Coup de théâtre dans l’affaire Bettencourt : l’ex-comptable de Liliane, Claire Thibout mise en examen pour faux témoignage <!-- --> | Atlantico.fr
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Claire Thibout.
Claire Thibout.
©Reuters

Justice

Rebondissement spectaculaire de l’affaire Bettencourt : l’accusatrice de Nicolas Sarkozy, François-Marie Banier et Patrice de Maistre a été mise en examen jeudi 27 novembre pour faux témoignage.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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A y regarder de près, c’est un sacré coup de théâtre qui vient d’avoir lieu dans l’affaire Bettencourt avec la mise en examen par le juge Roger Le Loire, jeudi 27 novembre, pour faux témoignage de Claire Thibout, l’ex-comptable de la riche héritière. Le juge a estimé que pesaient sur cette dernière des "indices graves et concordants" de mensonge.  Selon l’article 434-13 du Code pénal, le faux témoignage est punissable d’une peine de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Ce coup de théâtre risque de porter un coup au juge bordelais Jean-Michel Gentil qui a instruit ce feuilleton. En effet, outre des faits précis - les enregistrements clandestins effectués par le majordome qui révélaient que Mme Bettencourt possédait une île, disposait de comptes bancaire bien garnis à l’étranger et adorait François-Marie Banier - l’affaire reposait sur des témoignages. Notamment celui de Claire Thibout. C’est elle qui affirmait avoir été à la BNP pour retirer 150 000 euros qu’elle devait remettre à Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt… Lequel devait à son tour le remettre à Eric Woerth, trésorier d'alors de l'UMP… Lequel devait en faire profiter le candidat  à la présidentielle de mai 2007 Nicolas Sarkozy. Or Claire Thibout a donné des versions différentes sur ces remises d’argent. Mais l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine a bénéficié d’un non-lieu après avoir lanterné. Aujourd’hui, au moment où a lieu l’élection à la présidence de l’UMP, il doit boire du petit lait... Une seconde fois. Même si la mise en examen de Claire Thibout ne concerne pas le volet du financement présumé illicite du candidat Sarkozy.

François-Marie Banier, l’écrivain-photographe qui a bénéficié des faveurs de la riche héritière, jalousé par son personnel, principalement par Claire Thibout, doit lui aussi boire du petit lait. En septembre 2008, elle accusait Banier qui se trouvait à Venise avec Mme Bettencourt d’avoir soustrait une importante somme d’argent. Or, c’était faux. Cette somme avait servi à acheter quelques bijoux de luxe. Patrice de Maistre, lui aussi, doit être soulagé. Soupçonné de s’être servi sur les fonds de Mme Bettencourt. Certes, il aurait bien voulu se voir offrir par le bateau à 5 millions de francs promis par l’actionnaire principale de l’Oréal… Mais il n’avait rien chapardé. Ces deux-là qui ont porté plainte contre l’ancienne comptable ont tout lieu, comme l’ancien chef de l’ Etat, d’être satisfait. Un autre homme, mais lui est magistrat, doit ressentir la mise en examen de Claire Thibout comme une victoire posthume : Philippe Courroye, l’ancien procureur de Nanterre à qui on reprochait d’avoir fait trop durer l’enquête préliminaire. Le magistrat a toujours affiché son scepticisme sur les  différentes déclarations de Mme Thibout. Reste que cette dernière, même mise en examen pour faux témoignage, ne s’en tire pas trop mal. Car elle aurait pu être poursuivie dans le cadre du prêt de 300 000 euros que lui avait octroyé Françoise Meyers, la fille de Liliane Bettencourt. Finalement, le parquet n’avait diligenté aucune poursuite. Quant au juge Gentil, qui au cours de son instruction a été malmené par certains protagonistes de ce feuilleton, - ah ! ce recours à un expert qui avait été témoin de son mariage -, les avocats notamment ceux de Sarkozy, Eric Woerth, François-Marie Banier et  Patrice de Maistre ne manqueront pas de rappeler, que dans ce dossier, il en a trop fait.

En janvier prochain va avoir lieu le procès de cette affaire balzacienne devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Avec la mise en examen de Claire Thibout, une partie du dossier qui repose sur son témoignage risque d’être obsolète. Aussi, les avocats de certains protagonistes pourraient y voir l’opportunité de reporter les audiences. Au-delà de cet aspect, cette affaire Bettencourt, en raison des différents incidents ayant émaillé l’enquête - relevé des fadettes des journalistes, demande de récusation des juges, dépaysement du dossier, violation du secret de l’instruction, bisbille entre deux magistrats de Nanterre, rôle ambigu de membres de cabinet ministériel -, montre que des dysfonctionnements graves sont toujours présents dans certains dossiers sensibles.

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