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Ces 48 heures que Christophe de Margerie n'a jamais pu oublier
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Retour en arrière

Le patron de Total gardait un souvenir très vif de son placement en garde à vue en octobre 2006, dans le cadre de l’instruction sur "Pétrole contre Nourriture" en Irak. Voici quelques extraits de cette audition.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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17 octobre 2006. Voilà quatre ans que le juge Philippe Courroye instruit le dossier "Pétrole contre nourriture" en Irak dans lequel le groupe Total est soupçonné d’avoir versé des commissions occultes pour contourner ce programme humanitaire. Le magistrat a déjà entendu et mis en examen un certain nombre de personnalités soupçonnées d’avoir bénéficié des largesses du régime de Bagdad. Ce 17 octobre, Courroye fait placer en garde à vue le patron pour le Moyen-Orient du groupe exploration-production du groupe Total, qui n’est autre que Christophe de Margerie. Ce dernier, à peine arrivé à la Brigade financière se voit enlever, comme c’est la coutume, ses lunettes, sa ceinture et les lacets de ses chaussures. Margerie ressent une immense humiliation. Comme si subitement, il devenait un délinquant. Il fulmine, on le comprend, contre le sort qui lui est fait.

"Le dossier est vide" ne cessera-t-il de répéter aux enquêteurs. Cette privation de liberté, Margerie, des années après, en parlait encore à ses proches. 48 heures plus tard, le 19 octobre, le futur président du groupe Total est présenté au magistrat instructeur. Pendant des heures, il répond à ses questions. Avec une détermination teintée d’une courtoisie rare pour quelqu’un qui vient de passer 48 heures rue du Château-des-Rentiers siège de la Brigade financière…

Extraits de cette audition au cours de laquelle Margerie se défend pied à pied face aux reproches qui lui sont faits :


-Le juge : "Que pensez-vous des paiements effectués via la société écran Telliac à quelques personnalités ?"
-Margerie : "Si c’était illégal, on aurait dû m’en parler"
- Le juge : "Quelle aurait été votre réaction si on vous avait appris ces faits ?"
-Margerie : "Si j’avais eu connaissance de ces paiements, je les aurai signalés au patron du Trading."

A ceux qui en doutaient, il a du coffre, Margerie, que les employés de la Tour Total, plus tard surnommeront affectueusement "Big Moustache"… Car tout au long de son interrogatoire, il restera sur la même ligne. Limpide : "Je ne pouvais savoir tout ce qui se passait dans le groupe, même en Irak". Avant de quitter le bureau du magistrat, Christophe de Margerie, meurtri de se voir injustement reproché d’avoir failli dans ses fonctions et voulant prouver son innocence, déclare : "Concernant la liaison faite entre Total et un trafic d’influence, elle me semble hâtive par rapport à la connaissance que j’ai du management de Total." Margerie ne parvenait pas à convaincre le juge qui le mettait en examen pour complicité d’abus de biens sociaux et complicité de corruption d’agents publics  étrangers. 

Le Parquet de Paris, à deux reprises, début septembre, et fin octobre 2009, requiert un non-lieu en sa faveur. Le juge Serge Tournaire - qui a pris la suite de Courroye - renvoie Margerie en correctionnelle. Ce dernier est finalement blanchi le 8 juillet 2013. Définitivement. Près de 7 ans après avoir été mis en examen.

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