SMIC à 1700 euros ? Et pourquoi pas plus !<!-- --> | Atlantico.fr
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"Si Mélenchon n’est pas fort en thème, il est fort en gueule..."
"Si Mélenchon n’est pas fort en thème, il est fort en gueule..."
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Mélenchonade

Vedette de la Fête de l’Humanité, le candidat du Front de gauche a été très courtisé par les différents candidats socialistes à la primaire. Parmi ses propositions : porter le SMIC à 1700 euros. Démagogique ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La scène se passe à la Fête de l’Humanité. Un homme pousse une chaise roulante. L’homme c’est Jean-Luc Mélenchon. Dans la chaise roulante il y a le Parti communiste, réduit à l’état grabataire. Personne ne prête attention à l’infirme qui est dans la chaise. Mais tout le monde s’affaire autour de l’homme qui la pousse. Ségolène Royal est venue et (elle apprend vite !) a « commencé à parler notre langage », selon l’intéressé. Martine Aubry, Arnaud Montebourg n’ont pas, non plus, manqué ce rendez-vous historique. Mais François Hollande et Manuel Valls n’ont pas jugé utile de faire le déplacement. Ils en seront punis ! L’Histoire, si elle est écrite par Mélenchon et ses amis, retiendra à leur encontre que ce sont des socio-traitres, des larbins du capitalisme, voire, pire, des Sarkozystes camouflés…

L’homme qui pousse la chaise est candidat à la présidence de la République. Comme il n’y a aucune chance qu’il accède à cette enviable fonction, on ne voit pas pourquoi il se priverait de dire n’importe quoi. Et il ne s’en prive pas. Car si Mélenchon n’est pas fort en thème, il est fort en gueule. Comme lui, tous les candidats à la présidence de la République disent vouloir améliorer le quotidien des Français. Et - eurêka ! - le candidat du Front de gauche a eu une idée à laquelle personne n’avait pensé. Ni Aubry, ni Hollande, ni Valls, ni Borloo, ni Villepin, ni Bayrou, ni Montebourg …. Ni même Marine Le Pen qui pourtant en connait un bout dans l’exercice de la démagogie. Sarkozy ne figure pas dans cette liste étant définitivement disqualifié car, comme nul ne peut l’ignorer, son but affiché est que Mme. Bettencourt demeure milliardaire et que les Français restent pauvres.

L’idée géniale, novatrice, lumineuse, c’est le SMIC à 1700euros. Oui, oui ! Mais c’est bien sûr, comme disait le commissaire Bourrel dans les Cinq Dernières Minutes ! Il suffisait d’y penser. Pour parler sérieusement la proposition de Jean-Luc Mélenchon relève à la fois du grotesque et du tragique. Si, ce qu’à Dieu ne plaise, l’idée séduisante (vous en connaissez, vous, des gens qui ne veulent pas gagner 350 euros de plus par mois ?) prenait corps, la plupart des entreprises française mettraient aussitôt la clé sous la porte. Mais, comme dirait Mélenchon, connu pour son franc-parler, on n’en a rien à foutre des entreprises… Mais des millions de chômeurs qui viendraient s’ajouter à ceux - trop nombreux - que nous avons déjà, on n’en a aussi rien à foutre ?

Mélenchon s’est-il posé la question du montant du SMIC (ou de son équivalent) chez nos voisins allemands, anglais, italiens, espagnols, belges ? Eux aussi produisent et veulent vendre. Croit-il qu’avec un SMIC à 1700 euros on pourrait encore produire et exporter quoi que ce soit de français ? Mais on comprend, c’est sous-jacent dans les propos de Mélenchon, qu’il faut changer totalement le système économique mondial. Vaste programme qui suppose que, bientôt, il y ait plein de petits Mélenchons à la tête de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Russie etc. Ce n’est pas demain la veille.

Mais le candidat du Front de gauche n’est pas qu’un sympathique amuseur public. Des gens l’entendent et certains même l’écoutent. Des millions de Français sont payés - mal, très mal - au SMIC. Qu’un responsable politique leur fasse miroiter qui leur accordera a chacun 350euros de plus par mois c’est une imposture grave et mensongère. C’est leur faire du mal. Les abuser. Les tromper.

Et, à cet égard, Mélenchon commet une mauvaise, très mauvaise action. Parfois les contes à dormir debout peuvent aider un peu à trouver le sommeil. Mais le réveil est toujours cruel. D’autant plus cruel qu’on a écouté les contes. Et de cela le patron du Front de gauche est comptable et coupable. Lénine écrivit un jour un ouvrage célèbre : « Le gauchisme, maladie infantile du communisme ». Mélenchon, lui, écrit un livre autobiographique intitulé : « Le gauchisme, maladie sénile du communisme ».

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