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Et pour vous Alexandre Adler, s’il n’y avait qu’une idée à retenir de 2014, ce serait laquelle ?
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Le renouveau du Moyen-Orient

Pour l'historien et le spécialiste des relations internationales, l'année 2014 a été marquée par la naissance d'une "coalition anti-islamiste dans le monde musulman". Cette dernière marque le processus de plus en plus visible d'une autonomie musulmane politique, à rebours des nombreuses considérations paternalistes des observateurs et décideurs occidentaux à leur égard.

Alexandre Adler

Alexandre Adler

Alexandre Adler est historien et journaliste, spécialiste des relations internationales.

Il est l'auteur de Le monde est un enfant qui joue (Pluriel, 2011).

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Atlantico : Si vous ne deviez retenir qu'une seule idée de l'année 2014, quelle serait-elle ?

Alexandre Adler :  Elle serait sans doute la naissance d'une coalition anti-islamiste importante dans le monde musulman, déterminée par cinq points forts :

  • L'avance inexorable de l'Iran vers un accord nucléaire avec les Etats-Unis ;
  • La mobilisation de plus en plus "militaire" de l'Iran contre Daesh ;
  • La solidité d'un axe Egypte – Arabie Saoudite dirigée contre les Frères Musulmans un peu partout dans la région du Moyen-Orient ;
  • La spectaculaire élection démocratique tunisienne qui éconduit définitivement le parti islamiste Ennahdha ;
  • La déclaration de guerre des Talibans, après l'attentat de l'école de Peshawar au Pakistan, contre l'armée pakistanaise.

On peut rajouter également l'évolution actuelle de l'Algérie qui est un soutien croissant dans la lutte anti-islamiste.

L'ensemble de ces points permettent de réunir les conditions politiques d'une victoire sur l'islamisme radicale dans toutes ses formes. Pour citer le Winston Churchill de 1943 : "Ce n'est pas encore le commencement de la fin mais c'est la fin du commencement".

>> Lire également Et pour vous Chantal Delsol, s'il n'y avait qu'une idée à retenir de 2014, ce serait laquelle ?

Que révèle la naissance d'une "coalition anti-islamiste dans le monde musulman" sur les relations diplomatiques entre les différents pays concernés ainsi que sur notre société ?

Cette coalition démontre que les musulmans finissent par trouver eux-mêmes des solutions, sans avoir besoin d'être guidés comme des enfants. Avec un paternalisme suranné, beaucoup de spécialistes ont pensé que le monde musulman avait toujours besoin d'être aidé, voire patronné.

Or, c'est contre l'aveu des américains que les mouvements populaires égyptiens et le Maréchal Tantawi ont chassé les frères musulmans. C'était à la surprise du politiquement correct français que le retour d'Habib Bourguiba s'est effectué en Tunisie ; et c'est contre toutes les opinions autorisées que Bachar Assad est finalement parvenu tant bien que mal à demeurer au pouvoir, en fédérant toutes les minorités menacées autour de l'Etat Syrien. C'est une surprise et c'est une excellente surprise.

Quelles peuvent-être l'évolution et les conséquences d'une "coalition anti-islamiste" en 2015 ?

Si la Russie, qui se trouve aujourd'hui dos au mur, n'a pas la tentation de saboter la négociation nucléaire avec l'Iran, nous devrions avoir – après le Big Bang cubain du mois de décembre – un second Big Bang iranien vers le mois de mars. Il ouvrirait une nouvelle ère dans tout le Moyen-Orient.

Autrement dit, le grand sujet de crainte pour 2015 se situe bien en Europe : faiblesse des gouvernements, incapacité de prises de décision et faiblesse persistante de l’Euro sur la base d'une stratégie économique de plus en plus vide de sens, avec la présence d'une Marine Le Pen et d'autres homologues européens à l'affût nihiliste de nos faiblesses…

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