Mercedes Erra - Havas Worldwide: "Le business mondial n’est pas encore le monde des femmes" <!-- --> | Atlantico.fr
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Mercedes Erra, président de BETC, participera au Global Summit of Women cette fin de semaine à Paris
Mercedes Erra, président de BETC, participera au Global Summit of Women cette fin de semaine à Paris
©Omega

L'interview Atlantico Business

Le Global Summit of Women débute à Paris ce jeudi. Il réunira de nombreuses personnalités politiques et économiques du monde entier pour débattre des questions de l’égalité homme-femme dans l’action publique et dans l’entreprise. Participante active à ces évènements, Mercedes Erra estime que l'égalité est une valeur de fond sur laquelle les femmes doivent se battre. La fondatrice de l'agence de publicité BETC et présidente exécutive de Havas Worldwide considère que dans le business, les femmes ont davantage de qualités que les hommes pour réussir.

Atlantico Business : Vous participez au Global Summit of Women, et vous êtes également très impliquée dans le Women Forum, pour quelles raisons ?

Mercedes Erra : Le Global Summit of Women est un évènement créé il y a plus de 20 ans par Irène Natividad, une femme incroyable qui a bien compris que c’est un vrai moyen d’expression pour les femmes, car le business mondial n’est pas encore le monde des femmes. Je pense que cet événement est important car nous ne sommes pas assez nombreuses à nous battre pour un enjeu pourtant important : celui de l’égalité. C’est une valeur de fond sur laquelle on doit se battre car il est porteur d’un changement profond de notre société. Il faut bien comprendre qu’historiquement, la domination des femmes par les hommes n’est pas une plaisanterie, c’est ce qui a structuré l’humanité. Pourtant, aujourd’hui, ce sont les femmes sont celles qui travaillent le plus et qui sont le moins payé : 68% du travail mondial est fait par des femmes qui reçoivent seulement 10% de la rémunération.  C’est donc important de faire bouger les choses parce que j’ai la conviction que l’égalité va changer notre société et qu’un monde mixte est un monde meilleur.

Qu’apporte, de différent, une femme dans son approche du business ?

Je crois que les femmes ont quelque chose de plus que les hommes. Dans le business, elles ont moins d'ego, sont plus respectueuses, elles savent que la vie se résume à des décisions qui rendent les choses plus performantes. Je garde en mémoire cette étude du Women Equity qui s’est penché sur les performances économiques des PME et ETI dirigées par des femmes. Ces dernières sont 30% plus performantes que celles dirigées par des hommes.  Une preuve de plus que ce chemin vers l’égalité est essentiel. Cependant je crois qu’il ne faut pas s’énerver et savoir être patient, c’est un combat tellement récent. N’oublions pas qu’il n’y pas si longtemps que cela l’école n’était pas mixte. Quand les femmes avaient leur diplôme, le même que les hommes, on leur expliquait qu’elle devait être secrétaire. C’est l’exemple d’HEC avec sa section jeune fille (HECJF). Quand on a voulu fusionner les deux en 1973, les hommes étaient vent debout. Depuis, les femmes sont 50% dans les business schools.

Vous dirigez BETC depuis plus de 20 ans, en quoi votre management est différent de celui d’un homme ?

Ce qui change, c’est de préférer le pouvoir de faire au pouvoir d’avoir le pouvoir, ça change tout et vous ne dirigez pas de la même façon avec cette philosophie. La recette du succès de BETC c’est la multitude de talents et le respect du talent de l’autre. C’est à cela que l’on doit nos performances formidables et notre place de première agence de publicité française. On vit mieux avec les talents dans l’entreprise. Il y a bien sûr la question de l’autorité, mais là encore, c’est une autorité de compétence : être suivi pour ce que l’on dit et pas parce que l’on fait peur. C’est très féminin tout cela.  Et puis, je veille beaucoup à l’équilibre masculin/féminin dans mon agence et ce, dans les deux sens. Ce qui se ressent chez BETC, c’est que l’on a des femmes à tous les niveaux. Ce n’est pas un monde de femmes dirigé par des hommes mais un monde d’hommes et de femmes dirigé par des hommes et des femmes. On gagne tellement en créativité, en efficacité économique et en ouverture.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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