Et vous, quel couteau préférez-vous ? Celui de Nabilla, de Fillon, de Jouyet, ou celui de Hollande ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Quel couteau préférez-vous ?
Quel couteau préférez-vous ?
©Reuters

Ere du vide

Panem et circenses… Le bon peuple voulait du sang. Et ce week-end, il a coulé à flots.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les journaux, les radios et les télés ont assuré la promotion du spectacle regardé avec convoitise par des millions de Français. Tous affectés par un strabisme divergeant: un œil sur les seins de Nabilla, un autre sur les pectoraux de Fillon. On a joué du couteau comme jamais. Et ça a beaucoup plu. Car tuer pour des idées (ou mourir pour elles) est totalement passé de mode. Mais le cirque, politique ou pas, se porte bien lui…

Nabilla donc a poignardé son petit ami. De face. Fillon a tenté de planter sa lame dans le corps de Sarkozy. De dos. Chacun sa méthode. Dans le cas de la star de la téléréalité il s'agissait d'un couteau de cuisine. Quand à Fillon, assurément plus raffiné, il a sous doute fait appel à une dague ou à un stylet.

Nabilla n'est rien : juste un corps et un "allô quoi!". Fillon n'est pas grand-chose non plus. S'il avait été quelque chose, il ne serait pas resté pendant 5 ans à souffrir comme Premier ministre sous Sarkozy et aurait rendu son tablier. Avec Nabilla ils forment un couple assez assorti. Succès garanti tant nous vivons dans l'ère du rien et dans l'attrait du vide.

Un autre couteau a aussi été maladroit que celui de l'ancien premier ministre. Le couteau de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée, à qui Fillon serait (mais doit-on encore utiliser le conditionnel) allé dire qu'il fallait faire vite pour poignarder Sarkozy. Jouyet, la main sur le cœur, dément formellement. Non Fillon ne lui a pas dit ce que les journalistes du Monde –qui le tiennent de sa bouche- disent qu'il lui a dit! Mais les journalistes l'ont enregistré et tiennent ces enregistrements à disposition de la justice. M Jouyet est un piètre, très piètre spadassin. Son couteau il se l'est planté tout seul dans le thorax…

Le couteau de François Hollande mérite aussi une mention. Il s'agit tout au mieux d'un canif. Le conseiller général de la Corrèze, s'il avait été moins paresseux, aurait pu faire l'emplette d'une excellente lame à Laguiole, dans le département voisin de l'Aveyron. Deux heures de route seulement. Mais pour faire bouger Hollande… De toute façon, il était destiné à jouer les utilités et à rester un second couteau (je sais, c'est facile mais vu le niveau du spectacle, on aurait bien tort de s'en priver) si Dominique Strauss-Kahn n'avait pas trébuché sur la bouche experte de Nafissatou Diallo.

Le président de la République a peut-être sorti son canif. Peut-être car ce n'est pas prouvé. Mais quelques jours après que Fillon ait, selon Jouyet, demandé au secrétaire général de l'Elysée que l'exécutif intervienne pour accélérer une procédure judiciaire concernant les comptes de campagne de Sarkozy, une instruction préliminaire a été ouverte. Il y a comme cela des rapprochements de calendrier qui tuent plus efficacement qu'un poignard ! Et, compte tenu de ce que l'on nous déballe, il est évident que le canif du chef de l'Etat a du se refermer sur un de ses doigts. Il saigne un peu. Car avec Hollande c'est toujours un peu.

Et les spectateurs dans tout cela ? Eh bien, comme on l'a dit, ils aiment le spectacle. En effet sous Hollande en général on s'ennuie ferme. Mais à la fin du spectacle, ils font ce que faisait la plèbe de Rome pendant les jeux du cirque : le pouce vers le bas pour signifier la mise à mort des gladiateurs qui ont déplu. Mais ils nourrissent assurément une vraie tendresse à l'égard de Nabilla à qui ils épargneront ce funeste destin. Bien sûr elle n'est pas moche, mais surtout elle sait vraiment se servir d'un couteau.

Sans transition, comme on dit à la radio ou à la télé, quid de Sarkozy qui est au centre de cette affaire, mais cette fois ci en tant que cible ? Eh bien il ne dit rien. Ses lieutenants –Guaino, Pécresse etc…- s'en chargent, piétinant Fillon et s'essuyant les pieds sur Jouyet. Ce qui est très vilain s'agissant de deux cadavres potentiels (pour Jouyet c'est sûr, pour Fillon faut voir). Pour son ancien Premier ministre, Sarkozy, qui n'aime pas les couteaux, avait préparé du sérieux : le croc du boucher qu'il réservait naguère à Dominique de Villepin. Il n'aura pas à s'en servir.

PS : N'étant pas convié au bal des menteurs, je vais me contenter des toutes dernières nouvelles sans aller au-delà. Donc hier après-midi, M Jean Pierre Joyet a démenti Jean Pierre Jouyet. Il a validé –comment pouvait-il faire autrement- l'enregistrement des deux journalistes du Monde. Ce faisant il a enfoncé autant que faire se peut François Fillon. Les poignards sont de nouveau sortis. Hier soir François Fillon a démenti M Jean-Pierre Jouyet, et l'a donc en quelque sorte qualifié de menteur. Nous attendons maintenant avec impatience que M Jean-Pierre Jouyet utilise le même terme pour François Fillon… Mais à ce niveau de mensonges ce qui domine, in fine, c'est le dégout.

Et du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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