11 novembre : ces étranges choix français dans les commémorations du centenaire de la guerre 14-18<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande inaugure le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, à proximité d’Arras
François Hollande inaugure le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, à proximité d’Arras
©REUTERS/Bertrand Langlois/Pool

Un peu trop tôt

Les cérémonies de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale s'enchaînent depuis maintenant un an, et donnent lieu à quelques incongruités historiques. François Hollande a notamment cherché à faire de ce 96e anniversaire de la signature de l'Armistice un événement de portée internationale, alors qu'il aurait fallu attendre quatre ans pour conclure comme il se doit le cycle entamé.

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Atlantico : En ce 96e anniversaire de la signature de l’Armistice, François Hollande inaugure le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, à proximité d’Arras. Le président de la République compte se recueillir devant trois noms de soldats : un Français, un Britannique et un Allemand. Cette initiative correspond-elle au sens initialement donné à la commémoration de l’Armistice ?

Dimitri Casali : On voit bien que François Hollande cherche à célébrer l’idée européenne, ce qu’on ne peut lui reprocher. Ces rituels de commémoration sont ce qui permet de réconcilier la nation dans l’un des rares moments d’émotion et de rassemblement de tous les Français. De cette manière on s’inscrire dans une histoire longue, mais que chacun peut s’approprier, et en particulier la mémoire des "Poilus". Ce rare moment de communion peut contribuer à redonner un peu de fierté aux Français, et surtout leur donner du courage pour affronter l’avenir. C’est le sens même des commémorations historiques. Sauf qu’avec François Hollande, se présente un double problème :

  • C’est un président qui n’a pas de culture historique approfondie, au contraire de son prédécesseur socialiste François Mitterrand, qui lui, ne se complaisait pas dans la repentance.
  • Sur les questions historiques, il tient toujours un discours clivant, car idéologue et sectaire. Ne serait-ce que sa conception de l’histoire de France : pour lui cette dernière ne commence qu’avec la Révolution, faisant fi des racines chrétiennes et monarchiques de notre pays, pourtant bien réelles.

L’événement suivant de seulement deux jours les 25 ans de la chute du mur de Berlin, Angela Merkel n'est pas présente. David Cameron quant à lui, surpris de ne pas avoir été convié aux célébrations de la bataille de la Marne le 12 septembre, réserve sa venue pour juillet 2016, à l’occasion du centenaire de la bataille de la Somme. Ces problèmes de concordance des dates révèlent-ils un manque de sens de l’Histoire chez François Hollande ?

Bien sûr. Déjà, les célébrations du 11 novembre 2013 étaient anachroniques, la Première guerre n’avait même pas commencé, symboliquement : il faut célébrer les centenaires, les bicentenaires, mais pas le 99e anniversaire ! Je reproche au gouvernement de ne pas avoir organisé une cérémonie unique, comme savent si bien le faire les anglo-saxons, afin de réunir les Français dans une grande communion. Son camp et les historiens qui le servent ont voulu ce saupoudrage d’inaugurations de musées de province. C’est le président "normal" qui veut faire de l’histoire "normale", dénuée de vision et de grandeur. C’est tout de même le plus grand traumatisme de l’histoire de France ! Il ne saisit même pas le calendrier, c’est comme s’il inaugurait des MJC à travers tout le pays, alors qu’il faudrait avoir le courage de dire qu’il faut redonner confiance à la nation et à l’armée, montrer que nous sommes capables par les temps qui courent de nous défendre. Il faut avoir ce courage, et sortir de la vision victimaire de 1914 afin de donner un sens à la défense de la nation. Qui pourrait mourir aujourd’hui pour la France en 2014 ? Pas grand monde,  à par l’armée.

Qu'est-ce qui témoigne encore de ce manque de sens de l'histoire chez François Hollande ? 

En ordonnant en 2013 l’ouverture aux Invalides d’un espace consacré aux 639 soldats fusillés pour avoir déserté, François Hollande a non seulement humilié l’armée, mais aussi dénaturé les Invalides, cœur de notre Roman national, et haut lieu de pédagogie pour nombre d’écoles qui y viennent en visite. François Hollande donne la lâcheté et la désertion en exemple à nos enfants, alors qu’il faudrait insister sur le courage et l’honneur des 1 385 000 morts pour la France. A l’étranger, on ne voit pas les choses comme ça : les exemples héroïques son appris, inculqués aux enfants afin de donner confiance en l’avenir. Pourquoi la France est-elle la championne du monde du pessimisme ? A cause de ce genre d’attitude vis-à-vis de l’enseignement, et à cause de l’idéalisation des déserteurs.

François Hollande, au travers de cette célébration du 96e anniversaire de l’Armistice, parvient-il tout de même à fédérer les Français ?

Pas du tout, il est clivant. Nous avons bien le pire président de toute l’histoire de la politique française. Même sur un événement aussi fondamental que la commémoration du 11 novembre, nous avons affaire à un président idéologue et sectaire, qui met en avant la lâcheté et la désobéissance civile.

Propos reccueillis par Gilles Boutin

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