Démission de Kader Arif : vers l’ouverture d’une information judiciaire ?

Jérôme Cahuzac. Thomas Thévenoud. Et maintenant Kader Arif dans la tourmente. Le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants a démissionné ce matin de son poste pour cause de proximité trop proche avec la société AWF Music, dirigée par son frère, Aïssa, qui a raflé nombre de contrats de communication au Conseil régional de Midi-Pyrénées entre 2009 et 2013. En tout, pour 1 730 000 euros. Certes, Kader Arif n’était pas une pièce maîtresse du gouvernement Valls, tant s’en faut… Sa puissance était ailleurs. Au niveau des fédérations du PS. Et surtout auprès de François Hollande, dont il est très proche. Les deux hommes se voyaient très souvent, Kader Arif n’ayant pas été spécialement débordé par ses fonctions qui lui laissaient beaucoup de temps de libre.

Avec le départ de Kader Arif, l’affaire AWF Music à laquelle s’est intéressée très tôt Atlantico en révélant les légèretés des dirigeants de la société, démarre vraiment. La perquisition, le 9 novembre, au Secrétariat d’Etat aux Anciens combattants par les policiers de l’Office de lutte contre la corruption a eu incontestablement un effet accélérateur… Sans doute n’est-il  pas à exclure qu’une information judiciaire soit ouverte dans les prochains jours sur cette histoire de marché publics. Une histoire dont Atlantico écrivait en octobre qu’elle pourrait se transformer en mini Bygmalion pour le PS. Martin Malvy, président PS du Conseil régional de Midi-Pyrénées, affirmait en septembre que tout était parfaitement clair. Quant à Kader Arif, en déplacement à Boulogne-sur-Mer, il déclarait, sûr de lui : "Ce sont des affaires qui ne me concernent absolument pas".

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Genèse de l’affaire. Il y a quelque temps, les élus de l’opposition au Conseil régional découvrent qu’une société AWF-Music, spécialisée dans l’évènementiel, a remporté tous les marchés de communication du Conseil régional de 2009 à 2014. Les concurrents potentiels ont été systématiquement éliminés, tant et si bien que plus aucun ne candidatait. Mais surtout, indice qui démontre les liens d’AWF-Music avec le PS, c’est cette société qui s’est vu confié la logistique et l’organisation des meetings - en tout 22 - du candidat à la primaire socialiste, François Hollande. Des meetings selon des témoins que nous avons interrogés, qui auraient été réalisés à l’économie permettant ainsi à AWF Music d’engranger des bénéfices conséquents. Ce qui intrigue également, c’est que AWF Music a eu comme dirigeant l’un des frères de Kader Arif, Aïssa et que cette société se trouve en dépôt de bilan depuis le printemps 2014. Et que l’épouse d’Aïssa, Nathalie qui a oublié de payer ses impôts se voit sommer, par une notification à tiers de détenteur, de régler 9 127 euros au fisc. 

Alors, AWF Music, organisatrice des meetings de Hollande aurait-elle été favorisée par le conseil régional de Midi-Pyrénées ? Question qui n’est pas absurde en raison de la proximité familiale existant entre AWF Music et Kader Arif. En tout cas, en septembre, le Parquet de Toulouse ouvre une enquête préliminaire pour favoritisme qui vise implicitement Aïssa Arif, son épouse Nathalie et aussi ses neveux qui ont repris  la suite d’AWF Music en créant AWF, société dirigée par un homme de paille et domiciliée à Cergy - Pontoise - comme AWF- Music - bien loin de Toulouse. Quelques semaines plus tard, l’enquête sera dépaysée au profit du Parquet national financier qui semble avoir beaucoup avancé dans ses investigations, la démission de Kader Arif en étant l’un des indices les plus crédibles. Quelle va être la suite ? Des auditions de proches de Kader Arif ? De l’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants ? C’est probable. Enfin, une autre question taraude les enquêteurs : comment une société comme AWF Music qui a réalisé 899 000 euros de chiffre d’affaire en 2013 a-t-elle pu afficher un déficit de 245 000 euros ? Y aurait-il pu avoir du coulage du côté du PS ?