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Chine : nouveau gendarme économique du monde ?
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Another BRIC in the wall

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se réunissent à Washington ce jeudi pour tenter de venir en aide aux pays européens. La Chine, avec ses 3200 milliards de dollars de réserve, mènera le bal...

Claude Meyer

Claude Meyer

Claude Meyer, conseiller au centre Asie de l'IFRI (Institut français des relations internationales), a enseigné l'économie et les relations internationales à Sciences Po. Docteur en économie, diplômé en philosophie, sociologie et études asiatiques, il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : "La chine, banquier du monde" (Fayard, 2014) et L'occident face à la renaissance de la Chine (Odile Jacob, 2018).

 

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Atlantico : Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se réunissent à Washington ce jeudi pour discuter d'une aide financière éventuelle aux pays de la zone euro. Les trois quarts des réserves de change de ces pays sont détenus par la Chine : celle-ci peut-elle aujourd'hui jouer le rôle de gendarme financier du monde ?

Claude Meyer : La crise de la dette européenne inquiète les BRICS. Toute récession en Europe aurait un effet négatif sur les exportations et la croissance de ces pays. Il est indéniable qu'au moment de prendre une décision concertée sur telle ou telle souscription à la dette grecque, portugaise ou italienne, la voix de la Chine sera extrêmement importante. Grâce à sa force de frappe financière, la Chine a un poids prépondérant parmi les pays des BRICS. Elle détient plus de trois mille milliards de dollars de réserves internationales de charges, contre 500 pour la Russie et 300 pour l’Inde et le Brésil.

Cependant, il faut relativiser l’importance du soutien financier que les BRICS pourraient fournir à la Grèce. Même une aide qui se chiffrerait en dizaines de milliards de dollars ne représente qu’une goutte d’eau dans la mer de la dette publique grecque, qui s'élève à 350 à 450 milliards de dollars. A mon sens, la réunion de Washington est plus un signal, qu’une contribution significative à la résolution de la crise de la dette.

Quelles sont les motivations de la Chine pour racheter de la dette ?

En premier lieu, ce sont des motivations économiques. La Chine n’a pas intérêt à ce qu'il y ait une crise européenne puisque l’Europe est la première destination de ses exportations.

Les financiers chinois sont également très soucieux de diversifier les réserves internationales chinoises. Elles atteignent aujourd’hui 3 200 milliards de dollars et sont beaucoup trop concentrées sur le dollar, parce que la Chine a massivement acheté des bons du trésor américains. De fait, on estime que 60 à 70 % des réserves internationales de la Chine sont libellées en dollars.

Pour la Chine, soutenir les pays européens est aussi une stratégie de séduction : en contrepartie elle souhaite que ses investissements stratégiques et ses exportations soient facilités. Dès 2009, la Chine avait investi massivement dans le port de Pirée, en Grèce : cela représentait pour elle une porte vers l’Europe centrale et orientale. Il est difficile de refuser à son créancier tels ou tels investissements dans telle ou telle entreprise. La Chine le sait. Pour combler son retard technologique, la prochaine stratégie chinoise va donc reposer sur un investissement massif dans des sociétés de hautes technologies aux États-Unis et en Europe.

Diplomatiquement, la Chine espère également que l'Union européenne lui accorde le statut d'économie de marché, avant la reconnaissance prévue par l'Organisation mondiale du commerce en 2016. Cela lui permettrait d'éviter de subir les barrières que les pays européens peuvent mettre en place pour protéger leur territoire. Je pense notamment aux mesures anti-dumping.

Mais l’Europe ne devrait pas accéder si facilement aux volontés chinoises, notamment si la Chine n'évolue pas sur certains points, comme sur l’accès des entreprises étrangères aux marchés publics chinois.

Quelle est la situation économique actuelle de la Chine ?

On a une situation de forte interdépendance entre la Chine et les États-Unis. La Chine est très vulnérable à l’évolution du dollar pour ce qui est de la valeur intrinsèque de ces investissements financiers. Néanmoins, elle prend en compte les risques potentiels de dépréciation de la devise américaine : elle est donc dans une dynamique de gestion économique saine.

Je crois que la Chine est également vulnérable au risque de récession, au même titre que tous les autres pays. Mais, elle continue de dégager des excédents courants de sa balance des paiements, ce qui se traduit par une augmentation de ses réserves. Depuis la crise de 2008-2009, la Chine est plutôt en position de force : elle pèse de plus en plus lourd sur un certain nombre de dossiers très importants pour l’Europe.

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