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François Hollande.
François Hollande.
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Quand le ridicule tue

A trop critiquer François Hollande, nous contribuons à mettre plus bas que terre la fonction de président de la République, ce qui finit par être mauvais pour la croissance et le moral de la France.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Halte au feu, trop c'est trop, nous nous discréditons nous-mêmes ; le pays tout en entier se transforme en une entreprise de démolition et harcèlement du président de la République... que nous connaissions et que nous avons élu !

Même Nicolas Sarkozy n’a pas été aussi critiqué que François Hollande malgré des déchainements médiatiques déjà sans précédents.

On finit par avoir pitié de l'homme qui, quoi qu’il fasse, est ridiculisé, attaqué, critiqué, moqué. C’est à sa personne qu'on s'en prend, plus encore qu'à l'homme politique et nous contribuons à mettre plus bas que terre la fonction de président de la République. Allons-nous nous en remettre ?

Ne pas être photogénique à ce point-là, c’est vrai, c'est rare ! Mais le choix des photos est en soi une prise de position journalistique quand on sait que photoshop fait des miracles et transforme n'importe quelle fille en top model ; ce massacre par l'image est intentionnel. Faire la "Une" des magazines avec des lunettes embuées par la pluie, provoquer les quolibets des réseaux sociaux avec focus sur des pantalons tirebouchonnés, sans parler de la cravate de travers et des kilos en trop est un parti-pris qui finit par être mauvais pour la croissance et le moral de la France.

Attribuer à François Hollande la responsabilité d’une météo aussi déboussolée que lui est peut-être réconfortant, mais on finit par se poser la question insoluble : "parapluie ou pas parapluie ?". Si on l'abrite à une cérémonie de commémoration (quotidienne) on se scandalisera au nom des victimes auxquelles on rend hommage. Si on ne l’abrite pas, il dégouline... à la grande satisfaction des photographes et c'est à celui qui fera la photo la plus pitoyable. La caricature du président de la République transformé en beauf ne peut que déprimer le pays, le cercle vicieux est enclenché.

Mea culpa, j'ai été la première à ricaner, mais le ridicule tue et c'est la France qu'on assassine.

Le bashing est le sport à la mode ; et nous ne sommes pas à une contradiction près : plus on désigne des bouc-émissaires jusqu'au risque de pousser au suicide l'ennemi public numéro un, plus on se plaint simultanément de la fameuse "stigmatisation " qui interdit de critiquer ou même d'évoquer une catégorie précise de population, ne serait-ce que la désigner indigne l’opinion publique. En revanche, huer une personnalité jusqu'en place de grève reste tout aussi excitant.

Alors, certes, nous avons plutôt un mauvais président de la République, c'est un fait admis et c’est à peu près le seul point sur lequel la France est d’accord, mais il n’est pas glorieux d'être le pays qui se délecte de faire de son président le bouc-émissaire de sa propre incapacité à se réformer.

Les Français sont en train de montrer un visage de médiocrité équivalent à celui d'une classe politique qu'ils méprisent. La paille et la poutre ?

Pitié ! La sortie du "bon moment" de son ex compagne a de quoi achever l'homme le plus solide et le plus placide. Retenons-nous de puiser de nouveaux arguments anti-Hollande dans la diatribe d'une femme jalouse ; la littérature et l'Histoire nous montrent à quel point une femme trahie pour se venger est prête à tout ! Allons-nous accorder tant de crédit à des secrets d'alcôve ? Alors, lisez le livre en cachette si vous vous délectez de la vie quotidienne à l’Elysée sur thème de "Grandeur et Décadence dans la salle de bain" mais de grâce, n'y puisons pas des arguments pour flinguer encore plus celui qui tout de même nous gouverne.

Pour tenter de dégager un côté positif, retenons que l'homme a une faculté d'encaisser hors du commun, qu'il a eu le courage (si, si) de nommer Manuel Valls en dépit des cris d'orfraie de sa pseudo majorité ( rappelons que ce dernier n'avait que 5% aux primaires socialistes ), qu'il tente une inflexion de la politique économique catastrophe prisée des socialistes, qu'il s'est tourné vers les entreprises avec quelques messages de sympathie appuyés...

Et puis franchement, le coup du livre à tirage gargantuesque de la maitresse répudiée, sachant qu'en plus ( on n'y a pas encore pensé ), il risque d'être traduit en plusieurs langues, on ne le souhaite pas à son pire ennemi !

On a touché le fond de la piscine, mais il est temps d'arrêter de creuser. L'échafaud médiatique n'a rien de glorieux.

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