Martine Aubry peut-elle devenir l’alternative à gauche et le pire cauchemar de François Hollande ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine Aubry a déclaré qu'il y avait "des inflexions à faire dans la politique économique" du gouvernement.
Martine Aubry a déclaré qu'il y avait "des inflexions à faire dans la politique économique" du gouvernement.
©Reuters

Positionnement

Après s'être affichée aux côtés des frondeurs lors des universités d'été de La Rochelle, la maire de Lille a déclaré dimanche 7 septembre qu'elle ferait dans les semaines à venir des propositions pour infléchir la politique économique du gouvernement.

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg est directeur de recherche émérite CNRS au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. 

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Atlantico : Martine Aubry a déclaré au micro d'Europe 1 depuis la braderie de Lille, Dimanche 7 septembre, qu'il y avait "des inflexions à faire dans la politique économique pour que la croissance revienne, réduire les déficits il faut le faire [...] sans casser la croissance". En réponse, le Premier ministre a déclaré : "C'est quoi un infléchissement ? Elle est où l'alternative ? Si on ne fait pas attention, l'alternative en 2017 ce sera la droite dure ou l'extrême droite ". Martine Aubry pourrait-elle incarner l’alternative à gauche ? Se positionne-t-elle réellement en tant que telle ? 

Gérard Grunberg : Cela dépend de ce que l'on appelle alternative. Si c'est une alternative de politique économique, elle a été très prudente. Elle n'a pas réellement remis en cause la politique du gouvernement et l'aide aux entreprises. Certes, elle en conteste les modalités mais elle ne s'est pas mise en position de proposer une alternative. J'y verrais plutôt une stratégie de positionnement : c'est une façon de se présenter comme une candidate potentielle si François Hollande avait besoin d'un nouveau Premier ministre. Ce qui n'est pas à l'ordre du jour pour le moment. Finalement, elle a été assez modérée. Martine Aubry a repris les critiques de certaines de ses amis, sans pour autant être particulièrement dure vis-à-vis du gouvernement. Ce qui explique la réaction de Manuel Valls, qui lui a demandé quelle était l'alternative.

Sur quels alliés internes au parti pourrait-elle s'appuyer pour y arriver ?

Si un jour elle devait passer un deal avec le président de la République, elle pourrait bénéficier de la majorité gouvernementale et de certains de ses amis qui ont lancé leur fronde contre le gouvernement. Elle pourrait augmenter l'assise parlementaire d'un gouvernement socialiste. 

Sur Europe 1, Martine Aubry a déclaré qu'elle ferait prochainement des propositions en inflexion avec la politique du gouvernement. Quelle forme pourraient prendre ces propositions ?

L'alternative se traduirait davantage par une autre formule politique mais pas par une autre politique économique et ce en raison de nos partenaires européens. Valls et le gouvernement essayent d'obtenir une relance de la part de nos partenaires. Elle le sait bien. Il n'y a pas de véritable alternative de politique économique. Néanmoins, il n'est pas exclu que les choses bougent au niveau européen. Et d'ailleurs, la pression est de plus en plus forte, il n'y a qu'à voir ce qui s'est dit ce week-end entre Manuel Valls et Matteo Renzi. Nous verrons dans les semaines et les mois qui viennent quelles sont les évolutions des aubrystes au parlement. 
Martine Aubry dispose d'une certaine influence sur le centre gauche du parti mais elle n'a pas le pouvoir de récupérer la gauche de la gauche. Par ailleurs, elle a rappelé qu'elle connaissait bien les entreprises et estimé qu'il fallait aider les artisans et les PME. Finalement, elle a eu un discours modéré qui ne se situe pas dans une alternative totale à la politique économique du gouvernement. 

Que représente-t-elle actuellement au sein des sympathisants socialistes ? Quel est son pouvoir de nuisance contre François Hollande ?  

Quand bien même elle aurait un pouvoir de nuisance, elle ne souhaite aujourd'hui pas l'utiliser. Néanmoins, elle dispose d'une bonne cote de popularité auprès des militants et d'une très bonne image à gauche en général. Elle est la seule à la gauche/au centre du parti qui représente vraiment quelque chose. Bien sûr il y a Arnaud Montebourg, mais je ne crois pas qu'il ait fait de bonnes opérations ces derniers temps.
Néanmoins, au moment de la primaire socialiste, les amis de Valls se sont battus contre elle, je ne sais pas si elle peut les rassembler. Quoiqu'il en soit, elle se positionne de manière centrale plutôt que combative. 

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