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Pourquoi la chute des prix de l’immobilier condamne l’espoir d’un retour de la croissance
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Editorial

Le placement immobilier ne fait plus recette et les objectifs chimériques de construction de cinq cent mille logements sont depuis longtemps abandonnés. C’est d’autant plus grave que la construction est le premier secteur créateur d’emplois dans une économie dynamique.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Jamais les taux de crédits n’ont été aussi bas en France : on peut emprunter à 2,3% aujourd’hui et pourtant le secteur de l’immobilier fait grise mine. Pour la troisième année consécutive, les prix sont orientés à la baisse, un mouvement qui est même en cours d’accélération si l’on en croit la dernière analyse effectuée par les notaires.

En fait la France est entrée depuis le deuxième trimestre 2012 dans un cycle baissier qu’elle avait déjà connu à partir de 1981 lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterand et qui s’était renouvelé onze ans plus tard et avait duré cinq ans. Aujourd’hui, la situation est bien différente, car elle se produit dans une période où la croissance a disparu, à l’inverse des époques précédentes et ou le pouvoir d’achat est en berne. Seuls quelques ilots résistent comme l’Ile-de-France, en raison d’un afflux d’acheteurs étrangers à Paris, ou de certains engouements comme  celui qui affecte la ville de Bordeaux où les prix ont progressé de six pour cent en un an. Mais globalement, c’est la sinistrose qui l’emporte avec un repli de 1,9% du prix des appartements en moyenne nationale sur un an, avec une tendance à l’accélération de la baisse au quatrième trimestre. Certes, on note une légère remontée du nombre de transactions, mais celles-ci portent sur des biens plus modestes de sorte que globalement le chiffre d’affaires de l’immobilier se réduit. Et surtout, on note une chute brutale dès qu’on s’éloigne du centre des grandes agglomérations. Celle-ci atteint facilement dix à quinze pour cent tandis que la durée de négociation ne cesse d’augmenter. Au risque de développer une certaine désertification dans les régions.

Rien ne permet de prévoir pour l’instant un renversement de tendance. A Paris même, les prix devraient rester au-dessous de la barre des huit mille euros le mètre carré, tandis qu’en province, la tendance baissière va se poursuivre. Car le carcan qui bride le marché immobilier est toujours présent.  Les normes sont de plus en plus contraignantes. Les droits de mutation viennent d’être majorés. Les impôts locaux s’alourdissent sans cesse. Les loyers font l’objet d’un encadrement qui éloigne les investisseurs du secteur locatif. Il est toujours aussi difficile de trouver des terrains à bâtir en raison de la mauvaise volonté des maires à agir dans ce domaine. D’une façon générale, le placement immobilier ne fait plus recette en raison de son faible rendement : parmi les biens réels, on préfère aujourd’hui les forêts ou les terres agricoles.

Dans ce contexte, les mises en chantier diminuent et les objectifs chimériques de construction de cinq cent mille logements sont depuis longtemps abandonnés. Le gouvernement annonce régulièrement des trains de mesures pour tenter de relancer le secteur, mais il ne s’agit que de broutilles, incapables de renverser la tendance, car il refuse toujours de prendre le dossier à bras le corps. C’est d’autant plus grave que la construction représente un secteur névralgique, car il est le premier créateur d’emplois dans une économie dynamique.

La France s’interdit ainsi d’utiliser une des seules armes qui lui auraient permis de sortir le pays du marasme et de lui donner un peu d’espoir. La morosité de l’immobilier va au contraire peser sur la conjoncture, au moment  même où les spécialistes annoncent  un ralentissement général en Europe. C’est dire que les prévisions gouvernementales de reprise vont s’estomper rapidement et que le problème du déficit et de la dette va revenir d’une manière cruciale d’ici l’échéance de printemps avec nos partenaires européens.

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