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Pourquoi les Français 
sont sur-informés mais incultes 
en économie
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A l'école de l'éco

"L'affaire Siemens" de ce début de semaine l'a montré à nouveau : les médias et citoyens français peinent à comprendre le fonctionnement de l'économie. L'économiste Jean-Marc Daniel explique quelques règles simples qui pourraient atténuer cette inculture.

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Daniel  Schneidermann  s’interrogeait ce mardi sur l’inculture économique ambiante.  Son interrogation porte notamment sur celle des journalistes révélée par « l’affaire Siemens ». De quoi  s’agit-il ?  De ce que plusieurs organes de presse ont répercuté sans en mesurer le sens précis des rumeurs malveillantes du Financial Times  (FT) au sujet d’une banque française soi disant abandonnée par Siemens au profit de la BCE. Information grave et surtout étrange ; comment se fait-il qu’une entreprise industrielle ait un compte auprès de la BCE ? Question qui conduit comme le souligne Schneiderman à se demander si tout un chacun peut également ouvrir un compte à la BCE. La réponse a fini par venir : ce n’était pas Siémens en tant que tel qui était concerné mais la banque filiale du groupe. Quoi qu’il en soit, cette affaire est l’occasion de soulever trois points sur la façon de traiter l’information économique :

  • Le premier porte sur la perception même de l’économie. A force de répéter que l’économie est une affaire de chapelle et non de science, plus personne ne se sent en devoir  de vérifier ce qui se raconte. Toute opinion est jugée acceptable, tout propos est admissible.  Il sert non à comprendre la situation mais à qualifier celui qui le tient. Celui-ci est alors désigné de  libéral,  keynésien, néo-classique, post-keynésien, etc …. Pourquoi réfléchir quand le rôle de l’information n’est pas de comprendre mais d’affirmer des allégeances, non pas d’instruire ce qui la reçoivent mais de cataloguer ceux qui l’émettent  Dans ces conditions, le Financial Times sert d’oracle ou de repoussoir sans que l’on s’intéresse vraiment à l’honnêteté, à la qualité ou même tout simplement à la vraisemblance  de son travail ;
  • Le deuxième point est que pour Schneidermann, le savoir économique serait apporté à la population non spécialiste par Bernard Marris et Jean Marc Sylvestre. Affirmation réductrice qui ignore que nous avons à notre disposition bien d’autres sources au prestige académique plus établi. On peut les considérer comme difficiles d’accès mais c’est par l’écoute et la compréhension de ces multiples sources que devrait commencer le travail journalistique. Avec pour but de choisir non pas  le commentaire le plus plaisant sur le plan politique, mais celui qui, conforté par la vérification auprès des spécialistes, est a priori le plus pertinent ;
  • Le troisième renvoie à une formule célèbre :  « Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien ». C’est un extrait de la tirade de la calomnie de Beaumarchais. Le Financial Times qui mène un combat sans faille contre l’euro applique cela à la lettre. Dès lors que ce comportement est avéré, la question qui se pose est pourquoi ne pas se montrer plus minutieux dans la publicité que l’on fait à ses attaques.

Bref, le professionnalisme dans la diffusion de l’information économique est de la recouper auprès des spécialistes, ceux qu’écrits et travaux ont adoubés. Et de …(re)lire Beaumarchais.

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