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PS : Valls et Montebourg contre les enfants de Delors
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Chère Anita Hausser...

Et si le débat télévisé entre candidats aux primaires socialistes avait permis de montrer que le vrai choix au sein du Parti socialiste se situait entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg et non entre Martine Aubry et François Hollande ?

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Après avoir regardé la soirée « Primaires socialistes »  sur France 2 et en avoir discuté avec des amis, je dois avouer que nos conclusions ne sont pas les mêmes que celles qu’Anita Hausser relate dans les colonnes d’Atlantico et qu’on peut résumer en une  phrase : « Ça se passe entre Martine Aubry et François Hollande ».

"Montebourg - Valls" : le vrai duel

En effet, le débat à six de jeudi soir était un double débat : le duel « Montebourg - Valls » d'une part, représentant la nouvelle génération du Parti socialiste avec deux projets radicalement différents et  « l’énarque academy » regroupant Martine Aubry, Ségolène Royal et François Hollande. Jean-Michel Baylet n’étant pas socialiste et n’étant là que pour rappeler aux Français qu’il y a un Parti radical de Gauche (si, si) en France , permettez moi de le garder hors des vrais compétiteurs de cette primaire.

Alors pourquoi Montebourg et Valls ? Tout simplement parce qu’ils sont les seuls à avoir des idées cohérentes avec deux projets de société radicalement différents entre le « Néo-Blairisme » de Manuel Valls, censé adapter la France à la mondialisation, et la « démondialisation » d’Arnaud Montebourg.

Dans le premier cas, Manuel Valls prône une remise à plat du « modèle social français » pour le faire coller aux impératifs de compétitivité inhérents à la mondialisation ; remise à plat qui inclura des sacrifices douloureux tant pour les retraites, que pour la protection sociale, la flexibilité etc…

Dans le second cas, Arnaud Montebourg défend un retour aux fondamentaux de l’Europe (celle des pères fondateurs, pas celle des technocrates de la commission de Bruxelles et de la Banque Centrale Européenne) avec la réinstauration de la préférence communautaire, la remise en cause de la financiarisation de l’économie et du dogme de l’euro fort et la mise en place d’un protectionnisme européen.

En clair, Manuel Valls est un condensé de Blair et Schröder tandis qu’Arnaud Montebourg représente une vision du socialisme totalement en rupture avec la logique « sociale-libérale » qui est devenue la pensée unique de la gauche française et européenne depuis un quart de siècle.

Face aux fils énarques de Jacques Delors

Voilà donc où se joue le vrai débat au Parti socialiste car parmi les trois candidats de « l’énarque academy », il n’y a aucune différence de projet tous étant les enfants de Jacques Delors, enfant biologique pour Martine Aubry, enfants spirituels pour Ségolène Royal et François Hollande. Jacques Delors est en effet l’homme qui à fait du « social-libéralisme » la doxa des technocrates européens avec, entre autres, le refus total du protectionnisme, l’Europe devant être, selon la volonté toujours affichée par les Britanniques depuis leur entrée dans la CEE « une zone de libre échange ».

Comment alors affirmer sans démagogie, comme ces trois candidats, qu’on va « réindustrialiser la France » alors que les entreprises françaises sont en concurrence avec des entreprises chinoises qui ont, elles, un marché intérieur protégé alors que le notre est ouvert aux quatre vents et que nos entreprises facturent en euros surévalués alors que les chinois facturent en yuan sous évalués. Toute personne ayant un niveau minimal en économie peut comprendre ça mais il est vrai que l’économie n’est pas le point fort des anciens élèves de l’ENA. Ainsi, rien que sur ce point, Aubry, Hollande et Royal racontent des fadaises car ils se sont tous élevés contre le protectionnisme défendu par Arnaud Montebourg.

"Montebourg - Valls" : le seul choix

Pour réindustrialiser la France, seules pourraient fonctionner les méthodes de Valls et Montebourg. La méthode Valls en baissant les salaires et en faisant un maximum de flexibilité, ce que Schröder a fait en Allemagne, le poids lourd de l’industrie européenne ou la méthode Montebourg qui consisterait à produire à nouveau en France en réinstallant des industries que nous avons perdues et en réduisant l’ouverture des frontières (il faudra par contre trouver les investisseurs, chose compliquée vu le droit du travail français).

Entre Aubry, Royal et Hollande il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette qui sépare leurs programmes et leurs projets de société, c’est pourquoi le vrai choix se situe entre Arnaud Montebourg et Manuel Valls.

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