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Les leaders de la Droite populaire, garde de fer de Nicolas Sarkozy
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Bonnes feuilles

Témoignage de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Maxime Tandonnet sur les coulisses du quinquennat. Extrait de "Au coeur du volcan - Carnets de l'Elysée, 2007-2012", publié chez Flammarion (1/2).

Sarkozy reçoit la Droite populaire au salon des Ambassadeurs. Ils sont une cinquantaine de parlementaires de l'aile conservatrice et remuante de l'UMP que le président cajole particulièrement dans la perspective de la présidentielle. En ce moment, ils fustigent la politique de sécurité routière du gouvernement et l'installation de radars sur les autoroutes, prétendument impopulaires dans leur électorat. Il est assis face à eux et leur tient, comme il le fait constamment, un interminable monologue.

«On a une presse déçue, en plein désarroi car son candidat favori 2 a connu quelques péripéties… Les présidentielles étaient pliées, jouées d'avance… Eh bien non ! Tout ce que je soutiens depuis trois ans se réalise : la croissance repart, le chômage baisse. Les yeux s'ouvrent enfin sur notre bilan. L'impact moral de cet événement 3 est colossal : qui pourra nous adresser le moindre reproche sur le plan du comportement après ce qui vient de se passer à New York ? Sur la sécurité routière, je ne céderai jamais. Moi, mon devoir, c'est de protéger les Français. Depuis le début de l'année, le nombre de tués sur la route a augmenté de 13%1. C'est terrible, il suffit qu'on donne l'impression de relâcher la vigilance, et le nombre d'accidents repart à la hausse 2. Le moindre signal de faiblesse se traduit par de nouveaux drames. L'autre jour, lors d'un déplacement, j'aperçois un petit jeune de vingt-cinq ans en fauteuil roulant. Je le vois qui m'applaudit. Donc, je vais vers lui et je l'interroge : “Que vous est-il arrivé ? C'est de naissance ? Un accident ?” Il me répond : “C'est la moto.” Ce n'était pas de l'indiscrétion de ma part, mais cela fait partie de mon rôle de connaître la vie de mes compatriotes. Soyons clairs : je ne reviendrai jamais sur la fermeté en matière de sécurité routière ! »

Un député intervient :

— La situation économique s'améliore, mais la morosité est de pire en pire. Les gens ont l'impression qu'on ne cesse de leur demander de nouveaux efforts. Churchill avait promis « du sang et des larmes » mais au lendemain de la guerre, il a perdu les élections ! Nous sommes sur la même pente ! Le président reprend la parole :

— Churchill était un grand homme mais un dépressif. Il était fait pour les grandes batailles, pas pour le quotidien. Il est arrivé la même chose à Clemenceau : vainqueur de la Grande Guerre, mais battu à l'élection présidentielle par Deschanel, celui qui est tombé du train en pyjama ! Bien sûr que c'est compliqué et que rien n'est gagné d'avance ! Moi aussi, vous savez, je suis de “droite populaire” et je partage vos convictions. La présidentielle ? Je ne vous dirai pas si je suis candidat car si je vous le dis, vous allez le répéter partout (rires) ! Les Français attendent de moi que je fasse le boulot ! Après, ils choisiront ! Ils verront qui leur a fait traverser la crise ! Qui a modernisé l'Université ! Qui a créé le service minimum! Qui a sauvé leurs retraites ! Qui a réduit l'impôt sur l'héritage ! Dans l'affaire Strauss-Kahn, le plus odieux, c'est la réaction de caste, de ce petit milieu parisianiste qui le soutient et fait preuve du sexisme le plus arriéré.

— Y compris Bernard-Henri Lévy ! lance un parlementaire.

— Oui, oui, je sais, Bernard-Henri Lévy est un intellectuel de gauche, reprend le chef de l'État, mais je ne vais quand même pas lui interdire de dire du bien de moi quand il affirme, à propos de l'intervention en Libye, que j'ai mis un jour à comprendre ce que Mitterrand a mis trois ans à admettre au sujet de la Yougoslavie ! Continuons, persévérons, soyons courageux. Hier, j'ai reçu des pêcheurs. J'aime ces gens-là. J'ai rencontré aussi des chasseurs. Ils m'ont dit qu'ils étaient contents ! On n'a plus une seule manifestation de chercheurs. Je vous avais dit que j'allais m'occuper des agriculteurs. J'en ai tellement fait avec eux qu'on pourrait croire que je suis né dans une ferme ! Je connais tout, même le prix d'un radis (rires) ! Regardez, il n'y a plus une grève dans les hôpitaux, ni dans l'éducation nationale. Je suis trois fois par semaine sur le terrain et j'écoute tout ce qu'on me dit. Qui allons-nous avoir en face ? Aubry ou Hollande. Aubry, la « dame des 35 heures », c'est lourd à porter… L'autre, c'est un monsieur qui n'a jamais assumé la moindre responsabilité gouvernementale. Comme il dit : « Il faut un président normal ! » Tiens ! Un président normal ! Pour un poste normal ! Dans une période normale ! Moi, je réfléchis tout le temps vous savez. Je suis votre leader depuis dix ans. Je vous ai apporté le leadership des idées. Vous vous souvenez du RPR ? On n'était ni de droite, ni de gauche, ni du centre. On était dans des sphères où il n'y a pas d'oxygène. Moi, j'ai voulu relancer le débat d'idées. L'Europe, par exemple. Il n'y a plus de oui et de non, tout le monde peut se reconnaître dans ma politique. Voilà ce que j'ai amené : les idées avant tout le reste ! Je me prépare à faire une campagne courte, autour de quatre ou cinq thèmes majeurs. Que va-t‑on faire avec l'Allemagne ? Faut-il aller plus loin ? Moins loin ? Et sur l'éducation nationale ? Et sur l'énergie ? Je voudrais que vous me compreniez. J'ai commis des erreurs, mais des fautes, jamais. Pour les gens, je suis « bionique ». Dès que je pars en vacances, je les trahis, les abandonne. Quand j'ai connu Carla, je suis parti quatre jours avec elle : scandale ! J'ai compris, aujourd'hui, je ferais autrement bien sûr ! Nous vivons dans un système d'une perversité inouïe, qui détruit tout, salit tout !

— Monsieur le président, lance un des leaders de la Droite populaire, ne vous méprenez pas sur nous ! Nous sommes votre « garde de fer » !

Extrait de "Au coeur du volcan - Carnets de l'Elysée, 2007-2012", de Maxime Tandonnet, publié chez Flammarion, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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