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Sortons des pessimismes obligatoires et des optimismes de commande
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La semaine Goldnadel

Chaque semaine retrouvez l'actualité de la semaine revue et corrigée par l'avocat Gilles-William Goldnadel. Aujourd'hui : la polémique Placé, les écoutes téléphoniques de Péchenard et les islamistes au pouvoir...

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Au rebours des commémorants du 11 septembre à l’esprit simple, qui se sont contentés, de pleurer les victimes et de flétrir leurs bourreaux en nommant leur idéologie islamiste par son nom, certains esprits, sans doute plus fins, se sont complus à incriminer le monde occidental.

C’est ainsi que notre chaine franco-allemande a consacré une émission sur « l’obsession sécuritaire ». Dans la même veine, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) a réclamé, dans un communiqué, l’abrogation de toutes les lois d’exception et « liberticides » conçues au lendemain de l’attentat, ainsi que la fermeture de Guantanamo.

Obsession sécuritaire, obsession anti-raciste : quelle est la pire ?

De très nombreux commentateurs ont dénoncé les amalgames xénophobes contre l’islam dont se serait rendu coupable le sinistre George Bush junior.

Il faudra peut-être un jour songer à sortir de cette conception un brin ringarde et dépassée qui veut voir dans l’État, un Léviathan, source éternelle du danger pour l’individu.

Remarquons, en passant, que, réalisme oblige, le libéral Obama n’a toujours pas fermé Guantanamo, en dépit d’une campagne électorale axée sur ce thème, et que le Patriot Act vient d’être reconduit pour quatre ans.

Aujourd’hui, bien plus que l’État, ce sont les groupes ou les individus qui sont le premier danger pour la personne humaine. Ce sont eux qui donnent la peine de mort, de manière assez expéditive.

George Bush, le galeux , dès le lendemain des attentats les plus terribles qu’ait connus son pays, s’est rendu, mais qui l’a rappelé, dans une mosquée de New York pour bien signifier au peuple américain qu’il ne confondait pas islamistes et musulmans. On voudra bien comparer avec l’attitude d’un Roosevelt adulé qui enferma ses Japonais dans des camps au lendemain de Pearl Harbour.

Ce n’est pas entièrement la faute de Bush, si une bonne minorité de musulmans ne prit pas grande distance avec Ben Laden.

Plutôt que d’entonner la rengaine convenue sur l’obsession anti-sécuritaire, il eut été peut-être plus créatif et novateur de se pencher sur l’obsession antiraciste.

Placé et ses origines

A ce sujet, la polémique picrocholine Marleix-Placé en donne un aperçu aussi ridicule que savoureux. Voilà une affaire qui a déclenché un torrent d’images et de commentaires.

J’ai entendu « la victime » Placé, au micro d’une Pascale Clark dégoulinante de compassion et d’empathie, nous dire combien il avait été blessé pour s’être fait rappeler son origine coréenne, lui l’enfant adopté,par un Marleix taxé de raciste.

Certes, ce dernier n’a guère été futé – tout comme Fillon pour Eva la scandinave – d’insister lourdement sur l’extranéité originelle du responsable Vert.

Certains journalistes ont révélé que Libération, le 21 janvier 2004, indiquait que celui qui a saisi la justice pour diffamation raciale aimait à se présenter « comme le Chinois de Jean-Paul Huchon »

Reconnaissons qu’il ne règne pas dans le pays un racisme anti-asiatique effréné, mais si la presse avait souhaité utilement se préoccuper du sort de nos Chinois, Vietnamiens et… Coréens, elle eut été mieux inspirée de couvrir davantage les manifestations d’asiatiques du mois de juillet, descendus dans la rue par milliers pour se plaindre des agressions dont ils sont, eux, réellement victimes dans les quartiers populaires de la capitale.

Si Placé gagne son procès, je veux bien manger ma robe.

Péchenard et les écoutes téléphoniques

Un procès qu’on ferait bien de ne pas faire perdre trop vite, c’est celui du commissaire Frédéric Péchenard qui vient de reconnaître avoir autorisé des écoutes qui ont abouti à des journalistes du Monde, dans le cadre d’une enquête sur un fonctionnaire ministériel indiscret.

Certes, ces journalistes sont parfaitement dans leur rôle pour se plaindre judiciairement d’un manquement au respect de la loi.

Mais de là à ce que l’ensemble de la presse, avec un bel esprit de corps, considère la version de ceux qui sont partie prenante comme celle du Journal Officiel, il y a un pas que n’autorise pas encore l’exégèse jurisprudentielle d’une loi qui permet, en certaines occasions exceptionnelles, d’écouter des journalistes.

Prenons un peu d’altitude : est-il naturel, que de tous les manquements au respect de la vie privée et au secret, les seuls qui soient stigmatisés moralement et médiatiquement soient ceux qui seraient commis par l’État et que l’on regarde avec une bienveillante bonhomie ceux perpétrés par des acteurs privés (Wikileak, Bettancourt, Fédération Française de Football) ?

Mauvais temps sur le Printemps Arabe

Lorsqu’avant l’été, au cours de débats médiatiques, je m’étais permis de conseiller de ne pas trop se précipiter dans l’angélisme béat pour prédire l’avenir du « Printemps Arabe », je ne m’étais pas fait, on s’en doute, que des amis.

C’est ainsi, il existe des pessimismes obligatoires : les OGM, le nucléaire, le climat… Comme des optimismes de commande : l’immigration, la jeunesse… et la volonté de la rue.

Certes, il était aussi sympathique qu’indéniable de constater, qu’au début du mouvement, c’était les jeunes blogueurs, au Caire notamment, qui étaient à l’origine du désir de rompre avec la fatalité de l’autoritarisme et de la corruption. Mais il y a déjà de nombreuses semaines que les islamistes se sont réimplantés au Caire, à Tunis, à Tripoli, faute d’une réelle opposition démocratique alternative.

A Damas, la Ligue Arabe, dont on connait l’appétence pour la liberté, vient de signifier qu’elle ne tolérerait plus « d’ingérence étrangère », après qu’Assad junior et son armée alaouite aient, pour l’heure, ramené à quia le peuple syrien par la mitraille et le canon.

L’un des arguments massues du club des optimistes obligatoires était de constater – ce qui était au demeurant faux – qu’on n’avait pas entendu place Tahrir des slogans hostiles à Israël.

Le sac de l’ambassade, la tentative de lynchage de ceux qui s’y trouvaient encore, la mise à feu compulsive et si symbolique du drapeau étoilé risquent, à mon immense regret, de me donner définitivement raison, mais je fais confiance au club pour m’expliquer mon impardonnable erreur.

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