Vian Dakhil, la femme la plus recherchée d'Irak pour avoir osé défier l'Etat islamique<!-- --> | Atlantico.fr
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Vian Dakhil vient en aide des femmes et jeunes filles yazidies victimes des attaques de l'Etat islamique.
Vian Dakhil vient en aide des femmes et jeunes filles yazidies victimes des attaques de l'Etat islamique.
©Reuters

Marianne

Depuis quelques mois, les terroristes du groupe sèment la terreur parmi la communauté kurdophone des Yézidis, victime d'enlèvements, de viols et de persécutions. Une femme en Irak a osé s'élever contre ces massacres, ce qui fait d'elle une cible toute trouvée pour les djihadistes.

Vian Dakhil, un nom presque inconnu mais qui en Irak est synonyme de lutte. En Occident, elle est la voix pour dénoncer les exactions commises contre la communauté yazidie par l'organisation Etat islamique dans le nord-ouest du pays. En octobre dernier, l'organisation Raw in War lui remettait même le prix Anna Politkovskaïa, du nom de la journaliste d'investigation russe tuée en 2006 à Moscou, et qui récompense l'action de femmes pour défendre les droits des victimes en zone de conflit.

Cet engagement, Vian Dakhil, 43 ans, seule représentante politique des Yézidis au Parlement irakien, pourrait aujourd'hui le payer de sa vie. "S'ils me capturent, ils m'exécuteront immédiatement", résume-t-elle simplement. Ils? Les djihadistes de l'EI qui en ont fait leur principale cible alors que l'élue s'est engagée à coups de discours émouvants devant la représentation étatique, notamment après le massacre du Mont Sinaj en août dernier où elle finissait en larmes sa déclaration. Elle y dénoncait "la campagne génocidaire mise en place contre les Yazidis". "J'ai reçu des avertissements des autorités pour me signaler que j'étais désormais la femme la plus recherchée en Irak par l'EI", rapporte-t-elle.

Elue au Parlement pour la première fois en 2010, Vian Dakhil a été réélue pour un second mandat de quatre ans en avril dernier, faisant d'elle la seule femme représentante de la minorité yazidie. Son attachement à cette province, elle la tient de sa famille. Née au Mont Sinjar, elle avait émigré en 1974 à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Dans sa jeunesse, elle décide de ne pas emprunter le parcours familial qui aurait dû faire d'elle un médecin. Elle décide de se consacrer  aux "droits des minorités".

Début août, les Yézidis, considérés par les uns comme des adorateurs du diable ou par les autres comme des païens, était victime d'un véritable massacre perpétré par l'organisation Etat islamique. Vian Dakhil n'hésite alors pas à monter dans un hélicoptère de l'armée irakienne pour venir en aide aux rescapés, assiégés par les terroristes de l'EI. Dans la détresse, ces populations ont tenté de s'accrocher à l'appareil, provoquant son crash, dans lequel la femme politique a été blessée. Pas question pour elle de cesser pour autant son combat: "Dans cette situation, je ne peux pas penser aux menaces contre ma propre vie", confie-t-elle. 

Vian Dakhil a fait circuler son numéro de téléphone privé pour que des victimes d'enlèvements puissent tenter de la joindre. A chaque appel, elle essaie de déterminer leur emplacement puis alerte les Peshmergas, ces combattants kurdes en Irak. Elle prévient également un petit réseau de résistants qui oeuvrent à la libération des Yazidis aux mains de l'Etat islamique. Même si l'élue s'agace de ces libérations au cas par cas, elle peut tout de même se satisfaire du sauvetage de 200 jeunes filles parfois grâce à son aide.

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