La tuberculose n'est pas de retour, elle n'a jamais été éradiquée ! <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
La tuberculose n'est pas de retour, elle n'a jamais été éradiquée !
©

Maladies infectieuses

Grâce à un dépistage récent, les autorités sanitaires ont pu diagnostiquer une vingtaine de cas de tuberculose en Seine Saint-Denis. Comment expliquer la résurgence et la propagation de cette maladie?

François Bricaire

François Bricaire

François Bricaire est un médecin. Il est chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Il est professeur à l'Université Paris VI-Pierre et Marie Curie.

 

Voir la bio »

Atlantico : Y a-t-il matière à s’inquiéter lorsque l’on découvre une vingtaine de cas d’une maladie assez contagieuse comme la tuberculose ?

François Bricaire : On doit considérer que c’est un problème important. C’est une maladie contagieuse, présente partout dans le monde, et même dans un pays comme la France. Et il suffit qu’il y ait des conditions de vie dégradées pour qu’un malade tuberculeux en contamine d’autres.

Y a-t-il en général une recrudescence de cas ?

Non, mais il y a actuellement toujours nombre de cas de tuberculose, et en particulier en Ile-de-France et à Paris. C’est dû au fait qu’il y a une population importante, avec une présence forte immigrés qui viennent de pays où la tuberculose sévit, et en outre le fait que des foyers y sont en mauvaises conditions d’alimentation, d’habitat, de moyens de subsistance, peut-être un peu plus qu’ailleurs.

Les facteurs sociaux (pauvreté, malnutrition, hygiène… ) jouent donc un rôle déterminant ?

Oui, c’est connu depuis longtemps. Tout ce qui collabore à détériorer l’hygiène mais surtout l’alimentation, les conditions de vie, et même l’aspect psychologique. Les personnes en difficulté psychologique sont beaucoup plus sensibles à l’apparition d’une tuberculose.

L’aspect psychologique ?

Oui, ceux qui ont une existence difficile, voire malheureuse, sont dans un état plus propice à l’apparition d’une tuberculose.Laennec, qui s’est occupé de tuberculose (il en est d’ailleurs décédé), écrivait qu’il voyait beaucoup de pathologies tuberculeuses chez les jeunes filles de bonne famille qui s’ennuyaient. Et cet élément d’ennui, qui aboutissait à les faire déprimer, favorisait l’apparition de la tuberculose.

Plus clairement, quelqu’un au chômage et souffrant de mauvaise alimentation ou bénéficiant d’une hygiène insuffisante, aura plus de risques d’attraper la tuberculose ?

Absolument. Ce sont malheureusement les conditions favorables à l’éclosion d’un foyer tuberculeux.

De manière plus générale, peut-on assister réellement à un retour, dans nos sociétés occidentales, de maladies dites « anciennes », qu’on pensait avoir éradiquées ?

Ce n’est pas impossible, d’abord parce qu’il existe un aspect décrit depuis longtemps : le caractère parfois cyclique des maladies infectieuses. En outre on contrôle ces maladies par divers moyens, et si ces moyens se relâchent, alors ces maladies peuvent réapparaître. L’un de ces moyens est la vaccination. Quand on lâche la vaccination antidiphtérique, ce qui n’a jamais été fait en France, mais dans d’autres pays, on voit réapparaître la diphtérie. Dans le cas de la tuberculose, la paupérisation dans le monde ne peut être qu’un facteur favorable à voir le nombre de tuberculeux augmenter, si on ne prend pas des mesures par ailleurs pour éviter qu’elle ne s’exprime.

Justement, en parlant de vaccination, le vaccin par le BCG contre la tuberculose n’est plus obligatoire. Comment expliquer cet « abandon » partiel ?

Ce vaccin n’est pas parfait, c’est-à-dire qu’il n’assure pas une protection de très haute qualité ou absolue. C’est la raison pour laquelle il a été discuté, contesté, et surtout hors de France. Des pays ont décidé d’abandonner le BCG, d’autres ne le font d’ailleurs pas du tout. Ainsi, à la lumière d’études, de réflexions nationales et internationales, la France a décidé d’alléger le système, de considérer que lorsqu’il y avait un risque faible, dans la population, de voir survenir une infection tuberculeuse, on ne rendait plus obligatoire son vaccin. En France, l’obligation qui a été lâchée est néanmoins assortie de mesures complémentaires où la vaccination est vivement conseillée, et où elle doit être exécutée dans les zones à haute prévalence de tuberculose, comme justement l’Ile-de France, une zone où habitent de nombreux immigrés d’Afrique, d’Asie, et d’autres pays européens…

Ces maladies existant depuis longtemps évoluent, changent ?

La tuberculose n’a jamais été éradiquée. Elle a baissé, elle est partiellement contrôlée. Des maladies ont été éradiquées : la variole, la poliomyélite sans doute un jour. La tuberculose, non. Elle a été diminuée dans certains pays, mais elle remonte avec l’apparition du SIDA, les facteurs de paupérisation… Elle est un sujet de préoccupation, pour certaines zones géographiques de France qui sont à haut risque, dont l’Ile de France et certains départements d’Outre-Mer.

C’est une maladie difficile à contrôler, s’il y a un problème, d’autant plus que certains bacilles tuberculeux deviennent parfois moins sensibles ou plus résistants aux antibiotiques.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !