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Système bancaire européen :
demain le crash ?
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Cassandre

Le Wall Street Journal a publié jeudi un rapport semi-secret de Goldman Sachs évoquant le risque d'effondrement du système bancaire européen confronté à un besoin de recapitalisation qui atteindrait mille milliards d'euros. Christine Lagarde s'est faite critiquer pour avoir tiré la sonnette d'alarme. Et si elle avait raison ?

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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A peine nommé à la tête du FMI, Christine Lagarde est montée au créneau pour affirmer que les banques européennes manquaient de fonds propres : « il est urgent de recapitaliser les banques. Elles doivent être suffisamment solides pour faire face aux risques que représentent les dettes publiques et la faiblesse de la croissance. C’est essentiel pour mettre fin à la contagion. Sinon, la fragilité économique pourrait facilement s’étendre aux pays du cœur de la zone euro, ou pire encore, une crise de liquidité catastrophique pourrait éclater » a-t-elle déclaré vendredi à Jackson Hole lors d'un colloque réunissant les grands banques centrales de la planète.

L’avertissement est clair, « une crise de liquidité catastrophique » signifie des faillites bancaires en chaine, les épargnants qui se précipitent à leur agence et trouvent le rideau de fer baissé, leurs comptes bloqués. Un cataclysme économique sans précédent depuis la crise de 1929.

« Il ne faut pas s’inquiéter » répondent immédiatement des responsables de la Commission européenne ou Christian Noyer, le directeur de la Banque de France, assurant que nos banques sont solides. Qui a raison ? Notre ancienne ministre de l’Économie ! Celle-ci semble trouver à Washington une liberté de parole dont elle n’usait pas à Bercy…

Le FMI précise en effet ses calculs : les banques européennes ont besoin de 200 milliards d’euros. Comment l’institution parvient-elle à ce chiffre ? Tout simplement en comptabilisant les dettes des États de la zone euro à leur valeur de marché, qui subissent pour certaines (Grèce, Irlande, Portugal) de fortes décotes. Les banques doivent donc compenser cette perte de valeur par de nouveaux fonds propres.

Voici le motif d’incompréhension, les autorités européennes refusent d’envisager le défaut partiel ou total d’un pays sur sa dette, ou même une simple décote lors de la revente, convaincues que les plans d’aide stabiliseront les choses. Déjà les stress-tests réalisés en juillet dernier n’avaient pas pris en compte cette possibilité, se contentant d’un vague scénario macroéconomique récessif (baisse du PIB de 0,5%). Personne n’avait accordé foi à ces résultats, mais l’Union européenne persiste dans le déni.

Le FMI nous ramène à la réalité, oui le défaut d’un pays sur sa dette est possible, les marchés l’ont déjà intégré en décotant les titres grecs ou irlandais, et ne pas en tenir compte expose les banques à un sérieux risque de liquidité, avec des faillites à la clé.

Il serait temps, pour les autorités européennes, d’ouvrir les yeux et d’aller dans le sens d’un renforcement des fonds propres des banques. Il en va de la sécurité de notre épargne.

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