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Il faut que le monde musulman assume son échec collectif et sa responsabilité dans l’apparition du califat islamique
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Not in my name

Alors qu'en Grande-Bretagne, les musulmans se sont mobilisés depuis plusieurs jours à travers la campagne #notinmyname, le CFCM organise ce vendredi 26 septembre un rassemblement devant la Mosquée de Paris en hommage à Hervé Gourdel. Un peu partout dans le monde, des voix de musulmans s'élèvent contre le Califat.

Hanin Ghaddar

Hanin Ghaddar

Hanin Ghaddar est une journaliste libanaise chiite, elle travaille pour le site d'informations anglophone NOW.

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Atlantico : Selon vous, quelle est la meilleure attitude et le discours à adopter en tant que musulman face à l'Etat islamique ? 

Hanin Ghaddar : Les communautés musulmanes doivent faire preuve de modération tout en combattant les tyrannies. Car la tyrannie est ce qui produit l'injustice de laquelle découle la colère et... l'extrémisme.  

Les Etats musulmans ont-ils un rôle particulier à jouer dans la lutte contre le Califat ? 

Absoluement, ces Etats doivent procéder à des changements drastiques dans la façon dont ils considèrent leurs citoyens. Des réformes sociales et politiques doivent être entreprises le plus rapidement possible. Auquel cas l'islamisme continuera de représenter une alternative aux régimes corrompus. 

Dans quelle mesure les Etats musulmans mais aussi l'Occident ont échoué à endiguer l'émergence de groupes radicaux ? 

Le principal échec était de ne pas s'être débarrasé de Bachar al-Assad plus tôt. Si Bachar al-Assad avait été déchu lors des premiers sursauts de la révolution syrienne, l'Etat islamique n'aura pas émergé et ne serait pas devenu aussi populaire. Sur le long terme, il s'agit de l'échec des gouvernements et des leaders arabes qui n'ont pas respecté les libertés individuelles et ont ignoré les "citoyens". Les individus n'ont jamais été traités comme des citoyens, que ce soit dans notre système d'éducation, dans les médias ou encore dans les institutions étatiques. 

Du point de vue de l'éducation, que s'agit-il de transmettre aux jeunes générations ? Comment leur parler de l'Etat islamique ? 

L'Etat islamique est le résulat d'un problème bien plus large : le manque de citoyenneté. Mais il nous faut dire à nos enfants que l'Etat islamique n'est pas représentatif du monde arabe ou des communautés arabes dans le monde. Nos communautés sont bien plus diverses et complexes que cela. Il faut qu'ils comprennent la complexité de cette partie du monde et qu'ils sortent de la catégorisation manichéenne qui est faite de cette partie du monde. Car mettre les gens dans des cases, cela les poussent à assumer certaines identités qui ne leur correspondent pas en réaction aux injustices et aux incompréhensions. 

Au Royaume-Uni, la communauté musulmane a initié la campagne #notinmyname. Les musulmans doivent-ils prendre position contre l'Etat islamique ? 

Bien sûr, il est crucial que les musulmans prennent position contre l'Etat islamique. Mais pas de la même manière que l'Occident. De leur façon à eux. Lire entre les lignes, comprendre le contexte et les raisons qui ont poussé à l'émergence des extrémistes ne peut être fait par les gens qui vivent ici. Et nous sommes les principaux responsables des monstres que nous avons créés. Pour lutter contre l'Etat islamique, il nous faut assumer nos responsabilités et nos erreurs. 

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