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Quelle voie pour la voix DSK ?
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EDITORIAL

L'ancien directeur du FMI est ressorti libre du tribunal. S'il a hâte de rentrer en France, il sera malgré tout tenu de se rendre à son procès civil. De son côté, le PS est partagé sur son rôle à jouer dans la campagne.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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«J’ai hâtede rentrer dans mon pays ». En prenant pour la première fois la parole en public depuis sa rocambolesque arrestation, la voix quelque peu brisée et le visage marqué, c’est l’ex-favori des sondages pour la présidentielle qui s’exprimait et venait se rappeler au bon souvenir de ses amis et des Français en général.

Si la France est notre bien commun, notre pays à tous, ceux qui rêvent de la diriger semblent éprouver un sentiment de possession encore plus marqué et l’espace d’un instant DSK s’y est peut-être revu. Il venait d’entendre l’adjointe du procureur de New York déclarer à propos de son accusatrice : "Si nous ne pouvons pas la croire au-delà d'un doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire". Dans le rapport du Procureur, il n’est question que de doutes, et on se demande pourquoi le doute n’a pas existé dès le 15 mai ! Cela aurait peut être évité ce « gâchis » dont parlent ses amis mais aussi certains de ses adversaires politiques, comme Gérard Longuet.

Car la réalité est tout autre et aujourd’hui les choses sont ce qu’elles sont ; le mystère de la suite 2806 demeure. L’ex-patron du FMI est sorti de cette « épreuve terrible et injuste », mais plus question de «rêve» pour lui. Ce qu’il veut, c’est rentrer à la maison, même si retour ne sera pas forcément synonyme de tranquillité absolue. Pour l’heure les avocats de son accusatrice ne le lâchent pas et ils cherchent à transporter l’affaire Diallo de ce coté-ci de l’Atlantique. L’associé de Me Thomson, Douglas Wigdor était mardi à Paris pour déposer plainte. Ultime gesticulation ou manière de maintenir la pression sur DSK dont les avocats affirment qu’il ne versera pas d’argent à Nafissatou Diallo qui a porté plainte au civil ? De toutes façons la justice française est déjà saisie de l’affaire Banon et DSK va sans doute être entendu par la Justice dans ce cadre. Autant dire que l’avenir de Dominique Strauss-Kahn est tout en questions.

Vers un retour à la vie politique ?

Que va-t-il faire lorsqu’il sera de retour en France ? S’exprimer et s’expliquer, il a dit. Et après ? D’abord se «reconstruire», lui suggèrent certains.Derrière ce terme vague on trouve de la sincérité, mais parfois aussi le secret souhait que la période de ce repos soit suffisamment longue pour ne pas venir perturber les primaires qui se mettent laborieusement en place. Difficile en effet de trouver les mots justes, entre l’enthousiasme de ses plus proches, dont le parisien Jean-Marie Le Guen et l’indignation de la communiste Marie-George Buffet qui parle de « mauvaise nouvelle pour les femmes».

Dépassant les réactions sentimentales, d’autres espèrent que DSK (dont le bilan à la tête du FMI est unanimement salué), apportera très vite ses avis éclairés au débat sur la crise de la dette, et que ces avis illumineront ainsi la campagne du PS. C’est ce que l’on décèle chez son ancien lieutenant Pierre Moscovici qui déclare que « oui, le moment venu, il peut faire entendre une voix utile à la gauche et au pays ».

Cette voix, ils en auraient besoin car ils sont en manque d’idées phares et de propositions originales pour remédier à la crise. Ils réclament depuis des mois la suppression des niches fiscales et l’abandon de la défiscalisation des heures supplémentaires. Sur ce point ils vont être exaucés et ils auront alors beau jeu de parler de reniement du gouvernement. Pas de quoi galvaniser l’opinion. Les Socialistes sont quasi unanimes pour refuser de voter la Règle d’Or, mais entre le refus catégorique de la grande majorité et celui plus nuancé de Manuel Valls, il y a toute la difficulté de se différencier pour ne pas apparaître divisés. Équation quasi impossible en cette période de primaires et à la veille de l’Université d’été de la Rochelle de ce week-end, dont la préparation donne lieu à d’incroyables querelles et discussions en coulisses sur le choix des intervenants dans les différents ateliers thématiques. Et les amis de François Hollande, nouveau favori des sondages accusent la direction par intérim de favoriser la candidate Martine Aubry, aujourd’hui distancée dans les études d’opinion. Imprégné de la culture proportionnelle, le PS renoue avec ses traditions de dosage jusque dans la composition des tables rondes. Voilà qui nous éloigne, pour un temps de l’affaire DSK !

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