Emmanuel Todd, élève brillant... mais dissipé<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Todd.
Emmanuel Todd.
©Chicagoboyz.net

Peut mieux faire

On n’aura pas la prétention de le noter. Car à défaut d’être le premier de la classe, il est hors classe.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Emmanuel Todd est anthropologue. Mais comme il appartient sans doute à la catégorie des hyperactifs il ne peut se contenter d’étudier les sociétés humaines. Il lui faut – sinon il s’ennuierait – être aussi essayiste, pamphlétaire et géopoliticien. Un touche-à-tout. Et à force de toucher à tout…

Dans son abondante production il y a des idées pétillantes que les hommes et les femmes politiques font parfois leurs. En 1995, c’est Jacques Chirac qui s’empara de sa notion de "fracture sociale" pour ratatiner ce gros bourgeois de Balladur. En 2014 c’est Marine Le Pen qui trouve son miel dans sa dénonciation de la nocivité de l’euro. Il va sans dire qu’Emmanuel Todd n’a pas été consulté afin de savoir s’il donnait son aval à cet emprunt.

Dans l’entretien qu’il a accordé à Atlantico Todd dit des choses justes. Il préfère pour s’informer sur l’Ukraine lire le New York Times, le Guardian et le Washington Post plutôt que Le Monde. Comment ne pas y souscrire ? Il reproche à l’Union européenne de n’être rien. Juste une union monétaire sans âme et sans identité. C’est loin d’être faux.

Lire aussi l'interview d'Emmanuel Todd : "le seul pays à même de casser la zone euro et sa logique destructrice, c’est la France"

Mais comme il touche à tout il lui arrive – pourtant ses doigts sont fins – de casser la porcelaine. Il dénonce "la russophobie" européenne en particulier et occidentale en général. La politique impériale (attention, pas "impérialiste", ça c’est réservé aux Américains !) de Poutine inquiète ses voisins proches et lointains. "Russophobie" ? Si l’on n’aime pas David Cameron serait-on qualifié "d’anglophobe" ? Si l’on n’appréciait pas Berlusconi était-on pour autant traité "d’italonophobe" ?

Comme Martin Luther King Emmanuel Todd a fait un rêve qui, l’avoue-t-il à demi-mot, a peu de chances de se réaliser. Celui d’une Europe tripolaire franco-germano-russe, ce qui relève du pur fantasme. Et là, pour le coup, il doit des droits d’auteur au général de Gaulle et à son célèbre "Europe de l’Atlantique à l’Oural". Le grotesque en moins car du temps du Général l’Oural était couvert de goulags…

Et c’est ainsi qu’Emmanuel Todd, grand explorateur rétif aux sentiers battus, s’aventure sur des routes inconnues et vierges. Comme elles sont semées d’embûches il lui arrive souvent de se casser la figure. Mais infatigable il se relève et, tel Sisyphe, continue à rouler son rocher. Ça a du charme. Le charme qu’on se doit d’accorder au professeur Nimbus que je trouve pour ma part très sympathique.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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