génomes car c’est une façon efficace pour eux de se reproduire et donc de rester en “vie” à travers les générations. Quand ils ont été découverts ils ont même été surnommés “junk DNA” ("ADN gadget") parce qu'il n’était pas clair s’ils jouaient un rôle quelconque chez l’humain. La découverte dont il est question est un autre exemple, qui s’ajoute maintenant à une assez longue liste, qui démontre que même si ces séquences ADN sont parasitiques, elles ont probablement acquis un role important dans ce cas-ci pour l’expression des gènes du cerveau.
Quelles voies ces découvertes ouvrent-elles concernant le traitement de maladies cérébrales à facteur génétique avéré comme les tumeurs du cerveau, les maladies mentales ou les maladies neurodégénératives ?
C’est encore un peu tôt pour le dire mais il est clair que de mieux comprendre le role de ces régions du génome permet de mieux anticiper ce qui peut se passer dans le cas de dérèglements. Il y a de bonnes chances que ce processus, s’il n’est pas bien contrôlé, possiblement à cause de mutations génétiques, puisse causer des maladies graves. Si c’est le cas, bien comprendre la cause de ces maladies est souvent la première étape importante nécessaire au développement de nouvelles thérapies.
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