Simplification administrative : pourquoi les 1ères pistes évoquées n’augurent malheureusement rien de bon<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Conseil de la simplification pour les entreprises, créé en janvier, a proposé 50 mesures au gouvernement.
Le Conseil de la simplification pour les entreprises, créé en janvier, a proposé 50 mesures au gouvernement.
©Reuters

Technique du contournement

Le Conseil de la simplification pour les entreprises, créé en janvier, a proposé 50 mesures au gouvernement. Si celles-ci ne sont pas à rejeter d'emblée, elles ont tendance à pécher par excès de recherche de consensus. Exit, donc, les problématiques de fond qui pèsent sur la croissance. Entretien avec Dominique Jabouley, membre du collectif "Les dupés".

Dominique Jabouley

Dominique Jabouley

Dominique Jabouley dirige le groupe Jabouley, spécialisé dans le textile. Il est le porte-parole des Dupés (Dirigeants Ulcérés par la Politique Economique et Sociale).

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Atlantico : Le Conseil de la simplification pour les entreprises, créé en janvier, a proposé 50 mesures au gouvernement. Qu'en penser ? Pourquoi ces propositions ne correspondent-elles pas vraiment au choc de simplification annoncé par le gouvernement ?

Dominique Jabouley : Ce sont des mesures utiles mais non prioritaires, par rapport à l'enjeu économique de la France qui est de créer de la croissance et des emplois. Nous, Les Dupés, pensons que la priorité de simplification est la réforme du Code du travail, car il est d'un poids tel qu'il fait peur aux entreprises d'embaucher. Il faut donc s'atteler à cette tâche, qui elle, accompagnée de la baisse du coût du travail, relancera l'activité économique. Par exemple, "simplifier le transfert du siège d'une SARL dans le même département ou dans un département limitrophe" est utile mais ça n'a pas d'impact immédiat sur l'emploi. Autre exemple : "simplifier la fiche de paie" est une mesure très utile, mais n'a pas d'impact immédiat sur la croissance et l'emploi. Autre exemple : "laisser aux entreprises le libre choix de la signalétique de l'information sur la disponibilité des pièces détachées " est utile mais n'a pas d'impact sur la croissance et l'emploi. En somme, il faut faire la différence entre les mesures qui créeront un choc chez les entrepreneurs et les poussera à embaucher, et les déclarer comme prioritaires, et les mesures, certes utiles, qui n'auront pas d'impact sur la croissance et l'emploi, mais qui faciliteront la vie et le quotidien des chefs d'entreprise, et qui doivent venir dans un second temps.

Comment expliquer que ces propositions se soient cantonnées à des mesures ponctuelles qui mises bout à bout ne témoignent d'aucune vision d'ensemble et sur le long terme ?

Je pense qu'il est plus facile de s'attaquer à des mesures qui font consensus, que des mesures qui demanderont beaucoup de courage pour les mettre en œuvre, telles que celles que nous proposons pour reformer le coût du travail. On peut aussi penser que, dans l'esprit des membres du conseil de simplification, il faut lancer des mesures faciles à mettre en œuvre rapidement. Mais c'est une erreur car ils ne s'attaquent pas aux mesures profondes qui seules créeraient un choc chez les entrepreneurs. Donc on repousse, une fois de plus, les vraies solutions.

Ceux qui sont en première ligne de la complexité administrative sont-ils les mieux placés pour y mettre fin ? Connaissent-ils suffisamment les rouages de l'administration pour trouver les solutions les plus efficaces ?

Je pense qu'il n'est pas besoin d'être à l'intérieur pour être efficaces et imaginatif, par contre ce travail doit être mené par des extérieurs de l'administration, avec des fonctionnaires. Ces extérieurs doivent être des chefs d'entreprise qui n'auront pas peur de sortir du style politiquement correct. comme nous les Dupés !

A contrario, les fonctionnaires qui créent et vivent de cette complexité peuvent-ils, à leur échelle, y parvenir ?

Non, car ils ne vivent pas cette complexité. Par contre, nous avons besoin d'eux pour la bonne connaissance des rouages administratifs. En outre, seuls des chefs d'entreprises déshinibés pourront indiquer l'ordre de priorité des mesures de simplification administrative, en vue d'un objectif simple : ces mesures auront elles un impact immédiat sur la croissance et l'emploi ?

Quels profils alors mobiliser pour parvenir à penser cette simplification de façon plus globale et efficace ?

Des chefs d'entreprises du terrain, de toutes tailles, qui sont confrontés aux problèmes d'embauche, et donc de droit du travail, ainsi qu'à toutes les complexités fiscales, déclarations statistiques, etc.
Pour lire les 50 premières mesures de simplification pour les entreprises proposées par le Conseil de la simplification pour les entreprises, cliquer ici.

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