Libé inquiété, Libé soulagé : “Non, l’Etat islamique ne sodomise pas de chèvres” (mais les Talibans, si)<!-- --> | Atlantico.fr
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Bonne nouvelle : les chèvres d'Irak sont sauves ! Les femmes, par contre...
Bonne nouvelle : les chèvres d'Irak sont sauves ! Les femmes, par contre...
©Flickr/origine1

Ça, c’est du journalisme…

C’est Libération qui, avec ce titre, s’est chargé d’apporter un démenti cinglant à cette odieuse accusation. Car, à en croire le journal, les jihadistes ne font pas n’importe quoi. Ouf !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La vidéo est à la une du site de Libération. Elle est floue (filmée par un drone) et on peut y distinguer ce qui semble être un homme en train de faire subir les derniers outrages à un (une ?) quadrupède pouvant être un âne, un baudet ou une grande chèvre. Elle circule depuis plusieurs jours sur le net et, relève le journal, identifie le mâle en action comme étant un jihadiste de l‘armée de l’Etat Islamique d’Irak et du Levant.                                                          

Eh bien, c’est bidon, affirme le journal, relayant l’enquête d’un journaliste américain. Les images auraient été filmées en réalité en 2011 au dessus de l’Afghanistan ! Donc, écrit Libération, rien à voir avec l’Irak, et encore moins avec les jihadistes du cru, dont l’organisation n’existait pas encore. Nous voilà rassurés quant à la tranquillité des chèvres irakiennes. Un peu moins s’agissant de leurs consœurs afghanes et de l’équilibre mental des talibans locaux.                                                                                                                              

Ainsi Libération a rétabli l’honneur des jihadistes irakiens et donné des garanties certaines quant à la vertu des chèvres du coin. Cette démarche journalistique est quand même pour le moins singulière. Des milliers de conneries circulent en permanence sur le net. Quel besoin d‘aller chercher celle-ci pour la mettre en doute ? Et comment la trouver – vous l‘avez vue, vous ? – dans ce fatras ? Sauf, et c’est important, si l’on sait ce que l’on cherche. Il est donc assez légitime de soupçonner que ce merveilleux exemple de journalisme d’investigation tend à démontrer que, peut-être, on raconte beaucoup trop de choses laides sur les jihadistes.       

Au demeurant concernant ces derniers, nul besoin n’était d’une enquête pour savoir que l’accusation était fausse. En effet, sur place, les guerriers d’Allah ont toutes les femmes qu’ils veulent. Celles qu’ils trouvent dans les villes conquises et qui sont considérées comme un butin et une légitime prise de guerre. Sans parler des centaines de jeunes femmes et de jeunes filles qui quittent l’Europe pour rejoindre le Jihad. De surcroît, on ne voit pas pourquoi les jihadistes s’en prendraient aux chèvres qui, selon toute vraisemblance, ne sont ni de confession chrétienne, ni yézidis, ni de rite chiite…

La démarche de Libération est surtout intéressante pour ce qu’elle révèle de l’inconscient des journalistes. Car il s’agissait certainement, dans leur esprit, d’une action à inscrire dans le saint, nécessaire et salutaire combat antiraciste. En effet, depuis près d’un siècle, la rumeur comme quoi la zoophilie se serait répandue en terre d’Islam (les femmes y étant une denrée relativement peu accessible) circule avec ténacité. Les officiers et les administrateurs coloniaux que nous avons eus en Afrique du Nord ont contribué à la nourrir avec force témoignages et récits. Ce qui a donné naissance à une multitude de blagues franchouillardes plus vulgaires les unes que les autres. Mais bon, comme à l’époque, il n’y avait pas de drones… C’est contre cela que Libération a fait œuvre rédemptrice. Noble combat dont on comprend l’urgence à une époque où l’islamophobie bat son plein et où la stigmatisation du mâle musulman ne connaît pas de borne. On vous l’a dit : ça, c’est du journalisme ! Maintenant, tout va bien. Le jihadiste irakien est rétabli dans ses penchants sexuels parfaitement normaux. Et les chèvres s’ébattent chastement dans les verts pâturages d’Irak.                                            

Une mauvaise nouvelle cependant vient d’arriver : c’est la petite pakistanaise Malala qui a reçu le Prix Nobel de la Paix. Les talibans lui avaient mis plusieurs balles dans la tête car elle avait eu l’outrecuidance de réclamer que les petites filles puissent aller à l’école. Il est facile de comprendre que pour les jihadistes irakiens cela constitue une nouvelle provocation des "croisés" occidentaux. Ils en tireront vengeance. Et ce ne sera pas sur les chèvres…

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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