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Plan de rigueur, le jour d'après
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Plan Fillon

Après l’annonce par François Fillon d’un plan anti-déficit, qui devrait rapporter 12 milliards d’euros de recettes supplémentaires à l’État d'ici 2012, les réactions fusent. Une "provocation" pour la gauche, un "mal nécessaire" pour d'autres.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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On avait déjà vu  François Fillon plus enjoué. Le premier Ministre arborait une  mine de circonstance (-c'est-à-dire sombre),  pendant sa conférence de presse à Matignon et  plus tard sur le plateau de  TF1. Après avoir posé le  diagnostic, à savoir que «  le seuil de tolérance de l’endettement est désormais dépassé », l’auteur de « la France peut supporter la Vérité », a donc tenté de livrer la sienne, à savoir qu’il faut désormais soigner ce mal qui ronge les pays occidentaux , la dette, les déficits et qu’il faut par conséquent réaliser 12 milliards d’économies d’ici la fin 2012, pour atteindre l’objectif  de 4,6% de déficits publics, sachant que nous serons à 5,7% cette année …

Nous devons être à 3% en 2013 en vertu du Pacte de stabilité européen qui, soit dit en passant a déjà été l’objet de quelques coups de canifs au règlement à cause de la crise . Mais comme la croissance n’est pas ce que les prévisionnistes du gouvernement avaient annoncé et espéré, pour atteindre les 5,7% cette année, il faudra déjà procéder à quelques  ponctions fiscales  toutes affaires cessantes. Et c’est donc dès le début du mois de septembre que le Parlement sera appelé à voter l’augmentation du prix du tabac, de l’alcool, des sodas sucrés (-quid des boissons light ?), de la TVA  pour les parcs à thème, avant l’examen du budget 2012 qui inclura, lui, la fameuse taxe pour les très riches. L’encre que fait couler cette fameuse taxe est inversement proportionnel  à la somme qu’elle va rapporter, mais cet élan de solidarité des très riches est tellement surprenant, tellement inattendu qu’on ne se lasse pas de le commenter ! Ne cherchait-on pas à retenir ces grandes fortunes en France en adoucissant leur feuille d’impôts de crainte qu’elles ne s’exilent en Belgique ou en Grande-Bretagne ?

Haro sur les niches fiscales

François Fillon ne s’est pas attardé sur ce «beau geste» .Il savait bien que les réactions à son ordonnance n’allaient pas tarder et hormis la direction de l’UMP au garde à vous, il n’a guère recueilli de satisfecit. Le porte-parole du PS a immédiatement repris le Premier Ministre à la volée pour lui renvoyer que « le seuil de tolérance des Français à la provocation et au cynisme est franchi ». Par delà les formules , la Gauche s’en prend au gouvernement qui  pénalise les classes moyennes alors qu’elle veut faire payer davantage  les plus riches et les sociétés qui font des bénéfices , tout en préservant la croissance. Les recettes  varient selon l’écurie présidentielle (-de la primaire du PS ).François Hollande hier, Martine Aubry aujourd’hui ,réunissent  des experts  pour affiner leurs propositions car eux aussi vont devoir infléchir les propositions initiales du PS, en raison  de l’aggravation de la crise. En fait c’est surtout  la question des niches fiscales qui sont au cœur  des débats. Elles sont depuis longtemps la bête noire de la Gauche et d’une partie des centristes. Le futur candidat Jean-Louis Borloo, regrette  d’ailleurs  que le gouvernement ne touche pas à la «niche Copé», cette fameuse « suppression de l’exonération des plus-values de cession de participation des holdings » : elle coûte autour de dix milliards d’euros au Trésor, et il promet de mettre le sujet sur le table au cours de la discussion budgétaire .Il ne sera pas le seul !!!

Mais qui se souvient qu’il  y a deux ans, en 2009  un rapport de la Cour des Comptes avait évalué à 75 milliards le coût de ces niches fiscales ? A la même époque le  rapporteur  général du Budget à l’Assemblée, Gilles Carrez et le président de la commission des Affaires Économiques Pierre Méhaignerie avaient signé une tribune qui fit grand bruit, dans laquelle ils réclamaient eux aussi un aménagement de ces fameuses niches. Ils avaient alors été priés de remiser leur proposition en échange de la promesse d’une grande réforme fiscale qui n’a pas vu le jour. 

On l’aura compris : il existe encore  du grain à moudre  et quand il faut trouver  vingt milliards, un plan de  12 milliards d’économies est insuffisant.  Le véritable dilemme, c’est que la rigueur freine la croissance, et l’absence de rigueur également. La quadrature du cercle, mais pour l’heure la priorité est au tour de vis pour réduire la dette à cause de la pression des marchés. Et cette pression se prolongera au-delà de la présidentielle ; simplement, elle différemment, mais sans succès garanti, en fonction de  la couleur politique de celui ou celle qui l’emportera en mai prochain.

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